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7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 11:16

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Manomboka ny abidy aho "Mon premier alphabet"
Any ambanivohitra "A la campagne",
Rakibolana voalohany "Mon premier dictionnaire"
Ao an-trano "A la maison",
Any am-pianarana "A l'école"
Mianatra manisa "Apprendre à compter"
Mandeha fiarandalamby "Prendre le train"
Am-perinasa "En pleine action"
Any an-tsena "Au marché"
Ao an-jaridaina "Au jardin"
Edisiona Md. Paoly, Antananarivo / Filles de St Paul. 1992, 1995, 2001, 2004, réed 2009
Ce sont quelques-uns des titres des manuels bilingues que j'ai pu rapporter de Tana fin août afin d'aider Michou et Zina à démarrer l'enseignement du malgache officiel en CE2. Même si les malgaches de Diego comprennent les malgaches de Tana et vice-versa, il y a de grandes différences entre leurs systèmes linguistiques respectifs, lexicalement et morphosyntaxiquement.
Pour disposer d'un petit résumé clair de l'histoire de l'école primaire et des manuels scolaires à Madagascar, le mieux à faire, c'est sans doute de suivre ce lien :
http://www.ceped.org/cdrom/manuels_scolaires/sp/chapitre4.html#part1
J'en copie-colle ici les premiers paragraphes.
À Madagascar, il est possible de dater très précisément les débuts de l'enseignement : la première école a été ouverte le 3 décembre 1820, sous le règne du roi Radama I, par les révérends Jones et Griffiths de la " London Missionary Society " (Ravelomanana, 2005). À cette date, l'enseignement est réservé à une élite et la quasi-totalité des enfants malgaches n'accèdent pas à l'école. La première loi scolaire date de 1876 (Loi des 101 articles). Elle instaure l'obligation scolaire pour tous les enfants de 8 à 16 ans. Elle ne sera pas mise en application avant le code des 305 articles de 1881 qui prévoit des amendes pour les parents qui ne respecteraient cette obligation. L'instruction est alors entièrement à la charge des missions catholiques et protestantes et les textes religieux tiennent lieu de manuels scolaires (Ravelomanana, 2005). Les écoles de la " London Missionary Society " accueillent des jeunes filles pour en faire, non pas des intellectuelles, mais des " Christian Ladies ". Au programme de ces enseignements, il y a la langue malgache, la langue norvégienne ou anglaise selon les missions, l'algèbre, la lecture, l'écriture, mais aussi la broderie, la dentelle, les confitures, le savoir-vivre ainsi que l'étude de la bible (Randriamandimby, 1985).

En 1896, lorsque Madagascar est annexé par la France, le Général Gallieni (gouverneur de Madagascar de 1896 à 1905) doit mettre en place des écoles officielles, sous la responsabilité de l'État. Dans un contexte où catholiques et protestants se disputent le secteur de l'éducation, Gallieni souhaite que les écoles coloniales soient laïques sans aucun enseignement religieux (Lupo, 1982). Le 12 février 1897, le décret donnant naissance à l'école officielle est publié ; il instaure la gratuité de l'éducation, l'enseignement en français et la neutralité en matière religieuse de l'école comme de l'administration. Les décrets de 1904 (25 janvier 1904) relatifs à l'organisation du système scolaire officiel réaffirme la laïcité de l'école et dès lors les établissements privés cessent totalement d'être aidés par l'État (Lupo, 1982). Pendant la colonisation, les principes de l'obligation scolaire et de la gratuité de l'école sont en vigueur, mais ils ne peuvent s'appliquer que dans les régions où l'offre scolaire est suffisante pour accueillir les enfants, limitant de fait l'accès à l'école pour la majorité des populations rurales. Deux systèmes scolaires coexistent tout au long de la colonisation : un réseau dit " indigène " et un réseau " français " réservé aux élites (Deleigne et Kail, 2004). Le programme officiel dans les écoles primaires prévoit un enseignement général et un enseignement professionnel : dessin pour tous les élèves, travaux manuels ou agriculture pour les garçons et travaux de couture pour les filles. Les manuels scolaires qui accompagnent ces enseignements témoignent de cette division sexuée des tâches, correspondant à l'image que les colons se font de la représentation des rôles et attributions de chacun des sexes. Aux garçons, il s'agissait de donner un enseignement à caractère industriel, agricole et commercial, de manière à former la main-d'œuvre nécessaire à l'exploitation des richesses naturelles et au développement industriel de l'Ile (Ravelomanana, 2005) ; quant aux filles, l'enseignement ménager " destiné en général à former des femmes au foyer, épouses, mères…, a constitué la clé de voûte de toute la politique coloniale en matière d'éducation féminine " (PNUD, 2004 : 40).

