Une délégation du Lions Club de Mamoudzou rend visite ce week-end aux 2 associations qu'elle subventionne à Ramena : l’association La maternelle de Ramena qui fonctionne pour la 8è année, et l’association Ramena qui vient de créer le CP.
www.normada.com/association-ramena/
www.normada.com/maternelleramena/
Nos amis mahorais nous ont remis 2 chèques de 1000 et 3000 euros qui vont financer la construction des salles du primaire. Trois compagnons (du Tour de France) viennent en janvier pour cela. Les dons de la liste Dialettres serviront surtout à payer des écolages. 95 enfants sont inscrits en maternelle, 22 en CP (16 sur 22 sont parrainés). L’écolage en maternelle, c’est 66 000 ariarys /an (environ 26 euros). L’écolage en CP, c’est 100 000 ariarys / an (environ 40 euros).
Hier soir était un moment folklorique mais symboliquement fort, avec discours, remise des chèques, ovation aux maîtresses, lancer de lanternes magiques au-dessus de la baie de Diego sous la lune qui s'était mise sur le dos, danses endiablées
Et moi, je remplace à nouveau Aretha demain matin, c'est super.
allumage des lanternes magiques
leur envol
J'en ai compté jusqu'à 19. Je n'en revenais pas. Ce sont les bonchiens qui pourrissent et nourrissent mes nuits. Depuis le 22 septembre. Bientôt deux mois. Vers 18h, les moustiques annoncent la
tombée de la nuit. Dengue, palu, chick à quoi je réponds 5 sur 5, citronnelle, manches longues, moustiquaire et tortillons à consumer. On essaie de rentrer vite. Mais il faut laver les timbales,
fermer les tubes de gouache, mettre sous clé canson et pinceaux. Faire des courses. Heureusement, avant 20h, les agressions contre un vasaha isolé sont rares. Après, taxi obligatoire. Encore
faut-il éviter de tomber sur le chauffeur de taxi qui m'a dépouillé.
19 donc. C'est vers 22h qu'ils commencent à se relayer : wow wow wow wow wow wow wow wow wow wow wow wow wow wow wow wow. ça dure, ça dure, des heures, sans temps mort, 23h, minuit, 1h, 2h, 3h.
Vers 3h30, ce sont des plaintes, des wouwouwouwou lancés à la lune. Mais surtout, de temps en temps, les wow wow wow wow sont ponctués par un hurlement suraigu kaïkaïkaïkaï. J'ai mis des jours et
des nuits à m'expliquer ce kaïkaïkaïkaï au milieu des wow wow wow wow. La plupart de ces bonchiens passent le plus clair de leur temps diurne immobiles, lovés dans un creux poussiéreux de la
chaussée défoncée, et un passage dans la benne pleine d'immondices toute proche ne peut suffire à les sustenter. C'est lorsque j'en ai vu deux se poursuivre que j'ai compris : en fait, ils n'ont
que trois pattes valides. Et ils courent aussi vite sur trois pattes que sur quatre. Que font-ils quand survient le kaïkaïkaïkaï ? Comment expliquer le passage des sourds wow wow wow wow au
strident kaïkaïkaïkaï ? C'est tout simplement l'heure de la gamelle. Un bonchien se fait movéchien et cherche à croquer une des trois pattes du bonchien le plus proche ou le plus amoché. Le
problème consiste à fabriquer un bonchien à deux pattes (comestible) avant d'être devenu soi-même un bonchien à deux pattes. A croquer avant d'être croqué. A ce moment-là, c'est gagné. Je suis
sûr que la partie est remportée d'avance quand on a choisi un bonchien tripode, dépenaillé, pelé, galeux, pouilleux, terreux, osseux, minable, mais néanmoins saignant, bleu, tartare, si on
mastique bien.
Il doit y avoir un système de renouvellement car ils sont toujours aussi nombreux. Les faubourgs jouent le rôle de réserve sans doute. Un congénère de la périphérie de la ville comprend que c'est
son tour de faire le trajet, de passer de quatre à 3, puis de 3 à 2 pattes. De vérifier ce que disait Charles Darwin il y a un siècle et demi.
