Le Café
Louis-Antoine Roussin, Album de La Réunion, 1886, lithographie en couleurs St-Louis MFMCp2 de couverture du catalogue de l'expo
coffea arabica
deborah roubane d'après michel garnier huile sur toile 44 X 55 cm St-Louis MFMC p2 du catalogue et site de la région
Au moment d'écrire ce billet sur la petite expo qui a lieu jusqu'au 30 juin au musée des arts décoratifs de l'Océan Indien à Saint-Louis : « Le café à Bourbon 1708-1946 des origines à la départementalisation », je me rends compte que je connais bien mal la boisson préférée de Balzac et qu'Internet doit inventer le parfum et le goût numériques rapidement.
Café est un de ces mots qui, avec hôtel et taxi, sont utilisés chaque jour dans tous les pays avec ses variantes café con leche, caffè, Kaffee, coffee, koffie, café sketo/glyko etc. Non seulement le mot désigne cette boisson consommée en quantité considérable (deuxième bien de consommation échangé dans le monde, derrière le pétrole et avant le charbon, la viande, le blé et le sucre) mais il désigne aussi un lieu symbole de convivialité.
Les dictionnaires nous apprennent que le mot arabe "qahwa" (قهوة), désignait cette boisson provenant de la province de Kaffa, se transforma en "qahvè" en Turquie puis "caffè" en Italie et en kawa dans l'argot français.
Il était/est interdit de prendre des photos dans l'expo et je crois deviner pourquoi : beaucoup de documents et d'objets sont des prêts provenant de contrées lointaines : Guadeloupe, Brésil, Annam, Tonkin, Nouvelle-Calédonie, Madagascar, Lorient, Nice. Le transport, les assurances, la réalisation des vitrines ont dû coûter déjà très cher pour cette expo gratuite. Il était donc sans doute compliqué de payer des droits de l'image aux prêteurs. Comme j'ai expliqué à l'entrée que pour faire un peu de publicité à cette expo réussie je scannerais 2 ou 3 gravures du catalogue, vous aurez quand même droit à quelques illustrations. Je me rends compte que les journaux locaux n'ont mis eux aussi qu'1 ou 2 photos : que ce soit une incitation pour tous à aller voir l'expo elle-même.
D'ailleurs j'ajouterai quelques photos pendant l'année à l'occasion : caféiers lorsque je serai à Diego-Suarez en mars, objets liés à la culture, à la torréfaction, à la cérémonie du café dans les musées de l'île etc Je pense en particulier au musée de Villèle et au musée des métiers lontan de la plaine des grègues car une grègue, en créole, c'est une cafetière (en breton aussi je crois). Je proposerai l'achat du remarquable catalogue par le CDI de mon lycée.
L'expo est d'une grande diversité : herbiers, huiles, aquarelles, cartes postales anciennes, registres du XVIIIè s., cartes, bornes à parfums, meules, mortiers, pilons, tarares, grilloirs, épices, cafetières, verseuses, moulins, services à café (porcelaine), accessoires pour le sucre
Comment oublier que pendant toute mon enfance, j'ai été réveillé chaque matin par l'odeur du café que ma mère moulait avec un moulin à manivelle ? que ce moulin n'a été remplacé par un engin électrique que depuis peu d'années ? Qu'à 78 ans, elle continuait d'aller en bus acheter son café en grains de l'autre côté de la ville de Tours, à 6 ou 7 kms, chez le torréfacteur « La Cafetière » où mes grands-parents s'approvisionnaient déjà dans les années 40 et 50 ?
Dimanche 1er février, à 14h30, aura lieu une torréfaction à l'ancienne et une dégustation (gratuite) avec du café récolté dans la caféière.
Deux grandes parties dans cette expo :
I/ Aspects botaniques, historiques, agronomiques et paysagers
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le temps des savants
- distinctions entre les différentes appellations : café arabique, moka, péi, Bourbon rond, indigène, marron, sauvage, Leroy, Bourbon pointu
- les herbiers, le travail de Linné, Diderot (il a rédigé l'article Café de l'Encyclopédie), Lamarck, Antoine Galland (le traducteur des 1001 nuits), Jussieu (qui présente son « Histoire du café » à l'Académie des sciences en 1715).
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- Dans la première moitié du XVIIIè, les puissances européennes parviennent à briser le monopole commercial détenu par le Yemen et l'Arabie en se lançant dans la culture du café dans leurs colonies. Pour la France, ce sera l'île Bourbon, malgré la difficulté pour les navires, d'y accoster.
