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15 septembre 2008 1 15 /09 /septembre /2008 20:53

le site académique de la Réunion accorde une petite place au poète qui a donné son nom à mon lycée (sous l'égide duquel je me suis placé si vous préférez) :

http://pedagogie2.ac-reunion.fr/lyvergerp/Culture/Evariste_de_Parny.htm

1750 élèves, 140 profs, 3 BTS

un carillon délicieux sonne les heures

taux de réussite au bac :

L = 94%

ES = 87%

S = 95 %

Sc ing = 90%

SVT = 96 %

52% avec mention

La sélection qui précède l'année de terminale est sans doute plus exigeante à la Réunion qu'en métropole

Mais quand même, quand je lis Evariste, je me dis qu'il est pour quelque chose dans ces résultats (j'ai recopié un de ses poèmes à la fin de ce post)

Evariste PARNY

né le 6 février 1753 à Saint-Paul (île Bourbon).

Vers dix ans, il est envoyé en France, au collège de Rennes; plus tard il hésite entre se faire moine ou la carrière militaire. Il fréquente la Cour, Versailles, où il rencontre Antoine BERTIN (1752-1790), lui aussi originaire de Bourbon, ainsi que Nicolas-Germain LEONARD (né à la Guadeloupe, 1744-1793). Ils forment un groupe de poètes soldats qui se réunissent chez PARNY, l'hiver à Paris, l'été dans la vallée de Feuillancourt. Ils appellent leur société «la Caserne» où la vie intellectuelle se mêle aux autres plaisirs de la vie en société de jeunes officiers.

Un retour à Bourbon à l'âge de vingt ans, une liaison amoureuse (?) avec Esther Lelivre qu'il nomme Eléonore dans sa poésie. En 1778, parution des Poésies Erotiques, rééditées et complétées en 1784 par les Elégies (inspirées par le mariage d'Eléonore).

Le père de PARNY s'oppose à son mariage avec Esther-Eléonore.

Le Lendemain

« Enfin, ma chère Eléonore,

Tu l'as connu ce péché si charmant.

Que tu craignais même en le désirant :

En le goûtant, tu le craignais encore.

Eh bien, dis-moi, qu'a-t-il de si effrayant?

Que laisse-t-il après lui dans ton âme?

Un léger trouble, un tendre souvenir,

L'étonnement de sa nouvelle flamme,

Un doux regret, et surtout un désir »>

(Premier texte des Poésies Erotiques)

 Il retourne à Paris dont il regrette la vie intellectuelle et brillante, comparée à la monotonie de la vie à Bourbon, «[la nature] est toujours la même : un vert triste et sombre vous donne toujours la même sensation. Ces orangers, couverts en même temps de fruits et de fleurs, n'ont pour moi rien d'intéressant, parce que jamais leurs branches dépouillées ne furent blanchies par le frimas» Dans la même lettre à BERTIN (janvier 1775), il exprime aussi sa révolte contre l'esclavage : «Je ne saurais me plaire dans un pays où mes regards ne peuvent tomber que sur le spectacle de la servitude, où le bruit des fouets et des chaînes étourdit mon oreille et retentit dans mon coeur. Je ne vois que des tyrans et des esclaves, je ne vois pas mon semblable. On troque tous les jours un homme contre un cheval : il est impossible que je m'accoutume à une bizarrerie si révoltante.»>

En 1783, nouveau voyage à Bourbon, l'île de France et en Inde. Il aurait composé les Chansons Madécasses pendant son séjour à Pondichéry.

Publication des Chansons Madécasses en 1787.

PARNY est ruiné par la Révolution, il travaille dans divers ministères, fait paraître des oeuvres, La Guerre des Dieux, Le Portefeuille Volé, Les Déguisements de Vénus.> Marié en 1802, Académie Française en 1803.

Donné par l'Anthologie Poétique française, XVIII° siècle, Garnier-Flammarion, peu d'ouvrages le citent comme membre de l'Acad. Fr., parfois on le donne simplement comme membre de l'Institut de France, fondé en 1795, regroupant les académies Française, des inscriptions et Belles-lettres (fondée en 1664) des sciences (1666), des beaux-arts (1816) et des sciences morales et politiques (1832)

Pensionné par Napoléon en 1813 (pension supprimée par la Restauration), il meurt le 5 décembre 1814 en ayant connu une notoriété certaine.