Le matin, les bonchiens repus dorment.
Quant à ce moumoute de l'hémisphère nord, nommé Pastis, il plume des pigeons par désoeuvrement. Et aussi pour faire un peu d'exercice. Car sur la bascule, il pèse autant que deux bonchiens de ma rue. Pour faire comme les autres, parfois, il miaule : ses émincés de canard aux petits légumes goût souris pourraient être cuisinés plus délicatement.
dimanche dernier, c'était jour de régate à Ramena !
la voile du vainqueur se profile à l'horizon, c'est celle de Papajean !
8 participants ont rivalisé de prouesse
Franck Cammas a bien fait de ne pas venir, il aurait été battu !
sprint final
on attend encore 6 skippers
dès la ligne franchie, la voile est affalée, la barque est envahie par les admirateurs
le Roi de la mer arrive juste après Papajean
puis Portebonheur
Portebonheur est ovationné
le ravitaillement arrive
Ce matin, 7h, surprise, Aretha arrive avec son fils de 18 mois (qu'elle allaite en classe) alors que je prenais mon petit déjeuner au Badamera Café : "Hakim a une grosse bronchite, je vais
à Diego pour qu'il voie le docteur --- D'accord je prends le CP --- Je t'emmène avec le 4X4 ajoute Swanie" Soulagement de la maîtresse. Pour moi, c'est le rêve. Comme sur des roulettes avec
une vingtaine de bambins adorables.
-- 8h, l'appel, les rites
-- Lecture : savoir lire et écrire des mots qu'on emploie tous les jours, reconnaissance des syllabes connues à graphie unique (Ramena, école, Badamera café etc.)
-- Chant : j'accompagne à la flûte
-- Dessin, couleurs sur grandes feuilles ; l'inspiration vient de la régate de la veille, remportée haut la main par Papa Jean.
-- Lavage des mains (Denisca et Francia tirent le seau d'eau du puits)
-- Calcul : 2 notions encore jamais abordées : plus grand que / plus petit que
-- Chant à nouveau et retour de Maîtresse à midi
Les dessins seront offerts aux délégués du Lion's club de Mayotte (nos principaux bailleurs de fonds) car ils nous rendent visite le week-end prochain.
Dialettres, une liste de discussion privée de profs de lettres a annoncé une aide financière pour aider la création du CE1 l'an prochain (en nous achetant des tampons).
Claudie, une amie nantaise, a promis d'offrir un ordinateur portable en très bon état début janvier.
Enfin, une correspondance scolaire commence fin décembre avec le CP de Grande Ravine (Trois Bassins, La Réunion). C'est comme ça, la vie est très dure ici, mais parfois, c'est une pluie de bonnes
nouvelles.
Riding with death, 1988, acrylique et pastel gras sur toile, 249 X 289,5 cm
oeuvre réalisée peu de temps avant la mort de JM B.
Connaissance des arts, H.S. n°468 octobre 2010, page 64-65
J'ai eu la chance avant-hier, de découvrir l'expo "Basquiat" qui a lieu au Musée d'art moderne de la Ville de Paris jusqu'au 30 janvier 2011, à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa
naissance.
Les encyclopédies disent "de mère portoricaine et de père haïtien, né en 1960 à Brooklyn et mort en 1988 à la suite d’une overdose à l’âge de vingt-sept ans". Sa signature : SAMO (pour « Same Old
Shit ») accompagné d’une couronne et du sigle du copyright. Culture underground, primitivisme, spontanéisme, admiration pour Andy Warhol, mais aussi pour Picasso.
Les toiles que j'ai vues (qui me hantent) donnent à lire des noms de noirs célèbres : Malcolm X, Cassius Clay, Charlie Parker, Miles Davis, le batteur Max Roach (concert à Rennes en 1977...)
Pourquoi parler de toiles, ce sont des planches, des morceaux de palissades, des linteaux récupérés, des sacs, des tôles, des masques mortuaires, des corps suppliciés, des cranes, le quotidien
des opprimés, de ceux qui saignent, dont la couronne d'épines est remplacée par JM B par une couronne royale. Mes élèves malgaches apprécieront. Dès demain.
