ENTRE LES NUAGES
Arrachart, Antsiranana, le 20 décembre 2010, 12h
La main et le cerveau ne savent pas à l'avance. Pourtant, une fois le texte écrit, même court, la preuve est là : on en a appris sur soi, sur le monde, et c'était caché dans de l'écriture pas
encore écrite. Même si la référence, le prétexte sont sur une autre planète, un autre milieu non miscible, dans mon cas, la vie malgache, eh bien les mots se mettent à raconter par-dessus des
formes, des images, du narratif, de la musique, du rythme coloré et littéraire qui peuvent être partagés.
Il n'y a pas vraiment de raison de se priver de passer d'un continent à l'autre, de s'élever aussi haut qu'Icare ou presque, puisque d'autres voyageurs, d'autres mains, d'autres visages
s'attendent à de l'inconnu jusqu'à la dernière goutte du goutte à goutte, jusqu'à la dernière poche de pauvreté.
Il n'y a pas vraiment de raison de s'arrêter de prier d'un jour à l'autre pour écouter les silences, voir l'invisible, lire sur les lèvres et dans les yeux.
Il n'y a pas vraiment de raison de cesser de descendre, de goûter les racines, de fouiller les épaves, de laver les morts et de boire à leur santé.
Au for de la nuit, dure un dur remue-ménage inépuisable et c'est ce qui nous vaut de remuer ciel et terre-mer, de tresser des phrases et puis de se taire.