CLICANOO.COM | Publié le 10 janvier 2009
Le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Yves Jégo a dévoilé, hier, la question qui sera posée aux Mahorais lors du référendum du 29 mars. Il a aussi indiqué qu'il était "assez favorable" à une assemblée unique.
"Si vous choisissez de devenir un département, Mayotte deviendra département, un département à 100 %, un département comme tous les autres départements français, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs." Le message passé par Yves Jégo se voulait clair, hier, sur la place publique de Mtsamboro, un village situé dans le nord de l'île. Cette déclaration a été accueillie sous les applaudissements des trois cents personnes venues assister au lancement de la campagne d'information pour la consultation du mois de mars. "L'Etat restera neutre, mais donnera des moyens financiers aux différents partis politiques pour qu'ils fassent leur campagne", a précisé le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer. Quatre pages écrites en arabe feront la synthèse de la feuille de route et seront distribuées dans toutes les boîtes aux lettres, ainsi qu'un autre document, écrit en français, qui reprendra cette feuille de route dans son intégralité. Yves Jégo espère ainsi que le choix qui sera fait le 29 mars prochain sera "appuyé sur la réalité". "Les élus sont dans une très large majorité favorable à cette évolution, il faut maintenant que ce soit le peuple qui s'exprime." La principale annonce de la journée a eu lieu à la Case Rocher, en Petite Terre, lors d'une conférence de presse tenue juste avant son départ. La question qui sera posée aux Mahorais a en effet été choisie, et sera articulée ainsi : "Approuvez-vous la transformation de Mayotte en une collectivité unique appelée département régi par l'article 73 de la Constitution et exerçant les compétences dévolues aux départements et aux régions d'outre-mer ?"
"LE CHOIX QUI A ÉTÉ FAIT IL Y A PLUS DE TRENTE ANS NE PEUT ÊTRE REMIS EN CAUSE"
Le président du conseil général, Ahamed Attoumani Douchina, s'est déclaré "très content" du choix de la question qui est "très simple" et qui, selon le secrétaire d'Etat, appel une double réponse : "Il s'agit de savoir à la fois si les Mahorais approuvent la transformation de Mayotte en département, mais aussi s'ils veulent d'une collectivité unique qui réunisse le département et la région." Quant au mode de scrutin qui serait alors utilisé, "les élus doivent nous dire ce qu'ils souhaitent. Mais je serai assez sensible à une élection dont une partie se ferait dans les cantons et une autre partie sur la proportionnelle". Les élus mahorais ont également obtenu, comme ils le souhaitaient, qu'un débat ait lieu à l'Assemblée nationale et au Sénat. Il devrait se tenir dès le mois de février, mais sera purement informel : "il n'aboutira pas sur un vote" précise M. Douchina, Si, le 29 mars, le "non" venait à l'emporter - "car nous sommes une démocratie et qu'il ne faut jamais présager des choix de la population" - Mayotte resterait une collectivité telle qu'aujourd'hui. "Mayotte resterait une terre française, ça ne remettrait pas une seconde en cause l'appartenance de Mayotte. Le choix qui a été fait il y a plus de trente ans ne peut être remis en cause par qui que ce soit", a-t-il précisé, en allusion à l'Union des Comores qui réclame l'île de Mayotte. "Mais quel que soit votre choix, je reviendrai en avril", a promis M. Jégo à la population de Mtsamboro, avouant être "très heureux et très fier d'être le ministre" susceptible de "voir aboutir un combat historique". "Les deux mois à venir seront primordiaux pour vous", a-t-il signalé. Toutes les personnes inscrites sur les listes électorales de Mayotte pourront prendre part aux votes.
Fabien Dombre, à Mayotte
PAS DE SECOND DÉPUTÉ À MAYOTTE Déception des élus mahorais à l'annonce de la décision des sages du Conseil Constitutionnel, jeudi, remettant en cause certaines modalités du redécoupage électoral prévu par le gouvernement en 2009. Et notamment remettant en cause l'argumentation du député mahorais Aly Abdoulatifou plaidée le 18 novembre 2008 en commission des lois de l'Assemblée nationale selon laquelle un second député sera attribué automatiquement à Mayotte lors de la mise en place de la départementalisation. Juriste de profession, l'élu s'appuyait sur la règle, héritée d'une tradition remontant à la IIIe République, qui instaurait un minimum de deux députés par département, quel que soit le nombre d'habitants. Hélas pour Aly Abdoulatifou et les élus mahorais, le Conseil Constitutionnel vient de censurer cette règle. Il n'y aura donc qu'un seul siège de député à Mayotte lors des élections législatives de 2012.
JEGO "ASSEZ FAVORABLE" À L'ASSEMBLÉE UNIQUE Face aux élus mahorais, Yves Jégo s'est dit, hier, "assez favorable à l'idée une île, une collectivité, une
assemblée" pour l'organisation institutionnelle outre-mer. "C'est un principe simple". Le secrétaire de l'Outre-mer a ajouté qu'il savait que "ça fait débat" et que "la Réunion est contre",
tandis que "la Guyane réfléchit", "la Guadeloupe s'interroge" et que la Martinique est pour. Si les électeurs mahorais disent oui à la départementalisation, Mayotte serait dotée d'une assemblée
unique et non pas de deux assemblées, selon la "feuille de route" arrêtée le 16 décembre par le président Sarkozy et qui va être distribuée avec traduction dans les langues locales. "Je crois que
dans l'air du temps, les Français veulent une simplification du mille-feuilles (administratif), Mayotte peut faire école", a affirmé Yves Jégo, précisant que si les quatre DOM actuels devaient
aussi être dotés d'une assemblée unique à terme, "ça ne peut se faire qu'après consultation des populations". Cette réunion de compétences est "dans l'air du temps. Le comité Balladur travaille
actuellement sur ce dossier. Mayotte sera assez regardée et son cas pourrait faire école", a signalé Yves Jégo qui serait "assez favorable" à une assemblée unique. "On peut inventer la
collectivité du XXIe siècle à Mayotte."
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