très vite il a fallu repartir après la pause (dimanche 3 juin, 15h)
très vite les mules nous ont redépassés
retour de l'armoise (plante aromatique et médicinale)
plusieurs villages traversés en cette fin d'après-midi
un pont ! ils sont rares, on en profite
les nombreux passages de rivière ont presque toujours eu lieu les pieds dans l'eau, voire les cuisses dans l'eau
vraiment beaucoup de trafic à l'approche de El Mrabtin où nous bivouaquerons pour la 4è nuit
l'explication va apparaître bientôt : depuis peu, une piste permet de relier El Mrabtin à la route goudronnée de Ouarzazate ! et un relais de téléphone portable vient d'être installé !
certes la piste n'est pas praticable par une twingo, ne l'est que certains mois de l'année par des 4X4 et des camions ayant doublé le nombre de leurs lames de ressort et au prix de nombreuses heures dans les cahots et la poussière
mais c'est tout de même un sacré changement
heureusement, nous passerons à nouveau les bivouacs 5 et 6 loin de la civilisation
ce petit bâtiment rouge est une école
sans atteindre le manque chronique d'écoles et d'instits que connaissent nombre de pays d'Afrique noire et Madagascar, le Maroc n'arrive toujours pas à scolariser 100% de ses enfants des montagnes, et pour certains de ceux qui le sont, il y a un kilométrage énorme à faire à pied chaque jour
pour les enfants berbères, l'école signifie : devenir trilingue (avec 2 alphabets, l'un qui va de gauche à droite, l'autre de droite à gauche)
on commence à lire/écrire en berbère en alphabet latin mais le tamazight est très différent du chleuh et du rifain ; toujours est-il que le berbère est enseigné en primaire !! ceux qui ont connu comme moi le Maroc de 1975 (époque à laquelle Hassan II pouvait prétendre qu'il n'y avait aucun berbère au Maroc ! ) comprendront ma joie
de 1975 à 1977 je me souviens en effet que les berbères servaient au mieux à faire valoir le folklore marocain et étaient surtout considérés comme des retardés analphabètes bons à tisser des tapis et à danser devant des touristes
les oiseaux n'ont cessé de nous faire la fête
des martinets de Marrakech aux hirondelles et aux aigles des hautes vallées
mais ils sont difficiles à photographier
alors je vous copie une nouvelle chanson de la Tassaout traduite par René Euloge
Les trois oiseaux
J'étais au vert champ de luzerne.
Dans les peupliers chantaient trois oiseaux.
Les écoutait la vieille bergère
Et m'a dit la vieille bergère :
"Si tu écoutes la pie criarde,
Querelleuse et jamais en repos,
Tu deviendras méchante et tête folle.
Qui donc recherchera ta compagnie ?
... Si tu prêtes l'oreille au triste pic-vert,
Dans l'ombre épaisse du feuillage,
Qui interroge en frappant chaque branche
Où est passée sa chance perdue,
Tu ne vivras que jours amers et sombres
Et ton travail n'aura ni trêve ni repos.
... Mais entends la douce tourterelle
Qui roucoule de l'aube au soir.
Comme elle, sois donc tendre fille
Ardente aux jeux de l'amour ... "
Dans les peupliers chantaient trois oiseaux.
Si Ali d'Ibakellioun
(mes camarades en haut à gauche)
au fur et à mesure que notre sentier perd de l'altitude (2800 à 2160m), la végétation réapparaît : chênes verts, buis, genèvriers sont de plus en plus souvent remplacés par les noyers, les pêchers, les amandiers, les osiers et les peupliers
la devise de la république française est "liberté, égalité, fraternité"
celle des berbères est "eau, terre, amour" : autrement dit, les ingrédients de la vie
plus de raison de s'étonner dès lors du soin avec lequel les berbères jardinent, creusent, construisent des gradins, se répartissent démocratiquement l'eau dans des canaux entretenus, sèment, bouturent, arrosent, moissonnent, stockent les récoltes au sec et chantent l'amour de leur vallée
restauration : achat d'eau minérale (l'eau du torrent n'est pas potable) de bimbeloterie et de colifichets
match de foot improvisé ; Abdou pourtant épuisé par les courses et le manque de sommeil fait gagner l'équipe dans laquelle il a choisi de jouer avec des locaux
lever matinal tôt lundi 4
chargement des mules
dans 10', tout le monde sera reparti pour de nouvelles aventures palpitantes vers Imi Nirkt et Tarzouf