Les écoliers du Tremblet parrainent leur éléphant de mer
CLICANOO.COM | Publié le 7 septembre 2009
Ce matin, l’école primaire du Tremblet sera en effervescence dans le cadre d’une opération de parrainage d’Alan, l’éléphant de mer tombé amoureux de la plage de sable noir née de l’éruption d’avril 2007. Objectif : mieux connaître sa vie et contribuer à sa protection.
http://www.clicanoo.com/index.php?id_article=220400&page=article
Mercredi dernier, au matin, un observateur attentif a saisi Alan au saut du lit, et aussitôt fait prévenir le parc national. Il est resté jusqu’au soir, deux médiateurs du parc expliquant aux visiteurs la nécessité de rester discrets pour ne pas provoquer sa fuite (photo Matthieu Balanger).
« Bonjour, je m’appelle Alan, le solitaire. Je suis un jeune éléphant de mer austral et je viens parfois chercher le calme et la tranquillité sur cette belle plage du Tremblet. Je rêve de pouvoir m’y reposer et d’y poursuivre ma mue. Merci de ne pas me déranger. » Cet avertissement, placardé il y a quatre semaines à peine, n’est pas superflu car, plus d’une fois, notre visiteur venu des mers du Sud s’est senti peu rassuré lorsqu’un curieux venait l’observer jusqu’à lui frôler les moustaches. Sans parler de ceux qui lui ont infligé des éclairs de flash, lui le spécialiste des chasses dans la nuit noire des abysses !
Un capital sympathie déjà acquis
Après la visite d’un de ses congénères, l’année dernière, Alan hante épisodiquement depuis le mois de mai dernier la plage apparue après l’éruption du piton de la Fournaise d’avril 2007. Sans doute apprécie-t-il sa vaste étendue de sable noir souvent déserte, ce cadre presque aussi sauvage que les rivages qui l’ont vu naître, ceux des îles Kerguelen ou Crozet, à quelques milliers de kilomètres au sud de la Réunion. La présence d’un éléphant de mer sur nos côtes constitue un événement suffisamment rare pour ne pas gâcher cette chance d’admirer un animal que seulement peu de chanceux peuvent rencontrer sur son lieu de vie d’origine. Alan, baptisé du prénom du fils d’un habitant du Tremblet parmi les premiers à l’observer, a déjà acquis un capital sympathie auprès des pêcheurs locaux. Ceux dont le métier ou la passion sont de s’intéresser au monde vivant qui nous entoure voudraient aujourd’hui permettre au plus grand nombre de la partager. Il aura fallu plusieurs mois pour concrétiser l’idée selon laquelle le meilleur moyen d’assurer la tranquillité d’Alan est de mobiliser ses plus proches voisins, les habitants du Tremblet eux-mêmes. Certains sont déjà devenus ses meilleurs porte-parole, prévenant désormais Globice ou le Parc à chaque apparition. Aussitôt, un dispositif se met en place, dans un double objectif, scientifique et grand public.
Les règles d’observation de la faune sauvage
C’est de cette manière qu’on a appris la première attaque de requin subie début juillet par Alan, suivie d’une seconde à la mi-août. Aujourd’hui, nous disent les scientifiques qui côtoient les éléphants de mer dansa les TAAF, il ne faut pas s’inquiéter outre mesure : outre qu’il n’est pas question de « soigner » un tel animal, sa rencontre avec des prédateurs fait partie de la vie. Sauf qu’Alan, en s’aventurant seul très loin de sa base, au cours de ce qui ressemble à une phase exploratoire, prend plus de risques que ses congénères vivant groupés, a priori mieux protégés, les adultes du moins. Tout cela sera raconté au cours de la journée de sensibilisation prévue aujourd’hui à Saint-Philippe avec la présence de représentants du Parc national, de l’Office national des forêts (ONF), des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) et de l’association Globice (Groupe local d’observation et d’identification des cétacés). Ce matin, l’école primaire du Tremblet sera le théâtre d’une opération au terme de laquelle de chaque élève recevra une carte le faisant parrain d’Alan. Elle rappelle six consignes simples et de bon sens qui en feront des ambassadeurs de bonne volonté auprès des visiteurs peu familiers des règles d’observation de la faune sauvage. Et en fin d’après-midi, l’ensemble du public est invité à une conférence salle Henri-Madoré
François Martel-Asselin
Un réseau d’alerte En cas d’observation… qui doit toujours se faire à distance suffisante, bien entendu, les témoignages sont les bienvenus. Antenne sud du parc national : 02 62 58 02
61. Réseau échouage de Globice : 06 92 65 14 71.
Comment peut se finir une rencontre Le Groupe local d’observation et d’identification des cétacés a été parmi les premiers à s’intéresser à ce visiteur et à s’inquiéter de l’excès d’enthousiasme manifesté à son égard, craignant sa désertion, en mai dernier. Coup de gueule de son fondateur Bernard Rota sur le site internet de Globice, fustigeant par exemple « un individu (qui) se rapproche et se place à deux mètres devant l’animal pour le photographier. Celui-ci a une réaction d’agressivité pour éloigner l’importun qui fait un bond en arrière. Une autre personne arrive et imite celui qui est trop près. L’animal se lève alors et se dirige vers la mer, poursuivi par ces deux personnes. Fin d’une rencontre qui promettait d’être magnifique ».
