9 octobre 2008
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Accalmie dans la correction de copies (encore levé à 4h ce matin pour elles avant de partir à 6h15 faire cours), j'en profite pour évoquer l'escapade à Cilaos mardi-mercredi. Eblouissement.
L'émotion devant ce cadre grandiose, une beauté inimaginable à couper le souffle. Désolé de susciter de nouvelles jalousies. A vrai dire, il s'agissait de préparatifs pour y mieux revenir dans 8-10
jours, comme on va le voir. Capitale mondiale de la lentille et de la broderie, Cilaos est aussi un adorable village, situé à 1200 mètres d'altitude env, et auquel on accède par une route de 426
virages (dit-on) sur 31 kms depuis Saint-Louis. J'en ai bien autant chaque jour sur un aller-retour mais il est vrai que pour Cilaos, les dénivellés sont beaucoup plus marqués et qu'à une dizaine
de reprises, il y a circulation alternée, un seul véhicule à la fois. Compter une heure et demie.
L'ombre des montagnes n'est pas d'un tel bleu en Europe. Il y a quelques bons hôtels, mais j'ai choisi le gîte d'étape Clair de lune et j'ai eu raison, merci Philippe. Moins cher et bien plus sympa puisque s'y croisent ceux qui viennent faire de la rando (cascade bras rouge, îlet à cordes), l'ascension du piton des neiges, du canyoning, du VTT, de l'ULM etc. Le patron, Alex, est adorable : Tipunch offert, linge de toilette fourni, 15€ /nuit en dortoir ou 30€ pour une chambre indiv, petit-dej compris. Merci également à Magali, Josué, Pamela et Guillaume pour leurs tuyaux. J'espère que le canyoning s'est bien passé.
Après avoir frôlé les précipices, franchi plusieurs tunnels, admiré les pitons, mornes, corniches, parois vertigineuses, islets, cascades, on n'est plus très étonné que Leconte de Lisle ait écrit « Le sommeil du condor » et on arrive au creux d'un cirque, entouré du Grand Bénare (2898m), du col du Taïbit 2081m (pour aller à Mafate), du Bonnet de prêtre et du Piton des neiges 3071m (qui a été enneigé à deux reprises depuis 2002). Raconter Cilaos est trop long mais il faut bien commencer.
Je suis d'abord allé à la maison de la broderie. Après quelques paysages, vous aurez donc droit à quelques napperons et leurs brodeuses. Il y a quelque chose de fascinant dans le fait de réunir dans le même lieu un travail aussi fin, ténu, patient, raffiné, un travail de Parques, et des verticales sauvages de 1500 mètres de roche volcanique visibles par la fenêtre. J'ai acheté et posté à Mamie quelques uns de ces napperons tous uniques, tous imprégnés de l'air pur de ce cirque où les touristes viennent peu. L'accueil de Mme Técher est chaleureux et sa broderie noue, tisse, métisse et croise les fils de nos vies.
Fuite sous les cryptomerias (cèdres du Japon) à 1500 mètres, à la Roche merveilleuse. Quelle sérénité sous ces arbres qui peuvent atteindre 70 mètres de haut et 4 mètres de diamètre ! J'ai acheté un litre de miel de cryptomeria : les abeilles de la Réunion ne sont pas encore en déclin.
Ensuite : détente relaxation aux Thermes. Ah, le hammam de Cordoba est loin. A Cilaos, on est dans une station thermale appréciée des curistes : eau minérale, aéromassage, fauteuil shiatsu, bertholaix, sauna, enveloppement d'algues. J'ai eu droit à un hydromassage aux huiles, une douche au jet, un massage des jambes et du dos (romarin, thym), un variotrainer.
Le soir dîner à l'auberge du Hameau avec ses divines lentilles (triées à la main comme je voyais faire ma mère dans les années 1950).
Le lendemain, visite du Farfar listoir Domoun Léo : musée du peuplement des Hauts. En dépit du budget étriqué de ce musée, une émotion étreint le visteur à l'idée de ce qu'ont enduré les réunionnais des Hauts, depuis la ségrégation de la Compagnie des Indes au XVIIè (les noirs auraient vocation à être esclaves, sisi) jusqu'à l'engagisme et le colonat. Je reviendrai sur l'histoire de l'esclavage à la Réunion une autre fois, mais ces quelques reconstitutions de lieux suffisent à comprendre à quel point l'histoire officielle a occulté la vérité du clivage colons du littoral / créoles des Hauts. Le livre d'or permet de mesurer à quel point la bêtise humaine peut atteindre des profondeurs abyssales. On y lit par exemple « Prix exorbitant » (5€ : je n'ai jamais trouvé musée moins cher); « ce musée est la honte de la Réunion, supprimez-le ». Que répondre d'autre que ce qu'écrivait Victor Schoelcher : « La violence commise envers le membre le plus infime de l'espèce humaine affecte l'humanité toute entière ; chacun doit s'intéresser à l'innocent opprimé, sous peine d'être victime à son tour, quand viendra un plus fort que lui pour l'asservir. La liberté d'un homme est une parcelle de la liberté universelle, vous ne pouvez toucher à l'une sans compromettre l'autre tout à la fois » ?
