Danses d'hier
J'entends encore les staccatos
Le prolongement des sons des tam-tams
Des tam-tams du temps jadis
Alors les collines s'enflamment
Dans la nuit sèche
Les pieds des danseurs
Se baignent dans la fine poussière
De latérite
Et leurs pas scandent sauvagement
Un rythme endiablé
J'entends encore les notes rapides
La voix étouffée du « commandeur »
Se modulant dans l'air tiède du soir.
Alors les échines s'arc-boutent
Les unes aux autres
Et les hanches roulent comme des houles
Les ventres des danseuses voluptueuses
Ondulent lascivement...
Et des voix confuses s'interpellent
Impudemment.
Je perçois toujours les staccatos
Les grondements des « grosses caisses »
Par delà les années de mon enfance ...
Je les porte en moi
Comme des stigmates.
Antoine Abel (né en 1934)
Le baptême de sable
O gouttes de pluie
Crépitantes de chaleur invisible
De chaleur trouée
O gouttes pleurées
Ruisselantes
De chaleur vide
Peau de jungle et peau d'amour
Peau de drame
Peau vivante
Tiède charnelle de chaleur que tu contiens
Ouvre-moi le chemin de l'oiseau
Indique-moi la fleur cachée
Le soleil volé
L'étoile violée
Lampe rouge miroitée – dure dans le bois d'ébène qui sillonne le coeur
La clé !
La clé suspendue dans le mur
Du silence qui sépare les êtres ; qui sépare deux flammes
Je cherche
Je cherche le long de tes bras
Et je trouve enfin tes mains
Qui serrent le sable baptisé.
Patrick Mathiot (né en 1960)