Des observateurs pertinents Le 14 août, la découverte d’une abondante trace de sang souillant le sable de la plage entraîne des interrogations sur le sort d’Alan. Le lendemain, une visiteuse appelle les sapeurs-pompiers pour signaler sa présence. Il est donc vivant… et porteur de nouvelles blessures infligées par un petit requin des profondeurs, le squalelet féroce, comme on le craignait. On attend du prélèvement de sang effectué dans le sable la détermination définitive du sexe d’Alan et des informations d’ordre génétique. Autre exemple mercredi dernier, un habitant du Tremblet, lui-même prévenu par un ami en visite, alerte le parc national. Deux médiateurs se rendent au plus vite sur le site. Il était temps, raconte Fabrice Boyer, responsable de l’antenne sud du parc à Saint-Joseph, « car des gens et des enfants allaient commencer à tourner autour ». Jusqu’au soir, ils invitent les visiteurs à rester sur la falaise qui domine idéalement la plage ; en procédant ainsi, Alan restera bien visible toute la journée, alors qu’une tentative d’approche se serait soldée par une fuite comme on l’a déjà observé.
Capable de plonger à 1 400 m de profondeur
CLICANOO.COM | Publié le 7 septembre 2009
L’éléphant de mer (Mirounga leonina) est la plus grosse des espèces de phoque (une autre espèce vit en Amérique du Nord). Sa population mondiale est estimée à 650 000 animaux répartis dans l’hémisphère sud, dont la sous-population du sud de l’océan Indien (200 000) qu’hébergent notamment les îles formant partie des Terres australes et Antarctique françaises (TAAF). Elle est actuellement en phase de stabilisation après avoir connu une période de fort déclin et même frôlé l’extinction au cours du XIXe siècle, où il était très recherché pour son huile et sa viande. Il fait partie de la classe des mammifères.
Le mâle atteint de 4 à 6 m de longueur, pour un poids de 2 à 4 tonnes. Sa maturité sexuelle (sa capacité à se reproduire) survient vers 4-5 ans. Il peut vivre jusqu’à 15-16 ans. Les mâles dominants (les « pachas », âgés de 9-10 ans), s’affrontent pour constituer un harem de plusieurs dizaines de femelles. Ils veillent en permanence à leurs privilèges sexuels par des éructations (manifestations sonores émises par la bouche) menaçantes voire des affrontements physiques. A l’état adulte, les narines des mâles se développent en une « trompe » caractéristique, à laquelle ils doivent leur dénomination d’« éléphant de mer » (Alan, notre éléphant de mer du Tremblet, mâle présumé d’un âge estimé à quatre ans, n’a donc pas atteint ce stade).
La femelle atteint de 2,50 à 3 m de longueur, pour un poids de 500 kilos. Sa maturité sexuelle survient vers 3-4 ans. Elle peut vivre jusqu’à 20 ans. La gestation (période durant laquelle elle porte un unique petit) dure 9 mois. La femelle met bas (accouche) en septembre d’un petit d’un poids d’environ 40 kilos. L’allaitement dure 23 jours. L’accouplement survient dès que le petit est sevré, soit vers le mois d’octobre.
Il passe les trois quarts de l’année en mer. Après la reproduction, il revient à terre pour changer de pelage, c’est la mue. Durant cette période de trois mois, il s’alimente peu (période de jeûne) et se repose, dormant beaucoup. Les neuf autres mois, il vit essentiellement en mer, à la recherche de nourriture telle que céphalopodes (calmars), poissons, crustacés, krill, algues… Les yeux de l’éléphant de mer sont adaptés à une faible luminosité et donc à la chasse en profondeur. Il est capable d’apnées (plongées en retenant sa respiration) de 20 minutes à 2 heures, jusqu’à la profondeur stupéfiante de 1400 mètres. Très à l’aise dans le milieu marin, il l’est moins sur terre, où il peut néanmoins se propulser à plus de 8 km/h.
L’éléphant de mer est protégé au niveau international. En France, il est l’objet d’une mesure de protection intégrale depuis 1995 au titre du Code de l’environnement, qui punit les perturbations intentionnelles.
Source : www.reunion-parcnational.fr