C'est de la peinture. De la beauté noire. Jean-Michel Basquiat ne fait que donner, se donner, offrir, s'offrir. Pas de titres, ou si peu, tout est untitled. Pourtant des mots dans l'acrylique et
les pastels gras, nombreux. Mais lus-recopiés. Répétés. Mis sous nos yeux. Ironie retournée contre la violence du monde.
Sur une toile, des gouttes de sang ont rajouté du rouge aux pigments : "acrylique, pastels gras, sang". Je pense au poème de Guy Régis Junior "Atteint" "Atteint De quoi ? D'une balle. Tu sais, un
projectile qui court... il court, il court et il rentre ; il court, il court, il court, il ravage" voir ici l'article "Guy Régis Junior" du 14 sept 2010. Ce n'est donc pas seulement parce que
Jean-Michel avait un père haïtien que Guy Régis m'avait dit l'aimer. Immédiateté, intensité paroxystique, multitude des blessures et meurtres par balle.
Il faut avoir souffert pour savoir, pour faire savoir que le monde est laid. Jean-Michel le dit et on fait l'étonné on se le cachait. Après Jean-Michel Basquiat, on sait mieux que le mal existe
tapi partout mais pour combien de temps. L'esclavage surtout, ses nouvelles formes subtiles. Oui les donneurs de leçons, les as du formatage, vous êtes cois pour combien de temps. Heureusement,
on a Jean-Michel Basquiat, sa peinture violente pour pleurer. Son jazz pour se rappeler que la beauté est noire.
Famous Negro Athletes, 1981
pastel gras sur papier, 58,1 X 88,9 cm
coll Glenn O'Brien, NY
carte postale vendue au musée d'Art Moderne de la Ville de Paris (adagp paris 2010)
Now's the time, 1985, acrylique et huile sur bois, ø 235 cm
hommage à Charlie Parker
Connaissance des arts, H.S. n°468 octobre 2010, page19
Hollywood Africans, 1983, acrylique et huile, papier collé sur panneau, morceau de bois et ficelle, 213,5 x 213,5 cm
the Whitney Museum of American rt, NY
Connaissance des arts, H.S. n°468 octobre 2010, page34
In Italian, 1983, acrylique, pastel gras, feutre et assemblage sur toile sur cadre de bois, 225 X 203 cm, the Brant Foundation, E-U
Connaissance des arts, H.S. n°468 octobre 2010, page35
Undiscovered Genius of the Mississippi Delta, 1983, acrylique, huile et collage papier sur toile, 121,9 X 467,4 cm, courtesy The Brant Foundation E-U
Connaissance des arts, H.S. n°468 octobre 2010, page36-37
Pegasus, 1987 (détail), acrylique, pastel gras, graphite et crayons de couleur sur papier marouflé sur toile 223,5 X 228,5 cm courtesy Galerie Tony Shafrazi, N-Y
Connaissance des arts, H.S. n°468 octobre 2010, page 40
Philistines, 1982, acrylique et pastel gras sur toile, 183 x 321,5 cm, coll Irma et Norman Braman, E-U
Connaissance des arts, H.S. n°468 octobre 2010, page 42-43
Tuxedo, 1982-83, sérigraphie sur toile, 260 x 152 cm, courtesy Galerie Bruno Bischofberger, Zurich
Connaissance des arts, H.S. n°468 octobre 2010, page 45
Boy and Dog in a Johnnypump, 1982, acrylique, pastel gras et peinture à l'aérosol sur toile, 240 x 420,5 cm, courtesy The Brant Foundation, E-U
Connaissance des arts, H.S. n°468 octobre 2010, page 52-3
Untitled, 1987, acrylique, pastel gras, graphite, crayons de couleur et collage Xeros sur papier monté sur toile, 229 x 274 cm, courtesy Galerie Tony Shafrazi, N-Y
Connaissance des arts, H.S. n°468 octobre 2010, page 63
J-M Basquiat faisant un portrait de sa petite amie de l'époque, Paige Powell, N-Y, 1983, photographie de Paige Powell
Powell Archive Carmel, N-Y, 1983
carte postale vendue au musée d'Art Moderne de la Ville de Paris (adagp paris 2010)
Autoportrait comme talon, 2è partie, 1982,
acrylique et crayon gras sur toile de lin, 193 x 239 cm
