Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 05:02

P1070046 (Large)

page tirée de L'Arbre graine (éditions Dodovole)

J'ai effleuré le sujet de la littérature jeunesse destinée aux enfants scolarisés à Madagascar dans l'article précédent.

Ma visite à Johary et Sophie fin février eut lieu le jour où paraissait un article consacré à leur travail dans L'Express Madagascar. Johary a obtenu le Prix Roman de la Réunion 2010 pour Géotropiques

P1070040 (Large)

 

Livre
Isa ny amontana, un vieux rêve réalisé
Johary Ravaloson, avec Isa ny amontana dans les bras, et Sophie Bazin redécouvrent avec plaisir le conte betsimisaraka Lekozity et la racine magique (Photo Mamy Mael)
Isa ny amontana, un album tout en carton exclusivement en malgache disponible dans nos librairies.
Manifestement, il n'est pas impos­sible de faire un album tout en carton en malgache. Isa ny amontana qui vient de sortir aux Editions Dodovole, collection Dodo Bonimenteur, en est l'exemple. L'écrivain Johary Ravaloson en est fier, tout comme sa femme, Sophie Bazin qui en est l'éditeur. Car cet album est un vieux rêve du couple qui se réalise.
« Nous avons toujours rêvé de faire un album exclusivement en malgache. Un album de la même qualité que ceux pour enfants, comme on en voit ailleurs. L'occasion s'est présentée, nous l'avons saisi et voilà. C'est une petite victoire pour nous ! », révèle Johary Rava­loson, l'air satisfait et content, en sortant le livre de son sac à dos.
Illustré par les xylographies de Zanoarisoa Rajaona, le livre reprend la récitation Isa ny amontana, extrait du livre de Randriamiadanarivo, et fait découvrir à l'enfant à la fois l'artiste malgache et les plantes médicinales évoquées comme le figuier (aviavy).
Exclusivement en malgache, cet album est idéal pour familiariser les petits malgaches au livre, d'autant que les ouvrages de ce genre n'existent pas encore. De la même qualité que les livres importés, cet album n'a rien à envier aux albums cartonnés des éditeurs étrangers.
Éducation agréable
« Isa ny amontana est plus qu'une récitation. Les arbres cités dans cette récitation sont des plantes médicinales. De plus, il est illustré par les photos des gravures sur bois de l'artiste Zanoarisoa. Car Dodovole ambitionne de faire des beaux livres avec des œuvres d'artistes pour favoriser la culture de l'art et du livre », remarque l'écrivain.
Premier album de Dodo­vole exclusivement en malgache, Isa ny amontana a été réalisé sans financement ni aide extérieure. Les deux concepteurs du livre ont fait savoir qu'il est très difficile de trouver un financement pour un livre exclusivement en malgache.
Le samedi 3 mars à partir de 14 heures, Johary Rava­loson et Sophie Bazin feront une séance de dédicace à la librairie Des livres et nous, au Tana Waterfront Ambo­divona. Avec Isa ny amontana, deux autres livres qui viennent de sortir aux mêmes éditions seront également à découvrir sur place, Lekozity et la racine magique, un conte betsimirasaka illustré et 'Zahay Zafimaniry, qui présente les principaux motifs Zafimaniry avec les messages qu'ils portent.
Domoina Ratsara
Mardi 28 fevrier 2012

 

1330378485 image

J'ai emporté avec moi 3 titres bilingues en 2 exemplaires : L'Arbre graine, Le petit dernier, Isa ny amontana (voir photos dans l'article précédent). Quelques jours plus tard, chaque CP et chaque CE1 a signé un jeu de 3 titres et j'ai emporté les 3 livres avec moi à la Réunion le 12 mars. A l'heure actuelle, les CP et CE1 de Trois-bassins sont en train de découvrir le cadeau dédicacé de leurs cousins de Ramena, lesquels possèdent aussi leur propre jeu de 3 livres bilingues Dodovole.

