Faire les 3 baies, la boucle complète à pied en partant de Ramena c'est vraiment choisir une rando facile (6 ou 7h de marche sur le plat), inoubliable de beauté et de densité poétique.
Evidemment, la crème solaire, les lunettes de soleil, la casquette et 2 litres d'eau par personne sont obligatoires. Mais l'intensité de ce lieu-charnière entre océan indien et rade de Diego, la
collaboration du vent, du soleil et des vagues, vrais propriétaires de ces espaces, exercent une force incroyable sur les randonneurs. Criques sauvages, plages désertes (où viennent pondre les
tortues la nuit à certaines périodes), tsingy sculptés par projections de sable par les alizés, le sable fin et blanc dans tous les interstices, richesse de la faune et de la flore, là-bas au
loin toujours le chapelet des coraux qui délimitent des bribes de lagon en camaïeu d'émeraude, turquoise, outremer, prusse, cobalt, parfois même vert pomme, phares et vestiges de grandes heures
militaires témoins d'un passé héroïque, tout est tremplin pour le rêve. C'est la saison du varatraza, un vent interminablement fou, les froissements des feuillages se mêlent au fracas des vagues
sur les rochers.
Autant dire que la journée du 9 octobre en compagnie de Véronique, Marielle, Kevin, Amandine et notre guide Richard, a été pour moi une révélation (étymologiquement une apocalypse). Si j'étais
déjà allé en baie de Sakalava avec ma 4L, en baie des dunes avec les enfants en 4X4 et en zébu, je n'avais encore jamais randonné entre les deux. Surtout, il faut faire la boucle entière, en une
fois
ça commence par ce baobab près du Mamelon Vert. Marielle a beau faire sa grenouille qui se veut faire aussi grosse que le zébu, pour l'ancêtre sacré, notre amie est une naine.
la plage de Sakalava est quasiment déserte à 8h du matin mais le soleil est levé depuis longtemps et fait la loi
toute la végétation est adaptée aux vents violents, à la sécheresse, aux colères de l'océan
si ces pirogues pouvaient parler, elles nous confieraient de multiples drames, des clairs de lune admirables, des pêches miraculeuses, des magies sous-marines, des histoires de sirènes
les 3 baies : paradis des kyte-surfers
je reste longtemps à les regarder depuis la plage, mort de jalousie, c'est le sort des gramounes
roches volcaniques sculptées par Eole et Poséidon
flèches de sable grâce auxquelles on touche à l'infini
bois flotté
des traces que l'océan sans honte effacera
des tentatives d'intimidation
des invitations aux défis
des combats immémoriaux
et l'arithmétique de ces petits nids d'amour
tous attendent la caresse de Maman Marée haute
(à suivre)