Si je ne m'étais pas marié, je n'aurais pas pu divorcer.
Si je n'avais pas divorcé, je n'aurais pas rencontré celles que je vais retrouver.
Si, en 2007, j'avais pu travailler au Maroc, je ne serais pas allé dans ce pays le mois dernier.
Si, en avril 2000, je n'avais pas échangé par mail avec Eric et François, nous n'aurions pas créé une liste de discussion qui m'a permis de rencontrer Noro en 2009, laquelle m'a fait rencontrer
Nova sur le Dimitile, Nova grâce à qui j'ai apporté des graines oléagineuses à Mary-Claude à Antsirabe, ce qui m'a conduit à parler avec Chantal, qui a donné un an plus tard, sans que je le
sache, mes coordonnées à Hélène, qui, ô bonheur, vint me voir à Ramena où elle aida Aretha à faire la classe aux poupons de CP en novembre 2010.
Si Hélène n'avait pas parlé à ses amis de mon désir de randonner dans le Haut-Atlas, je n'aurais pas rencontré Jean-Pierre, un ami de ses amis, grâce à l'eau de vie duquel je vais pouvoir
continuer à faire du vin de noix, et Dieu sait si le vin de noix, pour un tourangeau, c'est sacré.
Si un cyclone, une maladie, un mari jaloux ou un accident d'avion m'avait envoyé dans l'Hadès, je ne tiendrais pas en ce moment un stylo dans la main droite, et vous ne seriez pas en train de
lire au lieu de faire autre chose.
Si la conjonction de coordination "si" n'existait pas, il faudrait l'inventer, si señor.
Si 6 scies scient 6 cigares, 606 scies scient 606 cigares.
Si la cigale avait économisé, La Fontaine n'aurait pas écrit sa fable.
Si Alexandre n'avait pas créé Fabula, je n'aurais pas su en 2003 l'existence du Colloque d'Albi et je ne serais pas en ce moment dans un restaurant au pied de la cathédrale Sainte-Cécile, à 2 pas
du musée Toulouse-Lautrec qui fait la fierté de la ville natale du peintre.
Si les frères Lumière n'avaient pas été géniaux, ils n'auraient pas inventé le cinématographe.
Si le Boson de Higgs n'existait pas, ça se saurait.
Si la serveuse est sympa, elle va me dire le nom du perroquet du restaurant qui, depuis 1h, assure l'animation de l'établissement avec un répertoire qui ferait pâlir Loulou, le perroquet de
Flaubert : lexique, bruitages, timbres, modulations vocales.
Et voilà, c'est Zoé. Qui vient de prononcer distinctement "Bonjour", "profiterolles" et qui sait miauler et aboyer.
Si en 1987, j'avais accepté la nomination farfelue que m'avait trouvée le rectorat, je n'aurais pas rencontré Monique à Cholet, ni croisé peu après mon ex au CRDP, où le recteur, très inspiré,
déclara, devant des centaines de lauréats aux concours : "vos nuits sont à vous, mais vos jours sont à l'Etat", ce à quoi j'ai répondu du tac au tac et tout fort sans faire exprès : "Oui mes nos
nuits sont plus belles que vos jours".
Si, en 1980, des règles irrationnelles et même surnaturelles, régissant les nominations des admis aux concours ne m'avaient pas relégué aux confins de mon académie, je n'aurais pas rencontré
Eliane ni découvert grâce à elle l'oeuvre de Joe Bousquet.
Zoé