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23 décembre 2008 2 23 /12 /décembre /2008 04:34
Le piton des neiges est un volcan éteint très érodé qui était encore actif il y a 10000 ans et qui n'est pas souvent recouvert de neige. La dernière fois, c'était en août 2003 et la neige a tenu un mois. Point culminant de la Réunion et de l'Océan indien (3071m), il fallait bien un jour ou l'autre que je lui rende visite. C'est chose faite. La vérité oblige à dire qu'à côté d'autres randos (Mafate, Dimitile, Belouve), le Piton des neiges est une rando fatigante, cassante, monotone. Le sac à dos est chargé (duvet, gros pull, moufles, change, Kway, repas pour 2 jours, 3 litres d'eau). Mais la balade offre en récompense, une série de panoramas grandioses et inoubliables sur les cirques, la plaine des cafres et même les côtes.

Mais commençons par le début. Samedi matin, de L'Entre-deux à Cilaos, je monte 2 stoppeurs métros venus pour un mois faire des randos. J'apprends qu'ils ont filmé la coulée dans le Dolomieu 3 jours plus tôt : je les préviens que c'est à leurs risques et périls car c'est interdit mais ils le savaient.

Le gîte Clair de lune est complet. Qu'à cela ne tienne, Alex m'autorise à monter ma Quechua sur le gazon sous l'oeil du bonchien Cheyenne. Tsylaosy, en créole, le lieu que l'on ne quitte pas. Cilaos, lieu de cure depuis 1842. Mais la route actuelle, la route aux 400 virages, ne date que de 1930.

Le lendemain matin, ascension en 4h du chemin forestier qui conduit au refuge de la Caverne Dufour (1300 mètres de dénivelé).


pendant la montée


Les tec-tecs gazouillent au milieu des barbes de saint-antoine, des fuschias, des hibiscus, des orchidées, des branles blancs et verts, des tamarins.


un abri à mi-parcours


des marches, des marches, des marches




le refuge de la caverne Dufour



A mon arrivée, j'ai très froid, j'ai les doigts gourds. Conséquence de la fatigue et de la température ambiante (5°?). Mes gourdes sont vides, la chemise trempée ne sèchera pas il faut la mettre dans un plastique.

La caverne Dufour tire son nom du tunnel de lave à côté duquel elle se trouve. L'électricité provient des immenses panneaux photo-voltaïques fixés sur le toit. L'eau, c'est l'eau de pluie : pas de douche. L'eau (froide) est rationnée aux lavabos. Confort spartiate : châlits 3 niveaux. Nicolette et son compagnon accueillent les randonneurs de façon très sympathique. Beaucoup jouent aux cartes. Certains sont des métros venus passer 2 semaines de vacances.

Dîner à 18h : 48 dîneurs/dormeurs venus le plus souvent de Hell-bourg, du gîte de Bélouve ou de la plaine des cafres par le côteau de Kerveguen : le refuge est complet et plusieurs randonneurs montent la tente. Plat unique : saucisses rougail et rhum arrangé goyave.

20h : extinction des feux

2h30 : branle-bas de combat. Personne n'a réussi à dormir dans mon dortoir. Il paraît que c'est l'altitude (2500m) qui fait ça. Les départs s'étalent de 2h30 à3h15. Ce que les guides (le Routard en particulier) nous cachent, c'est que les 600 mètres de dénivelé se font dans un véritable chaos de blocs de basalte, de pierres de toutes les grosseurs, idéales pour se faire une entorse. Sans lampe frontale, impossible de trouver son chemin là-dedans. Au-dessus, la voûte céleste australe est époustouflante. Des constellations et combinaisons d'étoiles jamais vues et surtout d'une pureté qui fait croire qu'elles sont toutes proches. La Croix du sud se repère tout de suite (vers le sud) et le quartier de lune croissant est presque couché sur le dos. Mais non, il faut sans cesse regarder où on met les pieds. Quand j'arrive, à 4h45, j'aperçois une dizaine de randonneurs dans l'obscurité : ils sont montés en 1h30, et à présent, ils sont recroquevillés contre un rocher pour se protéger du vent. La température est glaciale (sans doute 0°). Le soleil est levé (à l'est) depuis 1/4h , mais pour nous, il se fait attendre, il est caché par un nuage, voire par le volcan. Vers le nord-est on aperçoit les lumières de Saint-Benoît, au sud celles de Saint-Louis.

C'est l'attente.









le Taïbit




le gros morne



Et brusquement, Hélios paraît, juste à côté du Dolomieu. Je n'ai le temps de faire que 3 photos. Ensuite, trop de lumière. Moment très fort, religieux : nous sommes le 22 décembre, jour du solstice d'été. Jamais il ne s'était levé aussi tôt depuis un an.



Tout autour, on aperçoit de mieux en mieux le Grand Morne, le Taïbit, le Grand Bénare, îlet à cordes, la fenêtre des Makes. Je suis frigorifié, je décide de descendre.


le sentier


C'est le moment le plus délicat de la rando : je n'ai pas fait 100 mètres que le genou gauche lâche, c'est l'entorse. « Il n'y a pas de blessure plus cruelle que celle du genou » (Jacques le fataliste, Diderot). Pas grave, j'irai prendre mon avion demain en clopinant. Mais je pourrai dire : « ben mi gaign ! ». ;-))


vue sur la plaine des cafres en redescendant vers le refuge


retour vers Cilaos





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commentaires

V
magnifique et époustouflant.
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K
Bravo ! c'est bien décrit, mieux que dans les guides. C'est fou la force qu'ont les fourmis, dirait le ciel, au dessus.
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