Les acryliques de Lucille Piquenot-Frestin (21 ans) ont une force incroyable. Dans sa "Démarche de l'exposition", elle écrit :
« Dans la mondialisation des échanges et son brassage culturel, les identités s'hybrident, deviennent multiples. Tout au long de notre histoire, les peuples se sont découverts, cotoyés, mélangés et affrontés. L'art prend part à ce processus. Les images elles-mêmes donnent lieu à des chocs interculturels. Dans ces rencontres, celles de l'Europe avec des grands continents comme l'Amérique ou l'Afrique, l'art s'est inspiré des nouvelles formes qu'il y a trouvées. Des surréalistes aux expressionnistes et aux land artistes, le style artistique la mythologie et la philosophie de ces peuples ont été retraversés. Nos continents sont plus proches qu'ils ne l'ont jamais été. Mais cette évolution n'est pas toujours favorables aux deux parties. Un écart Nord-Sud se creuse de plus en plus. Où sont les richesses ? Où sont les ressources ? Dans un même temps, toutes les cultures ne nous sont pas parvenues, et beaucoup s'éteignent encore. Aujourd'hui, elles sont à découvrir et à préserver ».
Dans la lettre que j'ai adressée à l'Inspection des Lettres de Nantes au printemps 2008, j'ai écrit : « Lorsque je me retourne sur mon parcours, je vois bien que les questions sur la cohabitation des cultures, les choix de traduction, le déracinement ne m'ont jamais quitté. C'est le métissage, la créolisation, la mondialité (comme dirait Edouard Glissant) qui m'ont conduit à demander La Réunion [...] Comme le monde va continuer de se décloisonner, les questions sur les médiations et transferts culturels vont se multiplier ». C'est dire à quel point je suis d'accord avec ce qu'écrit Lucille.
Quant à Ka.Ty Deslandes, pour présenter son expo Noir ou l'origine du monde de décembre 1998 à l'Hôtel de Région à Saint-Denis, à l'occasion du 150è anniversaire de l'abolition de l'esclavage, elle écrivait : « Hommage aux cultures noires, mon expression s'inspire des hommes et des terres que je rencontre : la Mélanésie, l'Australie aborigène, l'Afrique, les îles de l'Océan indien. Auprès d'eux mon expression se forge et se nuance. Message par ses thèmes, mon travail tente d'affirmer que de tels peuples, maîtres de vie, de savoir-vivre ancestral, d'harmonie primordiale, aussi à l'origine du monde, n'auraient jamais dû être maltraités, décimés, déportés ».
Voilà pourquoi ces deux artistes exposent ensemble sous le même titre : « Escale aux confins du monde ».
Davina (Ka.Ty D)