On peut aussi retrouver le travail de Sophie (plasticienne) dans le blog marydesailes.

 

Grâce à Johary et Sophie, j'ai enfin eu quelques infos sur la frise en terre cuite d'une trentaine de mètres de long située tout près du Rova (voir ici mon article du 20 mai 2010 "le Rova d'Antananarivo"). Ces panneaux de terre cuite ont été inspirés par les papiers peints du Palais Trano Vola relatant la vie quotidienne dans l'Imerina (marché, défilé militaire, kabary, messages royaux) du temps de Radama 1er (règne de 1810 à 1828). Depuis l'incendie du Rova et du palais Trano Vola en 1995, ils ont évidemment une valeur inestimable.

P5182429 (Large)

 

Un autre éditeur à complimenter, c'est Jeunes Malgaches.

P1070063 (Large)

 

Avouez que pour donner le goût de la lecture à des CE2, cette édition bilingue du Petit Prince avec la totalité des illustrations de Saint-Ex est idéale.

Elle est l'un des titres publiés par les éditions Jeunes Malgaches.

Dans leur site, on trouve un appel que je trouve remarquable :

"Appel à la vigilance à l’envoi massif de dons de livres à Madagascar
Le saviez-vous ?
. Que plus de 80% des Malgaches ne parlent que le malgache et plus de la moitié sont des jeunes de moins de 10 ans.
. Qu’en 1982, on a recensé 1 549 titres à Madagascar et en 2007, l’édition malgache ne compte que 1 400 titres dont 236 manuels scolaires, 33 livres parascolaires et 55 livres de littérature pour la jeunesse
. Qu’en moyenne on édite 130 titres par an dont 90% ne seront pas réédités faute de moyens financiers
. Qu’ en 2003, 293 tonnes de livres en langue étrangère ont été envoyées à Madagascar, nécessitant la somme de 376.400€ pour leurs envois
. Qu’en 2004, 309 tonnes de livres en langue étrangère ont été envoyées à Madagascar, nécessitant la somme de 397.390€ pour leurs envois
. Qu’en 2005, 328 tonnes de livres en langue étrangère ont été envoyées à Madagascar, nécessitant la somme de 420.470€ pour leurs envois
. Qu’en 2006, 1.082 tonnes de livres ont été envoyées à Madagascar, nécessitant la somme de 1.138.877€ pour leurs envois
. Qu’une partie de ces sommes consacrées aux envois seraient plus utilement dépensées dans l’achat de livres locaux, de meubles de rangement et même de bâtiments pour installer des bibliothèques
. Que l’envoi massif de livres nuit à l’activité de la librairie, au développement de l’édition locale, n’encourage par la lecture quand il ne correspond pas au besoin réel et induit en erreur la majorité des lecteurs malgaches qui pensent que le livre est un produit qui se donne mais ne s’achète pas
. Que les écoles qui reçoivent des dons de livres de l’étranger n’achètent plus de livres édités localement même si cela leur permet de dégager un budget pour l’achat local et même si les offres sont différentes
. Que la majorité des quatre millions d’enfants malgaches scolarisés sont en milieu rural et que l’enseignement s’y fait en malgache et quelques fois en bilingue français/malgache
. Que pour donner le goût de la lecture aux enfants, il faut les faire lire dans leur langue maternelle
. Que 132 centres de lecture sont implantés dans les zones reculées et que plus de 80% des livres s’y trouvant sont en français, alors que les animateurs de ces centres parlent à peine le français et de ce fait, ils ne pourront pas faire d’animations avec les livres
. Que les enfants malgaches dans les 19.395 établissements publics n’ont aucun livre en malgache à lire en classe
. Que le livre permet de garder, de transmettre et de diffuser les connaissances et la culture
. Que des ONG qui font des actions en direction des enfants de rue apprennent à lire et à écrire à ces enfants avec des livres en langue française, langue qu’ils n’utilisent pas dans leur vie quotidienne
. Que des centaines de milliers de touristes viennent à Madagascar et laissent des livres usagés dans les villages en brousse sans se demander si cela leur est vraiment utile ou pas
. Que ces livres donnés sont généralement laissés dans les cartons ou entassés sur un petit meuble parce qu’il n’y a pas de places pour les ranger
. Qu’il existe une Charte du don de livres qui régit les envois de don et qui recommande le partenariat avec les éditeurs locaux pour les achats de livres(Article 16. De manière générale, il serait très souhaitable de rechercher le partenariat des éditeurs locaux afin d'acquérir des ouvrages d'auteurs locaux à mettre à la disposition des lecteurs.)
. Que l’acte de donation doit s’accomplir dans un vrai esprit de partenariat à deux sens pour le respect mutuel de chacun(Article 18. Dans un véritable esprit de partenariat, donateurs et destinataires collaboreront pour faire connaître à leur public respectif, la culture de l'autre par le biais d'animations autour du livre, du conte, de la musique et des arts plastiques.)
. Que le don entretient l’assistanat et ne conduit pas à un développement durable de l’édition malgache et la lutte contre l’analphabétisme
. Qu’éditer des livres en malgache qui parlent de la vie des malgaches susciterait plus d’intérêt aux enfants malgaches
. Qu’ils existent une chaîne du livre malgache déficiente (quelques centaines d’auteurs publiés, vingt cinq librairies, seize éditeurs malgaches et 295 bibliothèques) mais prêts à relancer l’édition malgache et offrir des livres de qualité aux enfants malgaches
. Que pour que cette chaîne puisse se construire, elle doit s’appuyer sur les achats des institutions, des Associations et ONG oeuvrant dans l’éducation et des bibliothèques
. Qu’un livre produit à Madagascar est tiré en moyenne en 500 exemplaires et il n’est en général pas réédité faute de moyens
. Qu’un livre pour enfant en malgache est vendu à 3€ et qu’il sera difficile pour le malgache ayant un salaire mensuel de 27€ de consacrer un budget à la consommation de livres
Optons ensemble à partir de maintenant pour une nouvelle manière de « Donner »
Donnons la chance
Aux enfants malgaches de lire dans leur langue maternelle
De construire eux-mêmes leur identité culturelle
Aux auteurs malgaches de s’exprimer
A la Culture malgache de s’épanouir dans la diversité
Pour en parler, contactez :
Marie Michèle RAZAFINTSALAMA
Libraire/Editrice à Madagascar
prediff@prediff.mg"

