Voici les clichés promis sur l'expo "Le café à Bourbon" du Musée des Arts Décoratifs de l'Océan Indien à Saint-Louis. Ils m'ont tous été envoyés par Thierry-Nicolas Tchakaloff, le conservateur du
MADOI. Qu'il soit une fois de plus remercié !
bourbon pointu en fleurs (caféière de Maison rouge, Saint-Louis, 31
janv 2009)
merci à ma collègue Nicole pour la photo !
Comme prévu, dégustation de café à Maison rouge à Saint-Louis hier. Un Bourbon pointu délicieux. Monsieur Tchakaloff, le Conservateur, m'a expliqué qu'il était parvenu à imposer la gratuité de
l'expo à la Région Réunion : "Déjà, le culturel manque à La Réunion, alors s'il n'y a que les réductions des moins de 18 ans, des rémistes et des personnes âgées, les familles à faible revenu vont
continuer à ne pas venir".
Pour l'interdiction des photos, il y avait risque d'abîmer les cartes postales et documents anciens avec les flashes. Mais il s'engage à m'envoyer des photos par mail : vous en trouverez déjà 4
ci-dessous, envoyées dans le temps même où j'écrivais les lignes de ce billet.
Monsieur Tchakaloff, au nom des 40 visiteurs uniques quotidiens de ce blog (je fais une moyenne depuis le 22 août), soyez remercié chaleureusement
En tant que tourangeau addicté au ptinoir comme Honoré de Balzac, j'espère vous revoir bientôt
Je posterai donc sans doute d'autres photos de l'expo mercredi prochain grâce à vous ("j'aime ta couleur café 3")
sur cette photo que j'ai prise hier dans la caféière, on voit bien que je vais devoir
revenir à la dégustation du 1er mars : les cerises sont encore trop petites et trop vertes
les pieds de Bourbon pointu de Maison rouge
torrefaction artisanale à l'ancienne hier à Maison rouge
en lisant le commentaire de Philippe (billet "j'aime ta couleur café" du 24 janv) : "Il y en a dans tous les jardins des Hauts, à la bonne altitude. J'en ai deux pieds. 5 à 6 kg par pied, mûrs en
mai. On le grillera à ce moment, m'a dit M. Irsapoulé, mon propriétaire", je me demande si c'est la même méthode.
Article CAFE de l'Encyclopédie de Diderot :
CAFE erreurs débitées sur le café ; ce que disoit là-dessus M. de Jussieu en 1715. II. 527. a. L'Europe a l'obligation de la culture de cet arbre aux Hollandois, & la France
au zele de M. de Ressons. Description du caffier d'après celui qui étoit au jardin du roi. Ibid. b. Ce qu'on appelle café en coque & café mondé Le caffier ne
peut être rangé sous un genre qui lui convienne mieux que sous celui du jasmin. Dimensions de celui qui croît dans son pays natal. Comment & quand il produit son fruit. Origine du mot
café La semence doit être mise en terre toute récente, autrement elle ne pousse pas. La plante en Europe doit être conservée dans une serre modérément échauffée ; il faut l'arroser de
tems en tems. Aucune contrée en Arabie que celle d'Yemen ne fournit le café Comment on en raconte la découverte. Ibid. 528. a. Combien son usage s'est étendu. De trois manieres
d'en prendre l'infusion, quelle est la meilleure. Choix du café Vaisseaux pour le rôtir. Marque qu'il est suffisamment rôti. On ne doit en pulvériser qu'autant qu'on en veut infuser. Description
du moulin à café Il faut jetter la poudre dans l'eau bouillante, & non dans l'eau froide. La partie huileuse & l'odeur du café doivent être les vraies indications de ses effets. Ses
propriétés & leur cause expliquées. Qui sont ceux auxquels il convient ou ne convient pas. Ibid. b. Précautions utiles sur la maniere de prendre cette infusion. Avantages qu'on ne
peut contester au café Utilité du café dans un cas d'esperé que l'auteur rapporte. S'il est vrai que son grand usage rende inhabile à la génération. Propriété du café pris en lavement. Les
habitans d'Yemen en débitent annuellement pour plusieurs millions. Café mariné Ibid. 529. a.
Café celui de Moka. X. 590. a. Ce café transporté en Amérique par les Hollandois. II. 206. a. Plante de café représenté, vol. VI des planches, regne végétal, pl. 100.
Café aux pommes de terre. Suppl. IV. 493. a.
