Cet article est dédié à Philippe Malherbe, mon ami décédé le 24 novembre dernier le jour de ses 51 ans. Toi qui t'étais fait tatouer une tortue sur le bras, tu aurais aimé l'expo Mada/Nova que j'ai vue ce matin.
Depuis le 15 juin, se tient à Kelonia, à St-Leu, une expo sur les tortues marines, en particulier celles qui pondent à Juan de Nova.
Mada/Nova est le nom d’une mission scientifique pluridisciplinaire qui va conduire des chercheurs réunionnais jusqu’à l’île Juan de Nova en longeant la côte malgache depuis Nosy Be. L’objectif est de compléter l’inventaire de la biodiversité de Juan de Nova. Kélonia et Ifremer vont réaliser des prélèvements pour l’étude de la génétique des tortues marines du Sud-Ouest de l’océan Indien. L’équipe du Muséum d’Histoire Naturelle de Saint-Denis va se concentrer sur l’étude des insectes, et profiter de la présence du Centre Multimédia de l’Université de La Réunion pour présenter les vestiges de l’exploitation passée de Juan de Nova.
http://wwz.ifremer.fr/lareunion/les_projets/tortues_marines/migration_des_tortues_marines
Dynamique Migratoire des Tortues marines nidifiant dans les Îles françaises de l'océan Indien - Contribution à la finalisation des recommandations scientifiques pour la mise en place d'un plan de conservation : projets DYMITILE et SWIOFP-C5
En 1973, une station météo permanente est installée. L'année suivante, un détachement militaire vient compléter la présence française sur l'île. Cela permet l'entretien de la piste d'aviation et d'une partie des infrastructures. L'arrêt de l'exploitation permet à l'île de retrouver peu à peu son aspect sauvage. La végétation envahit les vergers, les potagers, les pintades se dispersent dans la savane. A la saison de la reproduction, chaque soir, le ciel s'obscurcit d'un nuage bruyant de centaines de milliers de sternes. Sur les récifs et les plages, les carcasses des navires échoués se disloquent sous l'assaut répété de la houle et des vents.
Systématiquement chassées pour leur viande et leurs oeufs afin de nourrir les ouvriers et leurs maîtres, les tortues qui avaient pratiquement disparu, refont leur apparition sur les plages. La nuit, les tortues vertes (Chelonia mydas) se hissent lentement jusqu'au sommet des plages pour y déposer leurs oeufs dans le sable.
Plus légères, les tortues imbriquées (Eret mochelys imbricata) choisissent parfois de monter pondre en plein jour. Les oeufs resteront protégés dans le sable plusieurs jours avant que les bébés tortues ne déchirent la coquille souple et n'entament leur remontée vers la surface, puis leur course effrenée vers le large.
Quelques années plus tard, les jeunes tortues reviennent, au rythme des marées, dormir, dans les zones peu profondes du lagon à l'abri des requins.
En 1501, le Capitaine Juan de Nova, Hidalgo de Galice au service du roi du Portugal Manuel 1er le Grand, découvre l'île, alors inconue, à laquelle il donne son nom. Simple lieu d'escale ou refuge de pirates, l'île jugée peu intéressante était cependant régulièrement visitée par les malgaches qui venaient y pêcher et prélever des tortues marines. Elle sera cependant rattachée à l'empire colonial français en 1897. Vers 1900, un bail est accordé à un français pour une durée de 20 ans, mais il restera jusqu'à la déclaration de la guerre en 1939. L'exploitation du guano, du phosphate et du coprah débute et va laisser une empreinte encore visible sur l'île. Au début du XXè siècle, la cocoteraie produisait 12 tonnes de coprah par an.
Après une semaine de cabotage et 20h de mer, les scientifiques voient enfin Juan de Nova se dessiner sur l'horizon. Située dans le canal du Mozambique, à environ 150 km des côtes ouest de Madagascar, l'île fait partie des Eparses au même titre que Europa, Bassas da India, Glorieuses et Tromelin. Gérés par les Terres Australes et Antarctiques Françaises, ces espaces sont classés en réserve naturelle, réglementant ainsi la pêche et le séjour des personnes sur ces îles. Un détachement militaire et un gendarme assurent une présence permanente sur l'île, l'entretien des installations et le contrôle de la réglementation. La faible présence humaine fait de ces îles des milieux de référence pour les études scientifiques.
L'île en forme d'enclume mesure 6 km de long. Son rivage est constitué presque exclusivement de plages de sable blanc d'une grande finesse. Un vaste lagon et une barrière de corail protègent l'île de la houle et des vents du Sud. Le centre de l'île est en grande partie planté de filaos, tandis que sur les pointes Est et Ouest une végétation basse de veloutiers accueille une importante colonie de sternes.