cette scène se déroule dans l'Est de la Réunion, au tout début du XIXè s, devant un moulin à roue hydraulique ; des esclaves dansent au rythme du Séga, musique et danse traditionnelles proches des danses rituelles afro-malgaches
Ce moulin permettait d'obtenir du jus de canne frais que l'on appelait, une fois fermenté, "vin de canne" ou "fangourin"
lithographie de JB Debret 1834
nombre de condamnations entre 1834 et 1937
un planteur entêté
consignes dans les années 50
Aux Antilles, une part importante des cannes est réservée au rhum agricole (1ère pression, taux d'alcool élevé). A la Réunion, l'essentiel du rhum produit ne vient pas du jus de canne (le vesou), mais de la mélasse, il est "traditionnel". Le vesou, avant d'être distillé, s'appelle fangourin. production en 2004 : 4 millions de litres.
S'en tenir au musée de Stella Matutina pour se faire une idée de l'avenir de la culture de la canne à sucre à La Réunion ne suffit pas. Lorsqu'on lit la presse locale pendant 6 mois, on se rend compte que la mondialisation nourrit beaucoup de craintes sur l'avenir de la filière canne. Certains présentent le recul de cette culture comme inévitable :
-
La part des terres cultivables consacrée à la canne (26000 ha sur les 45000 ha de la surface cultivable) serait trop élevée. Le prix du m2 empêcherait de construire des logements et des routes alors que le taux de natalité est élevé et que les embouteillages font rage
-
Les prix mondiaux et la concurrence de la betterave empêcheraient à l'avenir le sucre réunionnais d'être compétitif
Mais la majorité des rényonés, attachés à leur canasuc, misent sur la qualité du sucre de canne réunionnais et des produits dérivés. La canne fait partie de l'identité réunionnaise, elle représente 17000 emplois. L'objectif est de passer à 50000 ha cultivables dont 30000 en cannes. La sucrerie de Gol (St-Louis) et celle de Bois rouge traitent chacune environ 1 million de tonnes de canne. [Production mondiale de sucre autour de 160 millions de tonnes (gros exportateurs : Brésil, Australie, Cuba, Thaïlande)]
Voici un résumé du gros dossier de la revue Témoignages qu'on trouve dans le site de cette revue :
Pendant plus d'un siècle, on a privilégié la valorisation de la canne en fonction des besoins de l'Europe. Aujourd'hui, les planteurs ne bénéficient pas d'un juste prix des richesses tirées de la vente du sucre et des produits dérivés de la canne. C'est pour répondre aux exigences de l'OMC que l'Union européenne a décidé en 2006 de baisser le prix du sucre. A compter de 2009-2010, cette baisse est de 36% par rapport au prix de 2006. D'où la décision de l'UE et du gouvernement français de venir en aide par des subventions (l'Etat peut subventionner jusqu'à 90 millions d'euros par an les filières cannes de La Réunion, de la Martinique et de la Guadeloupe). Ces aides sont assurées jusqu'en 2014. Mais l'OMC continue sa pression pour qu'après 2014, ces subventions soient définitivement supprimées. L'Europe et la France céderont-elles ?
Au cours des dix dernières années, avec la valorisation de la mélasse et de la bagasse, les gains de productivité ont davantage profité aux usiniers qu'aux planteurs. L'Economie de La Réunion datée du 4ème trimestre 2002 évaluait ainsi la productivité de la filière en 1998 : 80% viennent des sucres (vrac et spéciaux), 10% la mélasse (le rhum) et 6% la bagasse (qui fournit 1/6ème de l'électricité consommée sur l'île). Or, pour ces deux derniers produits, le planteur ne touche rien ou pas grand chose.
La canne à sucre offre des possibilités qui restent à valoriser à La Réunion : papiers, cartons, isolants thermiques, panneaux agglomérés, films, textiles, culture de micro-organismes
(levures, bactéries...), acides, plastifiants, revêtements protecteurs ou adhésifs, cosmétiques, cires, graisses, bioéthanol, fertilisants et herbicides biologiques.