10 - Horemans, la collation. (c'est ce type de tasses dite a la capucine, qui
etaient les plus courantes ici et les moins cheres , entre 1750 & 1770)
Louis-Antoine Roussin, Album de La Réunion, 1886, lithographie en couleurs St-Louis MFMC
p2 de couverture du catalogue de l'expo
coffea arabica
deborah roubane d'après michel garnier huile sur toile 44 X 55 cm St-Louis MFMC p2 du catalogue et site de la
région
Au moment d'écrire ce billet sur la petite expo qui a lieu jusqu'au 30 juin au musée des arts décoratifs de l'Océan Indien à Saint-Louis : « Le café à Bourbon 1708-1946 des origines à
la départementalisation », je me rends compte que je connais bien mal la boisson préférée de Balzac et qu'Internet doit inventer le parfum et le goût numériques rapidement.
Café est un de ces mots qui, avec hôtel et taxi, sont utilisés chaque jour dans tous les pays avec ses variantes café con leche, caffè, Kaffee, coffee, koffie, café sketo/glyko
etc. Non seulement le mot désigne cette boisson consommée en quantité considérable (deuxième bien de consommation échangé dans le monde, derrière le pétrole et avant le charbon, la viande, le blé
et le sucre) mais il désigne aussi un lieu symbole de convivialité.
Les dictionnaires nous apprennent que le mot arabe "qahwa" (قهوة), désignait cette boisson provenant de la province de Kaffa, se transforma en "qahvè" en Turquie puis "caffè" en Italie et
en kawa dans l'argot français.
Il était/est interdit de prendre des photos dans l'expo et je crois deviner pourquoi : beaucoup de documents et d'objets sont des prêts provenant de contrées lointaines : Guadeloupe,
Brésil, Annam, Tonkin, Nouvelle-Calédonie, Madagascar, Lorient, Nice. Le transport, les assurances, la réalisation des vitrines ont dû coûter déjà très cher pour cette expo gratuite. Il était
donc sans doute compliqué de payer des droits de l'image aux prêteurs. Comme j'ai expliqué à l'entrée que pour faire un peu de publicité à cette expo réussie je scannerais 2 ou 3 gravures du
catalogue, vous aurez quand même droit à quelques illustrations. Je me rends compte que les journaux locaux n'ont mis eux aussi qu'1 ou 2 photos : que ce soit une incitation pour tous à
aller voir l'expo elle-même.
D'ailleurs j'ajouterai quelques photos pendant l'année à l'occasion : caféiers lorsque je serai à Diego-Suarez en mars, objets liés à la culture, à la torréfaction, à la cérémonie du café
dans les musées de l'île etc Je pense en particulier au musée de Villèle et au musée des métiers lontan de la plaine des grègues car une grègue, en créole, c'est une cafetière (en breton
aussi je crois). Je proposerai l'achat du remarquable catalogue par le CDI de mon lycée.
L'expo est d'une grande diversité : herbiers, huiles, aquarelles, cartes postales anciennes, registres du XVIIIè s., cartes, bornes à parfums, meules, mortiers, pilons, tarares, grilloirs,
épices, cafetières, verseuses, moulins, services à café (porcelaine), accessoires pour le sucre
Comment oublier que pendant toute mon enfance, j'ai été réveillé chaque matin par l'odeur du café que ma mère moulait avec un moulin à manivelle ? que ce moulin n'a été remplacé par un engin
électrique que depuis peu d'années ? Qu'à 78 ans, elle continuait d'aller en bus acheter son café en grains de l'autre côté de la ville de Tours, à 6 ou 7 kms, chez le torréfacteur « La
Cafetière » où mes grands-parents s'approvisionnaient déjà dans les années 40 et 50 ?
Dimanche 1er février, à 14h30, aura lieu une torréfaction à l'ancienne et une dégustation (gratuite) avec du café récolté dans la caféière.
Deux grandes parties dans cette expo :
I/ Aspects botaniques, historiques, agronomiques et paysagers
le temps des savants
- distinctions entre les différentes appellations : café arabique, moka, péi, Bourbon rond, indigène, marron, sauvage, Leroy, Bourbon pointu
- les herbiers, le travail de Linné, Diderot (il a rédigé l'article Café de l'Encyclopédie), Lamarck, Antoine Galland (le traducteur des 1001 nuits), Jussieu (qui présente son « Histoire du
café » à l'Académie des sciences en 1715).
- Dans la première moitié du XVIIIè, les puissances européennes parviennent à briser le monopole commercial détenu par le Yemen et l'Arabie en se lançant dans la culture du café dans leurs
colonies. Pour la France, ce sera l'île Bourbon, malgré la difficulté pour les navires, d'y accoster.
