En 1969 (à 19 ans), j'ai suivi un stage de poterie et d'émaux qui m'a laissé un souvenir de jubilations : colombins, barbotine, biscuit et engobe n'ont plus eu de secrets. Quarante ans après, il
ne me reste plus que quelques objets émaillés, les autres ont disparu, mais l'émotion qui préside à l'ouverture du four est restée.
En me rendant à l'expo "Emaux atmosphériques" au musée de la céramique de Rouen, il y a huit jours, je me doutais que je faisais le bon choix. Ce fut un émerveillement.
130 céramiques, accompagnées d'aquarelles et de dessins préparatoires, sont exposées sur quatre salles du musée pour illustrer les relations entre l'impressionnisme et les arts décoratifs.
Comment une céramique peut-elle être impressionniste ? Réalisées dans le dernier tiers du XIXe siècle par des peintres côtoyant les milieux impressionnistes, certaines de ces pièces offrent une
saisissante transposition de la technique picturale impressionniste grâce au chatoiement des oxydes colorés, de la brillance de l'émail et des effets de la lumière.
Explications du musée :
"En 1872, Charles Haviland ouvre un atelier de céramique expérimentale à Paris, rue d'Auteuil. Soucieux de moderniser la production des porcelaines de la manufacture Haviland de Limoges, il
confie la direction de l'atelier parisien à Félix Bracquemond, graveur et peintre impressionniste, introducteur du japonisme en France. Celui-ci refuse de faire appel à des céramistes de métier
et s'adresse à des peintres issus des cercles impressionnistes pour réaliser de véritables peintures sur faïence et produire des œuvres d'art uniques. Félix Bracquemond introduit la technique du
décor à la barbotine mise au point par Ernest Chaplet à la manufacture Laurin de Bourg-la-Reine. Grâce à cette innovation, de l'argile liquide colorée appliquée sur la terre cuite au pinceau, le
peintre peut, comme sur une toile, diviser sa touche en empâtements colorés. Il dispose ainsi d'une grande liberté d'exécution pour capter le mouvement fugitif, suggérer les effets
atmosphériques, traduire les effets de la lumière sur les couleurs et les formes. Les décors privilégiés de ces céramiques, les fleurs et les paysages, se déploient sur toute la surface des
pièces qui arborent des formes nouvelles, parfois extravagantes, s'inspirant des céramiques de l'Extrême-Orient.
De 1872 à 1881, l'atelier d'Auteuil de la manufacture Haviland entraîne ainsi une véritable révolution dans l'art céramique et un réel engouement qui aura gagné pendant cette décennie d'autres
faïenciers français. Les ateliers de Bourg-la-Reine, Montigny-sur-Loing, Gien et Bourron-Marlotte se spécialisent ainsi dans la technique de la peinture de la barbotine sur terre cuite et font
perdurer, jusqu'au début des années 1900 la mode de ces « émaux atmosphériques»".
deux hirondelles et des fleurs (décor de Léon Parisot)
bord de mer et pommier en fleur (décors de Félix Bracquemont)
carreaux ; neuf esquisses de paysages ; vers 1878
un oiseau sur une branche fleurie
vase gourde ; héron
vase couvert ; roses
Vase ; roses
les petites aulnes (décor de Dominique Grenet)
paysage avec ville à l'arrière-plan
Bord de rivière
Cache-pot ; rosacées
Jardinière ; décor de Jean-Paul Aubé