2. le temps des sultans
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de la cueillette des baies sauvages à la culture du caféier
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les routes commerciales du Yemen vers le monde islamisé
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Surate et Moka
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les circuits de distribution de café vers l'Europe
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Marseille et le café du Levant
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Le temps des plantations coloniales
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la compagnie de St-Malo
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plantation des 3ers caféiers à Bourbon
- pratiques et techniques de la culture du café
- préparation des grains en vue de leur commercialisation
4. Le temps des espoirs et des déceptions
- ressourcement yéménite
- lutte contre les animaux et les maladies
- coopération scientifique internationale
II/ De la préparation à la dégustation du breuvage
3. L'outil à moudre
meule à grains, mortier, moulins à café, moulins broyeurs à épices et à céréales, moulins industriels
2. La préparation du café
modes de préparation aux XVII et XVIIIè
usages pharmaceutiques
la décoction ou café à la turque
l'infusion
les boissons exotiques et sucrées
l'eau chaude
la cafetière à filtre incorporé
3. Manières de boire
des ustensiles pour servir le café
gobelet, tasse, coupe
présentation du sucre
les services à café
départ des esclaves pour la récolte du café (1883)
page 53 du catalogue
Après la cueillette ou l'égrappage, le séchage consiste en une série d'opérations compliquées qui se font à la main dans la plupart des pays producteurs. Il faut retirer la partie charnue qui enveloppe les fèves par séchage et ratissage pendant quelques jours. Pour obtenir le café vert, il faut ensuite débarrasser les cerises de café de leur coque. Décortiqués, les grains de café vert sont alors vendus. Arrivés à destination, les grains sont torrefiés (fortement chauffés, on parle aussi de brûlage ou de grillage), ce qui développe leur arôme et leur couleur foncée. Ils sont ensuite moulus. La finesse de la mouture est essentielle à la qualité de la boisson. Plus l'exposition à l'eau brûlante est courte, plus la mouture doit être fine pour libérer rapidement les arômes alors que si le contact avec l'eau est prolongé, la mouture doit rester plus épaisse pour éviter de produire un café trop imprégné, au goût fort et amer.
Récole du café à l'île Bourbon
Jean-Joseph Patu de Rosemont, aquarelle sur papier, vers 1800
page 58 du catalogue
Très torréfié à ses débuts, le café bourbon, amer, se consommait très chaud et sucré. A la grande époque du café (XVIIIè) a succédé la grande époque de la canne à sucre (XIXè). Il était logique qu'après avoir rendu visite au café avant-hier, j'aille au musée du sucre, à Stella Matutina, hier. Aurai-je le temps de vous mettre en ligne un article sur la canne, le sucre et le rhum demain : peut-être mais pas sûr. Disons lundi au plus tard.
séchage au Tampon vers 1830
page 97 du catalogue
Saint-Denis, archives départementales, p95 du catalogue
Retour du travail, le soir, 1848
adolphe potemont, lithographie sur papier bleu
p47 du catalogue
photo publiée dans la revue Témoignages
REVUE DE PRESSE
Saint-Louis Le Domaine de Maison Rouge accueille le "Café à Bourbon"
DANS tout l'Outre-mer français, le domaine de Maison Rouge est le dernier domaine caféier du début du 18ème siècle à avoir gardé l'intégralité des traces au sol de son implantation primitive avec son cortège de bâtiments annexes et celles de ses développements successifs. Il était donc légitime que la salle d'exposition de ce lieu chargé d'histoire accueille la première grande exposition du MADOI, consacrée au café à Bourbon. L'enjeu n'était pas de conter l'histoire économique d'une culture pour laquelle de nombreux auteurs émérites ont déjà abondamment écrit, mais plutôt de s'enquérir de l'histoire agricole de la caféiculture à Bourbon. « Cette exposition retrace l'épopée du café depuis les premières graines venues d'Ethiopie. De la botanique des différentes espèces cultivées à La Réunion et de l'invention de la caféiculture à travers les instruments et outils, tels que la grègue, le moulin, etc... pour le torréfier jusqu'à la dégustation du breuvage. L'art de la table est également présent avec les services de porcelaines de Chine », explique le conservateur du MADOI, Thierry Nicolas Tchakaloff. Ce sont les anciennes écuries du domaine qui accueillent l'exposition.
« Enjeu historique, culturel et touristique »
Notons que la totalité du site de Maison Rouge est protégée au titre des Monuments Historiques. Le MADOI est labellisé Musée de France. L'ensemble des collections, placées sous la tutelle
scientifique de Monsieur Thierry Nicolas Tchakaloff, conservateur habilité par la Direction des Musées de France, comprend un fonds de près de 2.000 numéros (mobiliers, textiles, métaux,
céramiques et objets d'art).
SP
Infos pratiques
Exposition ouverte du 20 décembre 2008 au 30 juin 2009 : Du mardi au vendredi : 9h30 à
12h30 et 14h00 à 17h30, Samedi après midi : 14h00 à 17h30 Le premier dimanche de chaque mois : 14h00 à 17h30
(Fermée 25 décembre et 1er janvier)
Visite de la caféière sur inscription préalable obligatoire. Accessibilité aux personnes à mobilité réduite assurée. Médiateur présent pendant les
heures d'ouverture. Visite scolaire encadrée par un animateur culturel (RDV obligatoire).
vidéo dans laquelle monsieur Tchakaloff, le conservateur, présente l'expo