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19 septembre 2008 5 19 /09 /septembre /2008 18:50

Je suis rentré du lycée dans un brouillard à couper au couteau qui m'a rappelé que c'est encore l'hiver (le printemps n'est que dans 3 jours).

Une bonne biographie de Baudelaire nous apprend qu'il est né à Paris le 9 avril 1821, qu'après le décès de son père, chef de bureau au Sénat, en février 1827, sa mère, Caroline Archenbaut-Dufays, se remarie l’année suivante avec le commandant Aupick. Charles en est très affecté. Une mutuelle incompréhension commence. Le voilà dans un collège de Lyon, puis à Paris à Louis-le-Grand, et il décroche son bac en août 1839. Baudelaire mène ensuite une vie de dandy au Quartier latin. Son beau-père, maintenant général à l’État-Major, se scandalise en apprenant la liaison qu’entretient le jeune homme avec une prostituée juive, Sarah dite " la Louchette ". Après la réunion d’un conseil de famille, il décide de l’embarquer sur un navire en partance pour les Indes et Calcutta. Quittant les quais de Bordeaux, le 9 juin 1841, le Paquebot-des-Mers-du-Sud arrive à l'île Bourbon en septembre et « le fils adoptif du commandant Aupick », comme dirait Pérec, décide d’arrêter là son voyage. Il sera de retour à Paris au mois de février 1842. La légende dit qu'il ne serait même pas descendu du bateau. C'est n'importe quoi. Déjà, pour rentrer en France sur l'Alcide, il a bien fallu qu'il quitte Le paquebot des mers du sud. Surtout, pour écrire le poème ci-dessous, il faut bien qu'il ait connu les douceurs bourbonnaises. Initié d'abord par trois semaines à l'île Maurice (l'île de Paul et Virginie et du saint-géran), c'est donc à La Réunion, à 20 ans, qu'il a continué de goûter les charmes sucrés de quelques accortes beautés créoles et il a bien eu raison. Jeanne Duval n'a donc pas été la première.

Les mauvaises langues prétendent que Charles, sous l'empire du zamal, se serait montré tout nu rue Royale (l'actuelle rue de Paris) à Saint-Denis. Soyons clairs : c'est impossible. Comment Charles aurait-il pu faire une chose pareille ?! ;-))

Une de mes élèves de 1ère a pour login, dans son adresse mail, « la_malbaraise ». En plus d'être gracieuse, elle porte fièrement un point rouge au milieu du front.

Plutôt que « L'Albatros » que vous connaissez tous, je vous recopie donc « A une malbaraise » qui n'a pas pris une ride si je puis dire. Merci à Philippe de m'avoir rappelé l'existence de ce très beau poème. Comme il y est question de tamarins, c'est du tamarin que je vous parlerai demain. Si du moins j'arrive à me rendre au marché de Saint-Pierre demain matin pour prendre des photos, ce qui n'est pas une mince affaire avec la fête de la Salette actuellement.

A une Malbaraise.

Tes pieds sont aussi fins que tes mains, et ta hanche

Est large à faire envie à la plus belle blanche ;

A l'artiste pensif ton corps est doux et cher ;

Tes grands yeux de velours sont plus noirs que ta chair.

 

Aux pays chauds et bleus où ton Dieu t'a fait naître,

Ta tâche est d'allumer la pipe de ton maître,

De pourvoir les flacons d'eaux fraîches et d'odeurs,

De chasser loin du lit les moustiques rôdeurs,

 

Et, dès que le matin fait chanter les platanes,

D'acheter au bazar ananas et bana

Tout le jour, où tu veux, tu mènes tes pieds nus

Et fredonnes tout bas de vieux airs inconnus ;

 

Et quand descend le soir au manteau d'écarlate,

Tu poses doucement ton corps sur une natte,

Où tes rêves flottants sont pleins de colibris,

Et toujours, comme toi, gracieux et fleuris.

