début mars, dans mon jardin, des crocus
peu après, les magnolias, le mien est blanc
en juin, cet iris (offert en mars par mes amis JC et Julia) éclot : on l'adopte
en avril seulement mes lilas ont sorti le grand jeu (tout est en retard)
grive venue chercher larves et vers
merle pour la même raison
et puis le 9 juin : fête du vélo
la boucle de 40 kms sécurisés part de Carquefou, rejoint St-Mars du désert et Mauves
je pars de La Montagne et 11 kms + loin je suis à Trentemoult pour attendre le navibus
en aval, le pont de Cheviré
en amont, le navibus arrive
Trentemoult s'éloigne
temps gris gris gris et il va le rester
30 kms plus loin, à Carquefou, ce panneau indique la Voie verte que les cyclistes sont encouragés à suivre, elle occupe l'emplacement d'une ancienne ligne de chemin de fer
La bicyclette
Passant dans la rue un dimanche à six heures, soudain,
Au bout d’un corridor fermé de vitres en losange,
On voit un torrent de soleil qui roule entre des branches
Et se pulvérise à travers les feuilles d’un jardin,
Avec des éclats palpitants au milieu du pavage
Et des gouttes d’or — en suspens aux rayons d’un vélo.
C’est un grand vélo noir, de proportions parfaites,
Qui touche à peine au mur. Il a la grâce d’une bête
En éveil dans sa fixité calme : c’est un oiseau.
La rue est vide. Le jardin continue en silence
De déverser à flots ce feu vert et doré qui danse
Pieds nus, à petits pas légers sur le froid du carreau.
Parfois un chien aboie ainsi qu’aux abords d’un village.
On pense à des murs écroulés, à des bois, des étangs.
La bicyclette vibre alors, on dirait qu’elle entend.
Et voudrait-on s’en emparer, puisque rien ne l’entrave,
On devine qu’avant d’avoir effleuré le guidon
Éblouissant, on la verrait s’enlever d’un seul bond
À travers le vitrage à demi noyé qui chancelle,
Et lancer dans le feu du soir les grappes d’étincelles
Qui font à présent de ses roues deux astres en fusion.
Jacques Réda, Retour au calme, 1989
au fil des kilomètres : hérons, mouettes, colverts, buses, tourterelles turques, pinsons, mésanges, martinets, hirondelles, merles chantent à tue-tête et à gorge déployée des trilles et des descentes chromatiques avec une inventivité à côté de laquelle Mozart c'est de la roupie de sansonnet
A Mauves, les stands reflètent l'engouement actuel pour les vélos couchés et les vélos à assistance électrique
trompe l'oeil (pont de Mauves)
j'ai quitté la boucle des 40 kms, je rentre en suivant la Divatte
à saint-sébastien, près du collège des savarières où j'ai enseigné en 1973-74, un face à face vache / photographe
s'agit-il d'un ruminant qui veut appartenir aux People ou d'un designer qui imagine l'emballage d'un nouveau camembert ?
des iris partout à Vertou, Basse-Goulaine et St-Seb
à Vertou : une huppe
En 2013, le Conseil Général 44 découvre les vertus du vélo : vieux motard que jamais
Ce qu'il y a de bien dans la vie, c'est la certitude que la mort veut bien de nous. Elle nous attend patiemment, passionnément. Il suffit d'aller jusqu'au bout de la route. Certes, elle se fait
parfois attendre interminablement, mais avouez que bien souvent elle tend les bras à des vivants plus tôt que prévu. C'est une bonne chose. On aurait pu ne pas savoir, son existence aurait pu
nous être cachée, alors que là on sait à quoi s'en tenir. Tout cela est réconfortant.
Les vivants ne sont vivants que parce qu'il y a des morts. Les morts sont morts pour que les vivants vivent, pour que les vivants se souviennent des morts lorsqu'ils étaient vivants. Les vivants
ne sont vivants que pour faire des morts. Certains vivants font le mort. Certains morts sont vivants mais ne reviendront pas. L'arrivée est connue et pour terminer entre 4 planches il n'y a pas
de classement.
Vincent, Undergrowth with two figures, Cincinnati Art Museum