Nicolas Gerodou à la valiha (prononcer vali ;
cithare tubulaire malgache) et deux élèves interprétant les Chansons madécasses Vè et IXè en créole
Une égide qui rassemble : Evariste Parny (1753-1814)
Depuis le début de l'année 2009, plusieurs professeurs du lycée Evariste Parny rêvaient de sortir de l'oubli le poète qui a donné son nom à leur lycée. C’est chose faite. L’hommage que ce poète réunionnais méritait lui a été rendu entre le 26 novembre et le 18 décembre, avec trois temps forts : les 26 novembre, 2 et 11 décembre. Une exposition, des lectures publiques de poèmes, sept conférences, deux tables rondes, des interviews, la réalisation prochaine d’un DVD permettent de relire ce poète de façon neuve à la lumière de recherches récentes. Pour le plus grand profit des lycéens.
Plusieurs universitaires ont contribué au succès de cet hommage à un poète trop méconnu. Catriona Seth (Nancy II) a retracé la vie et l’œuvre de Parny dans une conférence intitulée « De Saint-Paul à l'Académie française, itinéraire d'un poète créole ». Jean-Michel Racault (Université de la Réunion) a analysé la « Chanson Madécasse V : autour de l'anticolonialisme et du primitivisme ». Marcel Dorigny (Paris VIII) a présenté les « Réalités de l'esclavage et de la traite » à l’époque de Parny. Mireille Habert (IUFM de la Réunion) a retracé l’itinéraire du Docteur Petit-Radel, traducteur des poèmes de Parny en latin.
Des professeurs du lycée ont également prononcé des conférences : Gérard Delmas a parlé de la situation historique de l'Océan indien, Nicolas Gerodou des Chansons Madécasses comme « scène primitive de la poésie réunionnaise ».
Des élèves de seconde ont présenté l'épître aux insurgens et la Boston Tea Party. Un poème de Pouchkine a été lu en russe et en français. La poésie versifiée de Parny a également fait l’objet d’une performance vocale. Plusieurs chansons madécasses ont été interprétées en créole par des élèves de seconde et de première, dans la traduction qu’en ont donné Axel et Robert Gauvin. Ce dernier a su expliquer à quel point il fallait faire preuve d’ingéniosité pour traduire ces premiers poèmes en prose sans les trahir.
Grâce à Chantale Meure (IUFM La Réunion), Catriona Seth, Jean-Michel Racault, Nicolas Gerodou, Laurence Macé (directrice de la bibliothèque départementale), Alain-Marcel Vauthier (ancien directeur de la Bibliothèque départementale), Robert Gauvin, les Tables rondes des 27 novembre et 11 décembre ont permis de découvrir un poète créole très moderne qui ne peut être réduit à son anticolonialisme et son anti-esclavagisme : ses poèmes et ses écrits disent aussi le déracinement et la double culture. Pris entre deux mondes, parisien à Bourbon, créole à Paris, Parny invente une poésie cosmopolite et élégiaque, qui dit le décalage entre l'enracinement créole et la culture française.
L'exposition consacrée au poète éponyme du lycée a lieu dans une case reconstituée à partir d’un dessin de la sienne en 1835 à Saint-Gilles : éditions anciennes et récentes de ses oeuvres, correspondance, illustrations, archives, arbre généalogique, photographies, dessins, sculpture, diaporama, marque-pages, enregistrements audio et vidéo.
Le nombre important d’élèves (environ 400) impliqués dans ces rencontres, la qualité des interventions, la spontanéité et la contagion qui les ont caractérisées correspondent à un regain d’intérêt pour ce poète majeur auquel de grands noms ont rendu hommage : Voltaire, Chateaubriand, Lamartine, Baudelaire, Pouchkine, Sainte-Beuve, Maurice Ravel par exemple. Plusieurs rééditions et traductions récentes des œuvres du poète ainsi que des articles universitaires témoignent d’ailleurs de ce regain.
Le lycée Evariste de Parny dispose désormais de nouveaux outils : un travail vocal en cours, des enregistrements vidéo, une collaboration fructueuse qui commence avec la Bibliothèque départementale, les Archives départementales, le Fonds Barquissau de Saint-Pierre et l'Université : l’effet Parny a bien eu lieu.
27 novembre : de gauche à droite : Nicolas Gerodou, Laurence Macé, Alain-Marcel Vauthier, Catriona Seth, Jean-Michel Racault
à droite : Robert Gauvin et Chantale Meure
11 décembre : Gérard Delmas
11 décembre : Robert
Gauvin
des représentants de
la MCUR, du rectorat, de la municipalité de Saint-Paul et des corps d'inspection ont assisté aux conférences
Mireille Habert
Nicolas Gerodou
élèves de 1STG
élèves de 1ES
l'expo au CDI
Parmi les très nombreuses personnes qui doivent
être remerciées, il y en a 3 qui se détachent : Dani Tioucagna, Agnès Lafourcade (toutes deux documentalistes) et Nicolas Gerodou (professeur). Sans leur travail colossal, les Journées Parny
n'auraient tout simplement pas existé !
Je voudrais aussi que soit remerciée chaleureusement Catriona Seth, qui a su, par son dynamisme, séduire et captiver les élèves. J'ai encore entendu aujour'dhui "ça y est, les élèves savent enfin
qui est Evariste Parny". C'est le travail de Catriona.
Enfin, comment ne pas signaler que sans le cadeau de mes collègues du lycée Alcide d'Orbigny (44830) en juin 2008, un camescope JVC everio, il n'y aurait eu aucun enregistrement vidéo de ces
journées ?! d'ailleurs sans John, mon ami John Leunens (Arts Plastiques, IUFM La Réunion), non plus ; la qualité des enregistrements c'est lui. Et mon amie Guillemette, Guillemette de Grissac
(Lettres Modernes, IUFM La Réunion), mirmerci grandman de ot bonté ! Le travail vocal si applaudi, c'est elle.
Je déposerai bientôt des fragments des vidéos ici, mais le débit adsl est lent à la Réunion, donc patience.