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Grâce à ma documentaliste préférée, Agnès, je sais enfin où est enterré Evariste Parny : c'est au père Lachaise. Vous devrez attendre janvier pour avoir la photo de sa tombe.

http://www.appl-lachaise.net/appl/article.php3?id_article=101&var_recherche=parny

Pour vous donner une idée de ce qu'est une chanson madécasse, je vous recopie la chanson n°2 (bien connue)

Belle Nélahé, conduis cet étranger dans la case voisine. Etends une natte sur la terre, et qu'un lit de feuilles s'élève sur cette natte; laisse tomber ensuite la pagne qui entoure tes jeunes attraits. Si tu vois dans ses yeux un amoureux désir; si sa main cherche la tienne, et t'attire doucement vers lui; s'il te dit : Viens, belle Nélahé, passons la nuit ensemble; alors assieds-toi sur ses genoux. Que sa nuit soit heureuse, que la tienne soit charmante; et ne reviens qu'au moment où le jour renaissant te permettra de lire dans ses yeux tout le plaisir qu'il aura goûté.

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Je recopie sa lettre à Bertin envoyée de l'île Bourbon en janvier 1775, où l'on voit ses positions anti-esclavagistes :

"L’enfance de cette colonie a été semblable à l’âge d’or : d’excellentes tortues couvraient la surface de l’île ; le gibier venait de lui-même s’offrir au fusil ; la bonne foi tenait lieu de code. Le commerce des Européens a tout gâté : le Créole s’est dénaturé insensiblement ; il a substitué à ses mœurs simples et vertueuses, des mœurs polies et corrompues ; l’intérêt a désuni les familles ; la chicane est devenu nécessaire ; le chabouc a déchiré le nègre infortuné ; l’avidité a produit la fourberie ; et nous en sommes maintenant au siècle d’airain.

Je te sais bon gré, mon ami, de ne pas oublier les nègres dans les instructions que tu me demandes; ils sont hommes, ils sont malheureux; c'est avoir bien des droits sur une âme sensible. Non, je ne saurais me plaire dans un pays où mes regards ne peuvent tomber que sur le spectacle de la servitude, où le bruit des fouets et des chaînes étourdit mon oreille et retentit dans mon coeur. Je ne vois que des tyrans et des esclaves et je ne vois pas mon semblable. On troque tous les jours un homme contre un cheval : il est impossible que je m'accoutume à une bizarrerie si révoltante. Il faut avouer que les nègres sont moins maltraités ici que dans nos autres colonies; ils sont vêtus; leur nourriture est saine et assez abondante: mais ils ont la pioche à la main depuis quatre heures du matin jusqu'au coucher du soleil; mais leur maître en revenant d'examiner leur ouvrage répète tous les soirs: "Ces gueux-là ne travaillent point". Mais ils sont esclaves mon ami; cette idée doit bien empoisonner le maïs qu'ils dévorent et qu'ils détrempent de leur sueur. Leur patrie est à deux cents lieues d'ici ; ils s'imaginent cependant entendre le chant des coqs et reconnaître la fumée des pipes de leurs camarades. Ils s'échappent quelquefois au nombre de douze ou quinze, enlèvent une pirogue et s'abandonnent sur les flots. Ils y laissent presque toujours la vie; et c'est peu de chose lorsqu'on a perdu la liberté. Quelques-uns cependant ont eu le bonheur de gagner Madagascar ; mais leurs compatriotes les ont tous massacrés, disant qu’ils revenaient d’avec les blancs, et qu’ils avaient trop d’esprit. Malheureux ! ce sont plutôt ces mêmes blancs qu’il faut repousser de vos paisibles rivages. Mais il n’est plus temps ; vous avez déjà pris nos vices avec nos piastres. Ces misérables vendent leurs enfants pour un fusil ou quelques bouteilles d’eau de vie."

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