Ironie du sort : pendant la deuxième guerre mondiale, les colons du littoral souffraient de l'absence de ravitaillement, alors que dans les Hauts, les créoles (marrons et descendants d'esclaves) avaient développé depuis 3 siècles des techniques leur assurant l'autonomie alimentaire.
J'espère retourner vite à Cilaos : canyoning, rando ou ascension du Piton des neiges si le coeur tient le coup : une affaire à suivre. Je ferai appel à http://www.cilaosaventure.com
L'ombre des montagnes n'est pas d'un tel bleu en Europe. Il y a quelques bons hôtels, mais j'ai choisi le gîte d'étape Clair de lune et j'ai eu raison, merci Philippe. Moins cher et bien plus sympa puisque s'y croisent ceux qui viennent faire de la rando (cascade bras rouge, îlet à cordes), l'ascension du piton des neiges, du canyoning, du VTT, de l'ULM etc. Le patron, Alex, est adorable : Tipunch offert, linge de toilette fourni, 15€ /nuit en dortoir ou 30€ pour une chambre indiv, petit-dej compris. Merci également à Magali, Josué, Pamela et Guillaume pour leurs tuyaux. J'espère que le canyoning s'est bien passé.
Après avoir frôlé les précipices, franchi plusieurs tunnels, admiré les pitons, mornes, corniches, parois vertigineuses, islets, cascades, on n'est plus très étonné que Leconte de Lisle ait écrit « Le sommeil du condor » et on arrive au creux d'un cirque, entouré du Grand Bénare (2898m), du col du Taïbit 2081m (pour aller à Mafate), du Bonnet de prêtre et du Piton des neiges 3071m (qui a été enneigé à deux reprises depuis 2002). Raconter Cilaos est trop long mais il faut bien commencer.
Je suis d'abord allé à la maison de la broderie. Après quelques paysages, vous aurez donc droit à quelques napperons et leurs brodeuses. Il y a quelque chose de fascinant dans le fait de réunir dans le même lieu un travail aussi fin, ténu, patient, raffiné, un travail de Parques, et des verticales sauvages de 1500 mètres de roche volcanique visibles par la fenêtre. J'ai acheté et posté à Mamie quelques uns de ces napperons tous uniques, tous imprégnés de l'air pur de ce cirque où les touristes viennent peu. L'accueil de Mme Técher est chaleureux et sa broderie noue, tisse, métisse et croise les fils de nos vies.
Fuite sous les cryptomerias (cèdres du Japon) à 1500 mètres, à la Roche merveilleuse. Quelle sérénité sous ces arbres qui peuvent atteindre 70 mètres de haut et 4 mètres de diamètre ! J'ai acheté un litre de miel de cryptomeria : les abeilles de la Réunion ne sont pas encore en déclin.
Ensuite : détente relaxation aux Thermes. Ah, le hammam de Cordoba est loin. A Cilaos, on est dans une station thermale appréciée des curistes : eau minérale, aéromassage, fauteuil shiatsu, bertholaix, sauna, enveloppement d'algues. J'ai eu droit à un hydromassage aux huiles, une douche au jet, un massage des jambes et du dos (romarin, thym), un variotrainer.
Le soir dîner à l'auberge du Hameau avec ses divines lentilles (triées à la main comme je voyais faire ma mère dans les années 1950).
Le lendemain, visite du Farfar listoir Domoun Léo : musée du peuplement des Hauts. En dépit du budget étriqué de ce musée, une émotion étreint le visteur à l'idée de ce qu'ont enduré les réunionnais des Hauts, depuis la ségrégation de la Compagnie des Indes au XVIIè (les noirs auraient vocation à être esclaves, sisi) jusqu'à l'engagisme et le colonat. Je reviendrai sur l'histoire de l'esclavage à la Réunion une autre fois, mais ces quelques reconstitutions de lieux suffisent à comprendre à quel point l'histoire officielle a occulté la vérité du clivage colons du littoral / créoles des Hauts. Le livre d'or permet de mesurer à quel point la bêtise humaine peut atteindre des profondeurs abyssales. On y lit par exemple « Prix exorbitant » (5€ : je n'ai jamais trouvé musée moins cher); « ce musée est la honte de la Réunion, supprimez-le ». Que répondre d'autre que ce qu'écrivait Victor Schoelcher : « La violence commise envers le membre le plus infime de l'espèce humaine affecte l'humanité toute entière ; chacun doit s'intéresser à l'innocent opprimé, sous peine d'être victime à son tour, quand viendra un plus fort que lui pour l'asservir. La liberté d'un homme est une parcelle de la liberté universelle, vous ne pouvez toucher à l'une sans compromettre l'autre tout à la fois » ?
Ironie du sort : pendant la deuxième guerre mondiale, les colons du littoral souffraient de l'absence de ravitaillement, alors que dans les Hauts, les créoles (marrons et descendants d'esclaves) avaient développé depuis 3 siècles des techniques leur assurant l'autonomie alimentaire.
J'espère retourner vite à Cilaos : canyoning, rando ou ascension du Piton des neiges si le coeur tient le coup : une affaire à suivre. Je ferai appel à http://www.cilaosaventure.com