La Terre Adélie, le district le moins accessible puisque ouvert au transport seulement 4 mois par an. Photo Samuel Blanc - Taaf JIR/Clicanoo 24 août 2010
Le Marion-Dufresne est parti samedi dernier vers la Terre Adélie. A bord, une certaine Soorie à qui nous allons souvent penser (as-tu emporté un appareil-photo mécanique ?)
Merci au JIR/Clicanoo de nous en dire un peu plus sur cette mission ci-dessous.
A bord aussi, une trentaine de cartes postales que j'ai portées aux TAAF à Saint-Pierre début août pour certain(e)s d'entre vous afin de ravir les philatélistes Mais n'attendez rien avant octobre ou novembre.
Je récidiverai l'an prochain avec les timbres des îles éparses ci-joint. Peut-être même sur place si j'ai réussi à économiser et à partir moi aussi.
Clicanoo 24 août
"Sous-préfets" des antipodes
Trois des quatre nouveaux chefs de districts des Terres australes ont pris la mer hier après-midi à bord du Marion Dusfrene. A la fois maires, sous-préfets et policiers, ils veilleront une année
durant sur ces possessions françaises des antipodes.
Fièvre des grands jours hier matin sur le quai n°8 du port ouest pour les derniers préparatifs avant la traditionnelle rotation hivernale du Marion Dusfrene. Chaque année au mois d’août, le
bateau logistique et scientifique de l’Institut polaire achemine les nouvelles vigies de la France sur les îles et terres australes. Techniciens, administratifs, et surtout chefs de districts
partent relever les équipes précédentes et prennent leurs quartiers pour une année. Pour l’exercice 2010-2011, deux hommes et deux femmes ont été sélectionnés pour prendre 12 mois durant la
charge d’un territoire. Ainsi, Marianne-Frédérique Pussiau, cadre de l’administration centrale veillera sur le district de Crozet. Marc Bertrand, ancien militaire et chef d’entreprise prendra lui
les commandes de Kerguelen. Gestionnaire hospitalier à la Réunion, Jean-Louis Carré s’occupera pour sa part d’Amsterdam. Tous trois sont déjà en route vers leurs affectation. Marion François,
ingénieure dans le secteur de l’énergie, devra elle attendre le mois de novembre pour prendre le cap de la Terre Adélie, via la Tasmanie, hiver austral oblige.
Multifonctions
Une lourde tâche attend donc ces quatre "sous-préfets atypiques", selon l’expression de Rollon Mouchel-Blaisot, le préfet des Taaf. Chacun sera sur son district le chef de l’administration
locale, garant de l’action de l’Etat et de la souveraineté française. Rien de moins. Une fonction officielle qui se traduira de multiples façons. Un chef de district est aussi bien responsable de
l’exécution des programmes scientifiques que de l’entretien du matériel des bases. Officier de police judiciaire, il est également responsable de l’ordre public et signe en outre, en tant
qu’officier de l’état civil, les éventuels actes de mariage ou de décès. Véritables chefs d’orchestre de la vie communautaire sur ces territoires isolés, les quatre candidats à l’aventure
australe composeront avec quelques dizaines de résidents seulement, employés de bases, scientifiques et quelques rares touristes. Cette année, Rollon Mouchel-Blaisot a d’ailleurs considérablement
alourdi la charge de travail de ses représentants. La formation de quelques semaines dispensée à la Réunion et à Paris a intégré pour la première fois une forte sensibilisation aux enjeux de la
réserve naturelle nationale des Taaf. Le plan de gestion de ce plus grand territoire protégé d’Europe (voir par ailleurs) devrait être présenté en fin d’année au ministère de l’écologie. Mais les
quatre chefs de district devront d’ores et déjà veiller à la protection de ces écosystèmes uniques au monde.
Joies et peines de l’isolement
Quelques heures avant le départ, l’heure était donc hier aux derniers conseils du préfet à ses représentants. Ses quatre recrues ne cachaient pas leur joie et leur impatience, balayant d’un
revers de main l’angoisse de l’isolement et de la solitude. "Quand on est candidat, on a le temps de s’y préparer longuement. J’aurai peut être une appréhension en descendant du bateau, pour un
an ferme... Mais c’est une expérience unique..." relativisait hier la nouvelle chef de Crozet. Appuyée par son homologue de Kerguelen. "Avec le téléphone, le mail, le fax, c’est un isolement
relatif. Et puis l’insularité, c’est ce qu’on vient chercher". En fin connaisseur de ces rotations annuelles, Rollon Mouchel-Blaisot a tempéré l’enthousiasme de ses troupes. "J’ai le souvenir
qu’en repartant de la Terre Adélie, on voyait ceux qui restaient fixer le bateau jusqu’à ce qu’ils disparaisse. Vous verrez, vous aussi, quand vous serez sur votre base, vous regardez le bateau
jusqu’à ce qu’il passe la ligne d’horizon" leur a prédit le préfet. Ils auront brièvement le loisir d’en débattre avec leurs prédécesseurs, qui, eux, seront de retour à la Réunion dans 26 jours
exactement.
Romain Latournerie
Bientôt des résidences d’artistes
A l’image de Jean-Paul Kauffman, auteur de L’Arche des Kerguelen, d’autres écrivains pourraient bientôt poser leurs valises dans les Taaf. Rollon Mouchel-Blaisot a dévoilé hier l’avancée
de discussions avec son ministère de tutelle et la Drac de la Réunion pour mettre en place des résidences d’artistes dans les bases françaises australes. "Nous souhaitons développer des
résidences littéraires, plastiques et visuelles. Je dois rencontrer prochainement les peintres et les écrivains de la marine" a expliqué le préfet. Son directeur de cabinet précisant qu’une forte
demande provenait notamment des écrivains étrangers francophones.