Jacqueline Ravelomanana a consacré sa thèse à la question de la politique coloniale et des manuels de l'enseignement primaire à Madagascar entre 1896 et 1915 (Ravalomanana-Randrianjafinimanana, 1978). Elle montre que les livres scolaires, rédigés alors par les colonisateurs, ne reflètent en rien la réalité, mais représentent " la femme malgache " telle que souhaitée par les colonisateurs : elle met la maison en ordre, elle pile le riz, elle va chercher l'eau à la fontaine, etc. Le travail domestique est, dans les manuels, entièrement dévolu à la femme dont on magnifie le rôle d'épouse, de mère, de femme au foyer. Les manuels sont là pour inculquer aux élèves une répartition des rôles, des métiers selon les sexes, selon des stéréotypes importés par les colonisateurs. Dans l'ensemble des textes étudiés par l'auteur, sur 23 métiers cités, seuls deux concernent des femmes : une sage-femme et une couturière. Les manuels dont disposent les enfants laissent penser que " la femme malgache " est " attachée à sa maison ", que seules les veuves, les femmes divorcées ou celles dont le mari ne peut travailler peuvent légitimement prétendre à un emploi.

L'effort des autorités coloniales pour développer la scolarisation porte ses fruits. En 1960, au moment de l'Indépendance, avec un taux brut de scolarisation à l'école primaire de 56 %, Madagascar se situe parmi les pays d'Afrique où les enfants sont les plus scolarisés (Lange, 2000). Dès 1960, l'État malgache affirme le droit à l'éducation pour tous les enfants, la gratuité de l'école primaire et l'obligation scolaire (Ordonnance 60-044 du 15 juin 1960). L'enseignement est théoriquement entièrement dispensé en français. En 1972, la langue malgache redevient la langue d'enseignement et il faut attendre 1992 pour que les cours soient de nouveau dispensés en français dans les écoles primaires. Par conséquent, depuis 1992 et jusqu'à aujourd'hui, les manuels scolaires sont en langue française, à l'exception bien évidemment de l'enseignement de la langue malgache. Il faut cependant préciser que certains enseignants actuels ayant été eux-mêmes formés en malgache éprouvent des difficultés à enseigner dans la langue française et qu'un projet de manuels bilingues est en cours.

Le taux net de scolarisation à l'école primaire pour l'année 2002-2003 est de 79 % (PNUD, 2005). Lorsque l'on compare Madagascar aux autres pays africains, une spécificité apparaît : la parité entre les filles et les garçons à l'école primaire. En 2002-2003, on compte 96 filles pour 100 garçons : ce ratio varie de 94 en classe de 11ème (Cours Préparatoire) à 102 en classe de 7ème (Cours Moyen deuxième année) (MENRS, 2006). Cette parité est loin d'être acquise dans l'ensemble des pays du Sud et Madagascar fait plutôt figure d'exception (PNUD, 2005).

L'école primaire est obligatoire à partir de six ans. Les enfants entrent alors en Cours Préparatoire (11ème) qui dure deux ans. La classe suivante s'appelle Cours Elémentaire (une année) puis Cours Moyen (deux années). Le premier cycle de l'Éducation fondamentale -l'école primaire- dure donc cinq ans. À la fin de ce cycle, les élèves passent un examen : le Certificat d'Études Primaire Élémentaire (CEPE). Sans cet examen, les élèves ne peuvent accéder au collège. Ceux qui n'obtiennent pas ce diplôme redoublent ou s'orientent vers des écoles privées qui acceptent les enfants ayant échoué au CEPE. Certains arrêtent définitivement leur scolarité malgré l'obligation scolaire jusqu'à 16 ans.

Au niveau national, un peu moins de 20 % des élèves à l'école primaire sont inscrits dans des écoles privées. Les établissements privés sont soumis à l'autorisation et au contrôle de l'État et ils sont tenus d'appliquer les programmes officiels en vigueur dans les établissements publics (Loi n° 94-033 du 23 mars 1995 portant orientation générale du système d'éducation et de formation à Madagascar). Quand ces écoles privées sont confessionnelles, s'ajoutent aux disciplines habituelles un enseignement religieux.