figure 41, Basquiat, Découvrons l'art, Cercle d'art, 2003
Jacques Prévert photographié par Robert Doisneau
Ce moumoutes et bonchiens 22 n'a, me direz-vous, aucune unité. Perrault, Colette, Doisneau, la philatélie, ce moumoute malgache qui s'appelle maki disent pourtant que moumoutes et bonchiens sont de toutes les époques et de tous les pays. Universalité mais aussi tyrannie quand on visite le site snobtoutou :
http://www.snobtoutou.com/
le sac Altesse et le sac Pam (pour transporter votre bonchien) ne coûtent que 186€
R Doisneau
R Doisneau
R Doisneau
Colette
Gustave Doré
Haingo (toile de Mamy)
la machine même qu'utilisait ma maman pour coudre les fringues de toute la famille et le linge
de maison
j'étais à ses pieds, il y avait une pédale pour doser la puissance, mais le démarrage se faisait avec le volant latéral, à la main
à Tana aujourd'hui, la Singer a gardé son image prestigieuse
c'est une douceur
une douceur qui ne doit pas faire oublier qu'une couturière à la chaîne (jupes, pantalons) travaille de 7h à 16h30 avec une pause d'une heure à midi, du lundi au samedi, soit 51heures
pour gagner 120 000 ariarys par mois (48 euros)
avec un réglement intérieur qui n'accorde aucun droit
ces tampons sont uniques, faits à la main : caméléons, requins, makis, baobabs, zébus, margouillats, ravenales, tortues, dauphins, baleines, taxis-brousse, il y en a pour tous les goûts
ils se vendent dans les rues proches de l'avenue de l'Indépendance
Aretha, la maîtresse du CP de Ramena, apprenant que j'allais à Tana, m'a envoyé un SMS pour me demander de lui en rapporter
aronde, versailles, dauphine, 203, 202, traction, on en trouve à Tana
les toilettes de la gare de Tana : le grand chic
les faubourgs de Tana
des rizières en pleine ville
le séchage du linge
la douceur de Tana, c'est encore plus le soir (mais vasaha seul, vas-y en taxi!)
ici, le restaurant du Sakamanga, récemment refaite, avec ses photos artistiques
à ceux qui se posent la question, oui je demande systématiquement l'autorisation avant de prendre une photo
surtout quand c'est une photo de photo
la sculpture sur bois peut être phallique et féminine
un tour au Pub pour finir
avant-hier, samedi midi, j'avais rendez-vous avec mes amis chantal et Andou au café de la gare de Tana
j'entre dans le hall
au lieu d'être dans une gare, je suis dans une expo de Mamy !
cette toile s'intitule "Transcendance"
Mamy Rajoelisolo, qui enseigne les arts plastiques à l'Université de Tana, était là
je lui ai dit à quel point ses toiles me font penser à Zoran Music et il a confirmé cette filiation
alokamavo sy ny adama
valiha hitsa hikado
haingo (= décor)
2010
Les oeuvres de Mamy sont pourtant très éloignées de celle de Music car elles mettent en scène des êtres humains qui sont rarement noyés au fond de leur solitude, ils apparaissent au contraire nécessaires les uns aux autres, liés socialement, nés les uns des autres
Mamy associe plusieurs techniques dans chaque tableau : acrylique, huile, terre, tissu ...
Mamy au milieu de son expo
La gare de Tana, très desaffectée mais pas complètement, construite en même temps que la gare d'Orsay, choisie pour abriter une expo de peinture contemporaine, quelle bonne idée ...
j'avais rejoint Chantal et Andou depuis 5', Mamy et Eva arrivent ; aussitôt Mamy se met à dessiner les clients un par un : ravis car il leur offre systématiquement le fruit de son travail
comme les autres, j'ai droit à mon dessin
Eva, talentueuse danseuse-chanteuse franco-malgache, aussi
elle a même droit au dessin d'un autre admirateur