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9 mars 2009 1 09 /03 /mars /2009 18:16


Cette photo de juillet 2001 a une histoire. A l'époque, Euphrasie-Framboise vient de m'annoncer qu'elle part à La Réunion. C'est un coup de tonnerre. Elle arrête donc son atelier d'écriture de Kergallic. Pour l'aider à franchir les 10000 kms, je rêve devant mon rosier. C'est décidé, je lui offre la seule rose qui s'y trouve ce jour-là. Pour la créer, mon rosier avait exigé d'être taillé deux mois plus tôt. J'ai retrouvé miraculeusement le petit texte que j'avais écrit à l'occasion, daté du 24 avril 2001 : « Taille ».

Ce n'est encore qu'un bouton lorsque je l'offre à Euphrasie fin juin, avec de vilaines feuilles tachées de rouille. Elle me tient au courant de semaine en semaine : « ta rose fleurit », « ta rose s'épanouit », « elle n'est toujours pas fanée ». Et puis finalement, l'aveu : « je l'ai prise en photo pour ma collection ». Euphrasie-Framboise fait collection de photos de roses fanées.

Pourquoi, a-t-elle ressorti cette photo 8 ans plus tard, il y a une dizaine de jours ?

Je l'ai demandée en prêt pour vous la scanner. Je sens bien que cette histoire n'est pas finie. Il faudra en faire une copie sépia, il faudra faire une photo de cette photo, photocopier cette photo de photo, faire un montage de détails agrandis qui permettent de retrouver l'intensité des regards qui se sont posés sur cette fleur du temps où elle n'était encore que bouton, bourgeon, oeil, de restituer le délicat parfum du pistil et des étamines humé et chanté par les mésanges bleues qui venaient l'admirer.

Il faudra tout faire pour que cette photo, en se fanant, reste, jusqu'à la fin des temps, la plus belle de la collection de photos de roses fanées d'Euphrasie-Framboise.


Taille


Aujourd'hui, je t'ai taillé mon rosier. C'est douloureux. J'ai du mal à couper. Et il faut faire une coupe sévère m'a-t-on dit. Enfin, c'est fini. Mais ça fait mal.

J'ai porté tes épines et tes fruits à la déchetterie. Je sais que tu m'attends. La vie est une chose minuscule, une location. Mes os en poudre, mon sang desséché seront pour toi, mon rosier.


Tailler son rosier

Couper toujours couper

Rogner trancher entailler

Laisser pleurer sécher

Ramasser rameaux

Sur mon crâne

Faire tomber la grande pierre

Et poser une rose dessus



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commentaires

E
Las ! Las ! Un instant j'ai craint qu'il ne s'agît de moi. Ouf ! C'est la rose qui laisse choir ses beautés dessus la place. Quand cesserai-je d'être ainsi autocentrée ? Toujours la rose : un scoop ! Et qui va induire un étrange rapport au temps - j'ai retrouvé une photo de la même rose mais épanouie et, bien sûr, au même endroit, juste avant, donc, qu'elle ne laisse choir ses beautés sur le meuble du salon. Le 13 mars, GH nous fait un beau cadeau : quelques heures de printemps absolu. Aussitôt les pics tambourinent sur les troncs des grands pins maritimes, les feuilles de houx renvoient une lumière divine, les chatons de saule sont prêts à exploser. Appels pressants de mésanges charbonnières dans les aubépines, les prunus et les forsythias, délicates violettes sur le chemin du Petit Port, primevères sur les bords de l'Erdre. Couleurs partout.Ainsi je me rends compte que des années s'étaient écoulées sans que jamais je ne visse le DEBUT du printemps. Merci GH, alias Grand Horloger, qui, ce jour-là méritait bien son nom. Quelle lumière et quelle euphorie dans l'air ... Les vêtements noirs tombaient de toutes les épaules, les écharpes abandonnées jonchaient les bancs publics, les mains et les lèvres se cherchaient, la rivière étincelait...<br /> Mais ce n'est pas encore la saison des roses, d'ailleurs, aujourd'hui 14 mars, GH nous impose une atmosphère de Toussaint (sans les chrysanthèmes). Par contraste, il y a de l'Arcimboldo dans les vitrines des commerçants. Sans doute la mode est-elle aux fleurs et aux couleurs pour conjurer la crise...
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