2. le temps des sultans
de la cueillette des baies sauvages à la culture du caféier
les routes commerciales du Yemen vers le monde islamisé
Surate et Moka
les circuits de distribution de café vers l'Europe
Marseille et le café du Levant
Le temps des plantations coloniales
la compagnie de St-Malo
plantation des 3ers caféiers à Bourbon
- pratiques et techniques de la culture du café
- préparation des grains en vue de leur commercialisation
4. Le temps des espoirs et des déceptions
- ressourcement yéménite
- lutte contre les animaux et les maladies
- coopération scientifique internationale
II/ De la préparation à la dégustation du breuvage
3. L'outil à moudre
meule à grains, mortier, moulins à café, moulins broyeurs à épices et à céréales, moulins industriels
2. La préparation du café
modes de préparation aux XVII et XVIIIè
usages pharmaceutiques
la décoction ou café à la turque
l'infusion
les boissons exotiques et sucrées
l'eau chaude
la cafetière à filtre incorporé
3. Manières de boire
des ustensiles pour servir le café
gobelet, tasse, coupe
présentation du sucre
les services à café
départ des esclaves pour la récolte du café (1883)
page 53 du catalogue
Après la cueillette ou l'égrappage, le séchage consiste en une série d'opérations compliquées qui se font à la main dans la plupart des pays producteurs. Il faut retirer la partie charnue qui
enveloppe les fèves par séchage et ratissage pendant quelques jours. Pour obtenir le café vert, il faut ensuite débarrasser les cerises de café de leur coque. Décortiqués, les grains de café vert
sont alors vendus. Arrivés à destination, les grains sont torrefiés (fortement chauffés, on parle aussi de brûlage ou de grillage), ce qui développe leur arôme et leur couleur foncée. Ils sont
ensuite moulus. La finesse de la mouture est essentielle à la qualité de la boisson. Plus l'exposition à l'eau brûlante est courte, plus la mouture doit être fine pour libérer rapidement les
arômes alors que si le contact avec l'eau est prolongé, la mouture doit rester plus épaisse pour éviter de produire un café trop imprégné, au goût fort et amer.
Récole du café à l'île Bourbon
Jean-Joseph Patu de Rosemont, aquarelle sur papier, vers 1800
page 58 du catalogue
Très torréfié à ses débuts, le café bourbon, amer, se consommait très chaud et sucré. A la grande époque du café (XVIIIè) a succédé la grande époque de la canne à sucre (XIXè). Il était logique
qu'après avoir rendu visite au café avant-hier, j'aille au musée du sucre, à Stella Matutina, hier. Aurai-je le temps de vous mettre en ligne un article sur la canne, le sucre et le rhum
demain : peut-être mais pas sûr. Disons lundi au plus tard.
séchage au Tampon vers 1830
page 97 du catalogue
Saint-Denis, archives départementales, p95 du catalogue
DANS tout l'Outre-mer français, le domaine de Maison Rouge est le dernier domaine caféier du début du 18ème siècle à avoir gardé l'intégralité des traces au sol de son implantation primitive avec
son cortège de bâtiments annexes et celles de ses développements successifs. Il était donc légitime que la salle d'exposition de ce lieu chargé d'histoire accueille la première grande exposition
du MADOI, consacrée au café à Bourbon. L'enjeu n'était pas de conter l'histoire économique d'une culture pour laquelle de nombreux auteurs émérites ont déjà abondamment écrit, mais plutôt de
s'enquérir de l'histoire agricole de la caféiculture à Bourbon. « Cette exposition retrace l'épopée du café depuis les premières graines venues d'Ethiopie. De la botanique des
différentes espèces cultivées à La Réunion et de l'invention de la caféiculture à travers les instruments et outils, tels que la grègue, le moulin, etc... pour le torréfier jusqu'à la dégustation
du breuvage. L'art de la table est également présent avec les services de porcelaines de Chine », explique le conservateur du MADOI, Thierry Nicolas Tchakaloff. Ce sont les anciennes
écuries du domaine qui accueillent l'exposition.
« Enjeu historique, culturel et touristique »
Notons que la totalité du site de Maison Rouge est protégée au titre des Monuments Historiques. Le MADOI est labellisé Musée de France. L'ensemble des collections, placées sous la tutelle
scientifique de Monsieur Thierry Nicolas Tchakaloff, conservateur habilité par la Direction des Musées de France, comprend un fonds de près de 2.000 numéros (mobiliers, textiles, métaux,
céramiques et objets d'art). SP
Infos pratiques Exposition ouverte du 20 décembre 2008 au 30 juin 2009 : Du mardi au vendredi : 9h30 à
12h30 et 14h00 à 17h30, Samedi après midi : 14h00 à 17h30 Le premier dimanche de chaque mois : 14h00 à 17h30 (Fermée 25 décembre et 1er janvier) Visite de la caféière sur inscription préalable obligatoire. Accessibilité aux personnes à mobilité réduite assurée. Médiateur présent pendant les
heures d'ouverture. Visite scolaire encadrée par un animateur culturel (RDV obligatoire).