 

Voilà qui est clair. Beaucoup d'européens croient bien faire en envoyant les invendus dans les pays déshérités. Erreur. Cherchons d'abord à les écouter et à les aider à trouver ou produire eux-mêmes ce qui leur manque. Pour les manuels scolaires CP et CE1 de Ramena, ce n'est pas sans regret que j'ai fini par me rabattre (provisoirement) sur Ratus, Dagobert, L'île aux mots et Brissiaud. L'offre malgache est si pauvre en support coloré pour susciter les prises de parole préalables à l'apprentissage de la lecture qu'il valait mieux, pour commencer, dans une école francophone, choisir une collection française avec des thèmatiques culturellement neutres. J'observe d'ailleurs que Georges, le maître de CP, se sert beaucoup de BAO la méthode FLE élaborée à Mayotte, ce qui me fait très plaisir.

P1070064 (Large)

 

P1070061 (Large)

 

P1070062 (Large)

 

P1070067 (Large)

 

P1070075 (Large)

 

P1070077 (Large)

 

P1070079 (Large)

 

P1070083 (Large)

 

P1070085 (Large)

 

P1070087 (Large)

 

P1070091 (Large)

 

P1070111 (Large)

 

P1070093 (Large)

 

P1070094 (Large)

P1070095 (Large)

Partager cet article
Repost0

commentaires