Depuis 2009, comme on sait que je me rends très souvent à Madagascar pour donner un coup de main en milieu scolaire, beaucoup de gens pensent à me donner jouets, jeux, albums et autres
mini-dictionnaires car "les enfants ont grandi" et ils ont bien raison de ne pas commencer à penser à la déchetterie ou au vide-grenier.
Que tous ceux, nombreux, qui ont donné une 2è vie à tout ce matériel ludique, éducatif et intellectuel depuis 2009 soient remerciés. Et même ceux qui ont laissé des cartons de manuels scolaires
dans ma varangue à Saint-Leu en 2010 sans laisser leur nom ! Qu'ils sachent que les instituteurs de Ramena ont tout répertorié, nettoyé, classé, réparti, que les maternelles et les lionceaux en
font le meilleur usage, après être partis de rien.
Depuis mon passage en mars, les échanges de SMS (parfois coups de téléphone) avec Zina, Georges, Mickaël ont continué. Les mails avec Swanie et Marie-Claude aussi. C'est de cette façon que j'ai
été rassuré (pas d'accident), que j'ai su où avait eu lieu le voyage de fin d'année, que la formation à l'informatique et à l'enseignement du malgache se poursuivaient etc. C'est surtout de cette
façon que j'ai listé les besoins impliqués par l'ouverture du CE2 le 1er septembre prochain.
Début juillet à Paris, j'ai comme d'habitude demandé un visa de 3 mois à l'Ambassade et 10 kgs de plus à Air madagascar en bagage soute avec les points Namako. Je passe sur le problème que
représente le trajet Tana-Diego où ces 10 kgs sont paraît-il impossibles à accorder (d'où le recours au taxi-brousse avec les risques de perte qui vont avec). Toujours est-il que la limite est là
: 40 kgs. Tri obligatoire. La photo ci-dessus ne représente qu'une toute petite partie de mon chargement du 23 août prochain, mais elle est assez représentative. Qu'y voit-on ?
25 fichiers Brissiaud CE2 (maths) et 4 Brissiaud CP + livre du prof, des Je lis avec Dagobert CP, des albums de contes, de chansons, de découverte du monde, des flûtes à bec, des livres bilingues
Jeunes Malgaches avec le dernier titre paru "Rois et reines de Madagascar" (livres achetés à Paris à l'Alliance internationale des éditeurs), des alphabets en bois et en tampons, des perles, des
dictionnaires récupérés, des coloriages, des piles avec chargeur, des disques durs, des clés USB, des lampes frontales, des phares et feux rouges pour les vélos de Georges et Mickaël (pour donner
l'exemple), un jeu de quilles, un jeu de pétanque, des bouées, des masques avec tuba, doliprane/paracétamol/efferalgan, micropur, hexomedine. Autrement dit : ardoises, crayons, cahiers, peinture,
carton sont achetés à Diego ou apportés par le container du Lions Club de Mayotte. En septembre, j'irai passer 5 jours à La Réunion et j'en rapporterai 32 Ile aux mots que nous offre spontanément
monsieur Fontaine, directeur de l'école primaire Vincendo de Saint-Joseph. Au nom des enfants, soyez remercié monsieur Fontaine car l'achat et le transport des manuels depuis l'hexagone est un
casse-tête qui revient chaque année. Si Zina et Michou ont choisi ce manuel de lecture pour les CE1 et CE2, c'est évidemment parce que les enfants l'apprécient. Je rapporterai aussi de la Réunion
les Brissiaud CE2 que Noro va emporter de Paris à Saint-Denis fin août du fait que je dépasse déjà les 40 kgs sur Roissy-Tana. Et bien d'autres matériels que j'achèterai à la Réunion pour monter
jusqu'à 40 kgs à nouveau (Saint-Denis / Diego le 21 septembre).
Ces quelques exemples terre-à-terre suffisent je pense pour se représenter le temps et la patience nécessaires 2 ou 3 fois par an pour assurer continuité et cohérence à ce type d'actions. Après
il reste le casse-tête des dons et parrainages jamais assez nombreux, le stress engendré par l'intransigeance des douaniers et la corruption etc. Mais les miracles existent aussi. Une très très
bonne nouvelle est arrivée en fin d'année scolaire : les parents d'élèves veulent créer une association des parents d'élèves des deux écoles (maternelle et primaire). Ils se sentent concernés et
veulent s'impliquer. C'est la preuve que nos instits ont fait du super-boulot. Même si apprendre aux parents leur métier de parent d'élève en primaire va prendre du temps car cela suppose des
principes clairs appliqués par tous (droits et devoirs des enfants et des adultes), les conditions de réussite et l'épanouissement des enfants seront mieux assurés !
Il ne faut pas se prendre au sérieux : c'est une goutte d'eau dans la mer. Mais cette goutte d'eau, on ne sait pas dire pourquoi, compte. Un jour les poupons se souviendront qu'ils ont appris à
lire avec presque rien grâce à Zina, Nathalie, Michou, Aretha, Monique, Rachida, Marie, Sandra, Georges, Mickaël, et le monde, pour eux, en aura été définitivement changé.
Pour me faire comprendre, je citerai Pascal Quignard : "«Dire que nous sommes des êtres de langage, comme le fait la société, est profondément faux. […] Nous ne sommes pas des êtres parlants,
nous le devenons. Le langage est un acquis précaire, qui n'est ni à l'origine ni même à la fin car souvent la parole erre et se perd avant même que la vie cesse [...] Dans le conte Le nom sur le
bout de la langue le nom propre se perd dans l’effroi. Comme dans la mort. Nous ne sommes pas une espèce qui « possède » le langage. Nous l’acquérons tant bien que mal à partir de l’âge de
dix-huit mois jusqu’à l’âge de sept ans. Nous le perdons dans l’angoisse et plus encore en vieillissant. Le langage ne nous définit pas : il défaille en nous. »