La Tribune de Diego
Madagascar : un ressortissant français en prison pour avoir défendu son chien
Société - Mardi, 09 Avril 2013
Alors qu'il tentait de défendre le droit de son chien à rester avec lui sur une place publique dont il assure l'entretien à titre bénévole, Yann Vollet, ressortissant français et opérateur
économique honorablement connu à Diego Suarez, a eu ces paroles malheureuses : « il est comme vous, il a le droit de vivre en paix ». Il est en prison depuis un semaine et menacé d'expulsion sur
la foi d'une interprétation particulièrement douteuse de ses propos, sous le chef d'inculpation d'« insultes envers le peuple malgache » qui ne souffre pas d'être comparé à la gent canine...
La Place Joffre est un des lieux incontournables de promenade pour les habitants de Diego Suarez, qui viennent en famille y admirer la vue qu'on a sur le port et la baie de La Nièvre. D'autant
que depuis quelques mois, les pelouses et les massifs sont un plaisir pour l'oeil ; depuis que Yann Vollet, qui restaure depuis quelques mois l'ancien Poste Optique situé tout à côté pour en
faire un restaurant, a pris sur lui d'en assurer bénévolement l'entretien.
Le mardi 2 avril, alors qu'il s'occupait justement de ces jardins en compagnie de son chien, un certain J.L, Secretaire Général d'un ministère selon ses dires, a intimé l'ordre à Yann Vollet de
chasser le chien. Ce dernier a tenté de répondre poliment que ce chien ne dérangeait personne et a prononcé ces paroles fatidiques : « il est comme vous, il a le droit de vivre en paix ».
Manifestement outré par ce qu'il semble avoir compris comme une injure envers son peuple, le « Secretaire Général » aurait, selon les nombreux témoins de la scene, fait valoir ses titres en
promettant à Yann de « le faire emprisonner et de le faire expulser », avant de brandir une arme à feu et de l'en menacer, puis de se servir de son téléphone portable pour appeler le commissariat
central et faire venir des policiers.
Conduit au commissariat, le ressortissant français s'est vu retenu toute la nuit avant d'être présenté au Parquet le lendemain à 10h, qui décidait de son incarcération à la prison de Diego
Suarez. Un appel a été présenté, dont on attend le résultat à l'heure où sont écrites ces lignes.
L'associé de Mr Vollet a d'ores et déjà du licencier tout le personnel affecté à l'entretien des jardins ainsi qu'une partie de l'équipe qui travaillait sur le chantier du futur restaurant, en
prévision des frais de justice.
Les promeneurs de Diego Suarez quant à eux regrettent par avance la dégradation prévisible des jardins de la Place Joffre.
Vous venez de lire un article de La Tribune de Diego du 9 avril. Je ne suis pas très étonné. Une collègue du lycée français de Tana m'a un jour raconté que sa fille de 9 ans, promenant son petit
chien en laisse dans la rue où elle habite, a été accostée un jour avec ordre de ne plus jamais ressortir dans la rue avec son chien car il "polluait" la rue !
Si vous lisez les 35 commentaires à la suite de cet article dans http://latribune.cyber-diego.com/ vous apprendrez que Yann Vollet est un "grand défenseur de la faune animale et plus
particulièrement des oiseaux granivores et frugivores il est un des spécialistes mondialement reconnus pour son travail au sein de l'institut de Monaco, d'Allemagne et du Brésil". Nous apprenons
aussi qu'il a été condamné à 2 mois de prison ferme et sera sans doute expulsé à l'issue de sa peine ; qu'il a dû faire une grève de la faim pour que l'Ambassade de France à Tana daigne le faire
placer dans une autre prison pour pouvoir recevoir des soins médicaux (suite à "d'importants problèmes de santé") : honte aux responsables français chargés de protéger nos compatriotes ! Nous
apprenons enfin que l'anonymat permis par Internet encourage des malgaches haineux et xenophobes à se défouler lorsqu'une telle situation arrive. Un certain GasybeVVS par exemple n'hésite pas à
écrire : "Que cela serve de leçon pour tous les vazahas arrogants qui se croient chez eux, même à 10000 km de leur territoire. [...] J'espère au moins que le juge aura eu la décence d'incarcérer
le chien avec son maître [...] Voici un bon malgache qui a comprit comme faire pour prendre le vola des vahazas avec l'aide de nos bombes sexuelles qu'ils raffolent. Miamiam les €. DONNE VOLA
VAZAHAS POUR MANGER LE RIZ [vola = argent NDLR]" : heureusement que tous les malgaches ne pensent pas ainsi. Mais j'ai malheureusement croisé de nombreux GasybeVVS depuis 2009 (vols, arnaques,
menaces de mort) et leur nombre augmente. Il faut un gros moral pour continuer. Mais nous avons le soutien des bonchiens.
Et peut-être aussi celui de la littérature.
"Mais l'un des deux messieurs venait de le saisir à la gorge ; l’autre lui enfonça le couteau dans le cœur et l’y retourna par deux fois. Les yeux mourants, K. vit encore les deux messieurs
penchés tout près de son visage qui observaient le dénouement joue contre joue.
« Comme un chien ! » dit-il, et c’était comme si la honte dût lui survivre." (dernières lignes du Procès de Kafka, traduc A Vilalatte)
ou Demain les chiens de Clifford Simak
ou bien : "Le loup et le chien" de La Fontaine
ou encore Dialogues de bêtes de Colette
ou enfin la parabole du chien dans Jacques le Fataliste de Diderot
"Jacques demanda à son maître s'il n'avait pas remarqué que, quelle que fût la misère des petites gens, n'ayant pas de pain pour eux, ils avaient tous des chiens; s'il n'avait pas remarqué que
ces chiens, étant tous instruits à faire des tours, à marcher à deux pattes, à danser, à rapporter, à sauter pour le roi, pour la reine, à faire le mort, cette éducation les avait rendus les plus
malheureuses bêtes du monde. D'où il conclut que tout homme voulait conmander à un autre; et que l'animal se trouvant dans la société immédiatement au-dessous de la classe des derniers citoyens
commandés par toutes les autres classes, ils prenaient un animal pour commander aussi à quelqu'un. "Eh bien! dit Jacques, chacun a son chien. Le ministre est le chien du roi, le premier commis
est le chien du ministre, la femme est le chien du mari, ou le mari le chien de la femme; Favori est le chien de celle-ci, et Thibaud est le chien de l'homme du coin. Lorsque mon maître me fait
parler quand je voudrais me taire, ce qui, à la vérité, m'arrive rarement, continua Jacques; lorsqu'il me fait taire quand je voudrais parler, ce qui est très difficile; lorsqu'il me demande
l'histoire de mes amours, et que j'aimerais mieux causer d'autre chose; lorsque j'ai commencé l'histoire de mes amours, et qu'il l'interrompt: que suis-je autre chose que son chien? Les hommes
faibles sont les chiens des hommes fermes."
CAVE CANEM : j'ai pris cette photo à Pompéi en 2007
Pierre-Malo (parrain de Margarina à la maternelle de Ramena), il a adopté son bonchien à la SPA
Une jeune enfant qui joue avec un chien
Pourquoi Greuze a-t-il peint autant de bonchiens ? je donne ma langue au moumoute
le fils puni
le chien
le retour de l'ivrogne
jeune garçon au chien
la piété filiale