L'histoire de la mise en place du système scolaire malgache permet de mesurer tout l'intérêt de l'analyse des manuels scolaires actuels qui ont remplacé la bible et les textes religieux du XIXe siècle. Les programmes scolaires et le matériel pédagogique ont toujours été le support de normes, de valeurs que les autorités religieuses ou politiques ont voulu diffuser dans la société malgache. Textes religieux ou manuels laïcs valorisant la femme épouse, mère ou fée du logis, les manuels sont, à Madagascar comme ailleurs, un bon indicateur de la place sociale des femmes en général et plus précisément des relations entre les hommes et les femmes à un moment donné de l'histoire. Aujourd'hui, en l'absence de discrimination en matière d'accès à l'école, filles et garçons vont donc être confrontés au même titre à l'enseignement primaire et aux manuels scolaires, aux images et aux stéréotypes véhiculés.

Avant 2002, il n'y avait pas de politique nationale concernant les manuels scolaires. Chaque instituteur était libre de choisir les supports pédagogiques de ses cours. Les manuels utilisés étaient édités à Madagascar ou importés de France. Depuis 2002, le Ministère de l'Éducation Nationale et de la Recherche Scientifique (MENRS) a instauré au sein des écoles publiques des règles strictes concernant le choix des manuels scolaires. Dans le cadre du Plan " Éducation pour Tous ", le MENRS s'est fixé comme objectif de doter chaque élève d'un manuel dans les disciplines principales (Repoblikan'i Madagasikara, 2005).

Après une redéfinition des programmes scolaires, le MENRS a rédigé un cahier des charges précis concernant le contenu des manuels. Un appel d'offres a été lancé pour l'édition d'ouvrages scolaires, conformes aux programmes scolaires officiels. De grandes maisons d'édition françaises, comme Edicef (Hachette), ont décroché ce marché avec l'aide de bailleurs internationaux. Les manuels ont été édités pour être distribués gratuitement aux écoles publiques et privées. Tous les niveaux (du Cours Préparatoire au Cours Moyen) et toutes les disciplines (langues française et malgache, mathématiques, géographie, connaissances usuelles) sont concernées. Cette opération va prendre évidemment du temps, le nombre d'écoles et d'élèves à approvisionner étant important (en 2003-2004, il y a 2,856 millions d'enfants inscrits en primaire). Parallèlement le MENRS recommande certains manuels édités à Madagascar pour les écoles publiques en attente des manuels du ministère ou pour les écoles privées ne bénéficiant pas de programmes nationaux de distribution gratuite de manuels. Pour qu'un ouvrage soit recommandé par le ministère, son contenu doit conforme aux programmes officiels d'enseignement. Parmi les manuels recommandés par le MENRS, citons la collection rédigée par Maxime Ratoejenahary qui traite presque toutes les disciplines pour tous les niveaux (de la Maternelle au Cours Moyen). Ce sont des ouvrages très fréquemment utilisés dans les écoles primaires, en vente dans les librairies. Ils sont édités par une maison d'édition d'Antananarivo (Sédico) et se vendent 2,5 euros pièce [1]. De plus, sont apparus récemment dans les librairies et sur les étals des marchés aux livres principalement à Antananarivo, deux manuels français : " La méthode Boscher : La Journée des Tout-petits [2] " et " La méthode de lecture traditionnelle : Daniel et Valérie [3] ". Ces manuels sont vendus neufs, d'occasion, mais aussi photocopiés à un prix relativement faible. Ils sont utilisés dans certaines écoles primaires de la capitale.

[1] Le salaire minimum appliqué dans le secteur privé est d'environ 23 euros par mois, dans la fonction publique, le SMIG est de 40 euros.
[2] Ce manuel édité par Belin est un manuel d'apprentissage de la lecture, paru pour la première fois après la seconde guerre mondiale. La version actuellement en usage est légèrement différente de la première édition mais elle reste " désuète ".
[3] Ce manuel est édité par Nathan et la première édition date de 1970 et c'est toujours celle-ci qui est diffusée.

 

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le moumoute se dit "saka" à Tana, "rabosy" à Diego

 

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le bonchien se dit "alik" à Tana, "mboa" à Diego

 

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