Rendre visite au volcan, même s'il n'est pas en éruption, c'est tout à la fois quitter la Terre, aller sur la lune, descendre dans l'Hadès, parler avec un géant. Raconter une rando dans l'enclos du Piton de la fournaise est donc impossible. Tout au plus, toi Esbjörn Swansson saurais, avec ton trio, retrouver les grondements, les frôlements, les silences inquiétants, les chuintements, les explosions qui ont accompagné ces labours inhumains lorsqu'ils étaient encore brûlants et mouvants sous la charrue tellurique. Mais tu as préféré, en juin dernier, les chants de la petite sirène de Kobenhavn.
Comme le mieux, c'est que vous veniez vous-mêmes un jour dans la caldeira pour vous faire votre propre idée, je vais essayer d'avancer la date de votre voyage en émiettant des bribes de mon expérience d'hier et avant-hier.
Il faut se protéger du soleil le plus possible, à 2450 mètres (altitude du Kapor), les UV sont redoutables sous les Tropiques : chapeau, manches longues, lunettes de soleil et surtout crème solaire. Même beurré en clown blanc avec de la 60, le visage me cuit encore le lendemain. Emporter aussi un K-way : il tombe 16 à 18 mètres de pluie par an ici (0,65m à Paris). Ne pas oublier d'emporter 1 à 2 litres d'eau. Enfin, il faut de vraies chaussures de rando. Si vous emmenez votre bonchien, il reviendra avec les papattes en sang car la roche volcanique est abrasive.
Il n'est pas recommandé de partir seul la première fois car on peut se perdre dans les 10 kilomètres de diamètre de la caldeira malgré les nombreuses balises. Christine, ma collègue de Trois-bassins m'accompagnait dans ce lieu prométhéen.
A moins d'habiter Bourg-Murat, il n'est pas possible de faire une rando en une journée, les temps de trajets sont trop longs. Mieux vaut donc réserver à l'avance au gîte du volcan. Construit en 1932 au pas de Bellecombe, ce gîte est devenu un incontournable, peut-être parce qu'on ne peut entrer dans le volcan, que par ce pas.
Avant-hier, ce fut d'abord l'éblouissement de la plaine des sables lors du franchissement du Rempart des Basaltes (2412m). Vaste étendue de lapili rouges, ocres ou noirs crachés il y a un millénaire, elle ressemble à la fois aux images envoyés par les cosmonautes depuis la lune et à un décor de western. Presque aucune végétation, un immense espace aride rocailleux et rouge. A notre arrivée au gîte, il n'est pas tard : on monte donc à l'enclos, au Pas lui-même pour mesurer du regard ce qui nous attend le lendemain.
Fin septembre et début octobre, une petite coulée de lave s'est produite au fond du gros cratère central : le Dolomieu. Dans ces conditions, pas question d'autoriser le public à monter au sommet du Dolomieu (voir l'article du 23 septembre de ce blog). C'est seulement depuis quelques jours que l'on peut à nouveau marcher dans la caldera et encore pour 2 destinations en tout et pour tout : le Kapor et le Rivals. Nous sentons que le Kapor, avec une dizaine de kilomètres aller et retour nous suffira pour le lendemain. La brume recompose sans cesse les paysages, c'est du cinéma cosmique.
Comme il faut éviter les nuages qui arrivent l'après-midi, poussés par les alizés, il est nécessaire de se lever tôt. Le dîner est donc servi à 19h. Punch (fort) en apéro et Ronm arrangé en digestif.
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Dans le dortoir, deux dames de Saint-Paul ont amené leur bonchien Playboy. Et les cratères de la lune commencent à dialoguer avec les cratères du piton de la Fournaise.