LANGUE
C'est pendant la période française, de 1721 à 1810, que le français et le créole mauricien s'imposent à l'Isle-de-France. Les quelques centaines d'esclaves ouest-africains et malgaches qui arrivent pendant tout le XVIIIè siècle doivent, pour communiquer entre eux et avec les francophones, utiliser un pidgin dont on trouve des traces dans Voyage à l'Isle de France de Bernardin de Saint-Pierre (1769). A partir de 1834, arrivent les premiers engagés, en provenance de plusieurs régions de l'Inde. En 1871, il y a à Maurice 100 000 habitants originaires d'Afrique, et 216 000 habitants originaires de l'Inde. Un bhojpuri unifié va se dégager peu à peu pour assurer la communication entre les différents groupes indiens (bengali, penjabi, tamoul, hindi, télégu, urdu, marathi, sanscrit etc.). Enfin, les chinois apportent 3 langues : le mandarin, le cantonais et le hakka parlés par 10 000 chinois environ aujourd'hui.
La langue parlée par toutes les communautés ethniques et sociales, c'est le créole mauricien, langue orale peu écrite et proche du français (mais pas autant que le créole rodriguais). Tout ce qui est administratif s'écrit en anglais : une des langues les moins parlées est la langue officielle. La presse est essentiellement en français (avec parfois des tournures anglaises et des phrases créoles).
Un peu de créole mauricien :
zardin = jardin
manzé = manger
sapé = avoir de la chance
gazet = journal
plim = stylo
si ou plé = s'il vous plaît
ki manière ? = comment ça va ?
Missié = monsieur
kot sa ? = où est-ce ?
li ser = c'est cher
li bon = c'est bon
li mari bon = c'est très bon
li mauvais bon = c'est top
péna problèm = pas de problème
ki lère là ? = quelle heure est-il ?
fer so = il fait chaud
kot nou été ? = où sommes-nous ?
mo content toi = je t'aime
salam = au revoir
mo pé alé = je m'en vais
azordi = aujourd'hui
dimin = demain
ene coki = un coquillage
bazar = le marché
doctère = médecin
korek : d'accord
o plésir : à bientôt
disel : sel
dité : thé
diri : riz
disik : sucre
dizef : oeuf
LITTERATURE
J'ai parlé de Paul et Virginie le 17 mai (maurice 2), mais bien évidemment, je reparlerai de Bernardin de Saint-Pierre. Je visiterai les salles qui lui sont dédiées au rez-de-chaussée du Blue Penny Museum à Port-Louis, dès que possible. Je lirai Une île où séduire Virginie de Jean-François Samlong (décembre 2007, L'Harmattan) et Bernardin de Saint-Pierre, Voyages à l'île Maurice et la Réunion, textes rassemblés et présentés par Elisabeth Audoin, Magellan et Cie 2004. Surtout un colloque est consacré à Bernardin de Saint-Pierre à Saint-Denis et à Saint-Pierre fin 2009 :
http://calenda.revues.org/nouvelle10082.html
Voici un commentaire qu'Euphrasie-Framboise, qui connaît bien la littérature mauricienne et qui sera d'ailleurs présente à un colloque consacré à cette littérature le mois prochain, n'a pas pu déposer dans le blog pour des raisons mystérieuses. Le titre de ce colloque est "la culture de l'Ile Maurice, entre mots et images" 25-28 juin, il y a 2 communications sur Chazal, dont une de la Louisiana State university :
« site très utile pour tous ceux qui s'intéressent à la socio-linguistico-géo-politique etc de Maurice, celui de l'université de Laval à Québec : www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/maurice.htm Personne ne vous renseignera mieux, et ça change des sites pour touristes ... La littérature mauricienne francophone est très vivante mais trouve peu d'éditeurs, d'où la nécessité de passer par Paris et d'être finalement mieux lus ailleurs que dans son pays. En tous cas il y a des auteurs et des gens qui s'efforcent de faire vivre des revues et des éditions. Je joins une biblio et la recommandation express pour mieux comprendre ce que tu signales, la fracture sociale et les conflits larvés entre religions de lire : Blue Bay Palace de Natacha Appanah, Gallimard, 2004. En lisant les auteurs comme Ananda Devi, Shenaz Patel, Natacha Appanah, on ressentira la violence des relations humaines qui couvent sous la fameuse douceur paradisiaque, mais comme on le devine dès qu'on fait un pas hors du ghetto-pied-dans l'eau, le paradis n'est pas pour tout le monde !
Ile Maurice
Oeuvres littéraires contemporaines :
APPANAH Natacha Le dernier frère, Editions de l'Olivier, 2007
APPANAH Natacha, Blue Bay Palace, Gallimard, coll. Continents noirs, 2004
APPANAH Natacha, Les rochers de poudre d'or, Gallimard, Folio n°4338, 2003
DE SOUZA Carl, Le sang de l'Anglais, Seuil/ L'olivier, 1993
DE SOUZA Carl, Ceux qu'on jette à la mer, Seuil/ L'olivier, 2001
DEVI Ananda, Eve, de ses décombres, Gallimard, 2006
DEVI Ananda, La vie de Josephin le fou, Gallimard, 2003
DEVI Ananda, Indian tango, Gallimard, 2007
PATEL Shenaz, Portrait Chamarel, Grand Océan, 2001 (réédité récemment à Maurice)
PATEL Shenaz Sensitive éditions de l'Olivier/Seuil, 2003
PATEL Shenaz, Le silence des Chagos, éditions de l'Olivier/Seuil, 2005
PATEL Shenaz, Vinod RUGHOONUNDUM, Ananda DEVI, Sailesh RAMCHURN, Bertrand de ROBILLARD, Nouvelles de l'île Maurice, Miniatures, Magellan & cie, 2007
PYAOOTOO, Barlen, Bénarès, éditions de l'Olivier, 1999
PYAOOTOO, Barlen, Le tour de Babylone, éditions de l'Olivier/Seuil, 2002
Ajoutons JMG Le CLEZIO :
Le CLEZIO JMG La quarantaine
Le CLEZIO JMG Le chercheur d'or
Le CLEZIO JMG Le voyage à Rodrigues
ESSAI : BAGGIONI, Daniel et Didier de ROBILLARD. Île Maurice, une francophonie paradoxale, Paris, L'Harmattan, Espace Francophone, 1990.
http://www.forinterieur.com/ : voir dans « Océan Indien » : analyse des trois romans de Shenaz Patel.
Enfin, n'oublions pas les écrivains qui sont passés par Maurice et que Maurice n'oublie pas : Baudelaire, Alexandre Dumas (un timbre à son effigie est actuellement en vente), Joseph Conrad (Fortune, Entre terre et mer), Paul-Jean Toulet. Sans oublier JMG Le Clézio et Malcolm de Chazal, mais eux ont droit, comme Bernardin, à des articles spécifiques.
Douce plage où naquit mon âme
Et toi, savane en fleurs
Que l'océan trempe de pleurs
Et le soleil de flammes ;
Douce aux ramiers, douce aux amants
Toi de qui la ramure
Nous charmait d'ombre et de murmure,
Et de roucoulements ;
Où j'écoute frémir encore
Un aveu tendre et fier
Tandis qu'au loin riait la mer
Sur le corail sonore
Contrerimes, 1921, Paul Jean Toulet