Je ne suis pas parvenu à retrouver la tombe de Grâce Vally son épouse. L'enquête continue.
Magnifique et immense jardin à l'abri du tumulte parisien, lieu ombragé (érables, frênes, thuyas, platanes, hêtres, tilleuls, acacias, noyers), paradis des oiseaux, des moumoutes, des lézards, des insectes, lieu de recueillement, immobile, apaisant, Le Père Lachaise n'a rien de funèbre. On sait bien que depuis fort longtemps, sur certaines tombes, la nuit venue, έρος et θάνατος se rejoignent. Morts, approuvez-vous votre épitaphe ?
Pas plus morts que dans les Lagarde et Michard, peut-être plus vivants que jamais puisque leur force d'évocation sera intacte quand nous ne serons plus là, voici donc quelques-uns de mes amis dont l'oeuvre, patiente, nous attend :
Je commencerai par mes saluts de jeudi dernier complétés par 1 ou 2 clichés de décembre 2005, suivis par trois amis très chers du Montparnasse, trois autres du Montmartre, un de Rouen, un de Saint-Malo, un de Lourmarin.
Gravé dans la stèle : "Evariste Parny mort le 5 décembre 1814. [Monument?] élevé par sa malheureuse veuve ses parents et ses amis les plus intimes". J'ignore la signification des 12 étoiles.
"Ce qu'ils appellent mon talent n'est fait que de ma conviction". Proche du mur des Fédérés, la tombe de Jules Vallès est vraiment à sa place.
Pour aller rendre visite à Molière et La Fontaine, on passe devant l'ami Gérard de Nerval dont la fin tragique est impossible à oublier. Je crois que je n'ai jamais vu cette tombe sans un bouquet de fleurs.
"Je voudrais qu’à cet âge - On sortît de la vie ainsi que d’un banquet, - Remerciant son hôte, et qu’on fît son paquet." (La mort et le mourant)
J'aime ces fables : Le curé et le mort, La mort et le bucheron, Le vieillard et les trois jeunes hommes....
Jean-Baptiste Poquelin, nous nous souvenons, c'était la 4è représentation du Malade imaginaire, le 17 février 1673. L'église a choisi de jeter ta dépouille dans la fosse commune.
A 50 mètres, Honoré de Balzac nous attend. En 1835, en faisant enterrer Jean-Joachim Goriot par Rastignac au Père Lachaise, te doutes-tu que tu vas rejoindre ton personnage de Christ de la Paternité quinze ans après ?
Le temps retrouvé, à l'ombre des jeunes filles en fleurs, merci à toi Marcel
Guillaume, qu'es-tu devenu ?
De ta tombe aussi, on peut dire qu'elle ne manque jamais de fleurs
Les quintils viennent de "Colline" (Calligrammes) me semble-t-il
A toi aussi, Colette, l'église catholique a refusé des obsèques religieuses
Début de La naissance du jour :
«Monsieur,
Vous me demandez de venir passer une huitaine de jours chez vous, c'est-à-dire auprès de ma fille que j'adore. Vous qui vivez auprès d'elle, vous savez combien je la vois rarement, combien sa présence m'enchante, et je suis touchée que vous m'invitiez à venir la voir. Pourtant, je n'accepterai pas votre aimable invitation, du moins pas maintenant. Voici pourquoi : mon cactus rose va probablement fleurir. C'est une plante très rare, que l'on m'a donnée, et qui, m'a-t-on dit, ne fleurit que sous nos climats tous les quatre ans. Or, je suis déjà une très vieille femme, et, si je m'absentais pendant que mon cactus rose va fleurir, je suis certaine de ne pas le voir refleurir une autre fois...
Veuillez donc accepter, Monsieur, avec mon remerciement sincère, l'expression de mes sentiments distingués et de mon regret. »
Ce billet, signé « Sidonie Colette, née Landoy », fut écrit par ma mère à l'un de mes maris, le second.
L'année d'après, elle mourait, âgée de soixante-dix-sept ans.
Continuons notre promenade au Montparnasse où a été conduit Guy de Maupassant, coincé sous de la pierre et du métal, lui qui voulait être inhumé en pleine terre.
Marguerite, 12 ans déjà
comme ta petite tombe simple, avec les initiales M.D. donne une leçon d'humilité aux tombeaux monumentaux qui t'entourent
Samuel : il fait encore nuit
"Je serai quand même bientôt tout à fait mort enfin." (Malone meurt)
Continuons par un tour au Montmartre
Quelle drôle d'idée de t'affubler Emile, d'une stèle aussi spectaculaire, toi le romancier qui donne la parole à tant de déshérités et de déclassés
Le Rouge et le Noir, La Chartreuse de Parme, Lucien Leuwen...
Maxime, pourquoi t'as-t-on mis là, si loin de Gustave ?
Gustave, près de tes parents, au cimetière monumental de Rouen : de là, on voit Croisset
A croire que tu as imité Chateaubriand
François-René : de ta tombe on voit ta maison natale et vice-versa
Un grand écrivain français a voulu reposer ici
pour n'entendre que la mer et le vent.
Passant, respecte sa dernière volonté.
Albert, je me souviens de l'accident en Facel-Vega. J'avais 10 ans.
"Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués." Cela ne veut rien dire.