 

Pourquoi, l'heureuse enfant, veux-tu voir notre France,

Ce pays trop peuplé que fauche la souffrance,

Et, confiant ta vie aux bras forts des marins,

Faire de grands adieux à tes chers tamarins ?

 

Toi, vêtue à moitié de mousselines frêles,

Frissonnante là-bas sous la neige et les grêles,

Comme tu pleurerais tes loisirs doux et francs,

Si le corset brutal emprisonnant tes flancs,

 

Il te fallait glaner ton souper dans nos fanges

Et vendre le parfum de tes charmes étranges,

L'œil pensif, et suivant, dans nos sales brouillards, 

Des cocotiers absents les fantômes épars  

Charles Baudelaire.


 

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commentaires

E
De même que le Clézio a toujours entendu le bruit de la mer, moi (comme toi) j’ai toujours aimé les filaos, même avant de les connaître.<br /> Ce qui suit n’engage que moi et je n’oblige personne à partager mon avis :<br /> Il s’agit des moules à gaufre des Banville, Dierx, Leconte de Lisle et consorts, là, vraiment, j’ai beau déglutir, je ne peux pas. J’allergise. Je craque. Je prends ma respiration, je fais appel à ma conscience historique mais : Blurp !<br /> Question célébration de végétaux je préfère encore le Platane de Valéry, blanc comme un jeune Scythe, malgré son érudition pesante et même le banian de Claudel, lourd aussi de toutes ses lianes et racines mais en prose, c’est déjà ça de gagné. <br /> Assez de vers sur les vercilles.<br /> Outrecuidante, sans nul doute, j’assume et propose à la publication mon propre éloge du filao. Un brin pongien, j’avoue, et même spontex, pas trop spongieux, j’espère. Que voulez-vous quand on est papouhète, on a besoin de modèle. Le voici.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Filao (à l’Hermitage) <br /> <br /> Par la grâce du lagon le filao file de ses aiguilles fines une ombre discrète, voire indécise parfois même infidèle – aiguilles ? Rien ne pique rien n’agresse rien ne se coud à son contact. A peine la rugosité des fruits effraie-telle les pieds nus des naïades. Non sans tendresse il abrite les déjeuneurs en sieste ferme les yeux quand à ses pieds ils laissent canettes et fillettes packs et polystyrène. Au bruissement ténu de ses branches se lie la roucoule des tourterelles enluminées de bleu. Légères elles foulent son tapis puis font l’amour à trois sur une branche. Depuis longtemps l’océan de ses vagues lestées de corail mort lui lèche méchamment les jambes l’arrache au sable exhibe ses racines. S’offrent alors à l’œil griffon gris torse licorne pieuvre ou phénix : de son corps défendant voici l’artiste filao à l’œuvre figurative. Plein soleil vent de mer écoutez son murmure complice quand à ses racines tendues désinvolte la vacancière accroche son paréo et fait sècher son string.
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J
Oh ! merci ! je ne connaissais pas ce poème, magnifique, bien sûr, comme toujours ! à propos de ce cher Charles, écoute ça : http://entouteslettres-jb.blogspot.com/2008/02/cher-charles.html
Répondre
J
<br /> merci josiane ; tes blogs sont pour moi des modèles à suivre. Je me suis lancé seul il y a 3 semaines et pour l'instant, je me contente de tester la technique et ... de donner des nouvelles aux<br /> amis et à la famille en choisissant la facilité. Mais bien sûr je songe depuis le début à un blog comme outil pédagogique avec les élèves. ça viendra... mais pour l'instant mon lycée a déjà du mal<br /> à me donner un vidéoprojecteur pour 1h (en amenant mon ordi) et ce que je dépose dans l'intranet est inaccessible aux élèves. Alors un blog... Mais ça viendra, j'y crois. J'ai pris la photo au<br /> Montparnasse en janvier 2007 (il gelait) et il y avait aussi des tas de lettres et du rouge à lèvres. A bientôt JC<br /> <br /> <br />