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29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 00:45

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photo prise sur la Divatte près de Mauves début janvier 2013

 

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Ma réserve de bois s'amenuise.

Je vais en recommander. Et aller le chercher. Du chêne.
Si les bûches sont trop grosses pour mon petit Godin, j'ai un coin et une masse pour les fendre.
Mais déjà j'entends Pierre de Ronsard : "Ecoute bûcheron, arrête un peu le bras".
Oui oui mais il fait froid.
N'empêche. La forêt amazonienne, le poumon de l'humanité, continue d'être livrée aux fanatiques de l'enrichissement personnel. Le trafic de bois de rose malgache et celui des grumes ivoiriens prospèrent.
Il y a 3 semaines, j'ai visité une modeste expo à la médiathèque de Vertou, une expo consacrée aux principaux arbres. Avec une réflexion pédagogique derrière. Pour chaque arbre était rappelée sa valeur symbolique, ses cautions culturelles :
- pommier : de Morgane à Guillaume Tell en passant par Herakles, la guerre de Troie et NYC
- abricotier : arbre venu d'extrême-orient, associé à la longévité
- noyer : grâce auquel nous fabriquons le légendaire vin de noix
- if : fait communiquer le monde des vivants avec celui des morts
- bouleau : peut vivre 150 ans, écorce imputrescible avec laquelle on fume truites et saumons, sert à fabriquer les manches des pinceaux
- acacia : symbole de resurrection, bois dont fut faite l'Arche d'Alliance de Moïse ; sa résine entre dans la composition des loukoums
- frêne : symbole de puissance ; le javelot d'Achille était en frêne
- aubépine : arbre dans lequel fut confectionnée la couronne du Christ (épines et bois extrêmement durs), prospérité, bonheur
- érable : emblème du Canada et grâce auquel on peut déguster un excellent sirop
- houx : déjà les romains s'en servaient lors des Saturnales pour décorer ; il est vert toute l'année, c'est pourquoi il symbolise durée et stabilité ("je mettrai sur ta tombe / Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur") il peut vivre 300 ans et mesurer 10 m de haut ; apprécié en ébénisterie
- platane : arrive en France au milieu du XVIIIè ; précieux pour son ombre et pour son bois (jouets, ustensiles de cuisine, équerres)
- noisetier (on dit aussi coudrier) : symbole de réconciliation et de fécondité ; la baguette de noisetier d'Hermès, avec 2 serpents enroulés, a donné le caducée ;
- châtaignier : autrefois les forêts de châtaigniers étaient très étendues (chauffage et alimentation cf Cévennes, Limousin, Corse) ; aimé des charpentiers car son bois repousse les insectes
- cerisier : on a retrouvé des peintures de cerisiers à Pompéi ; symbole de la malchance (la guigne) ; les cerisiers en fleurs sont très présents dans les estampes japonaises ; kirsch, marasquin, clafoutis, babioles, bigarreaux, griottes : on les aime
- cèdre : symbole d'immortalité ; peut vivre jusqu'à 800 ans ; c'était le bois des barques égyptiennes : celle du pharaon Kheops retrouvée en 1954 dégageait encore une forte odeur de cèdre ; emblème du Liban ; les totems indiens étaient sculptés dans du cèdre
- aulne : bois lèger, imputrescible, c'est le bois du sabotier ; peut vivre jusqu'à 350 ans
- tilleul : symbole de l'amour conjugal car il renvoie à Philémon (changé en chêne) et Baucis (changée en tilleul) ; apprécié pour ses tisanes
- chêne : couronnes de feuilles de chêne en Grêce ancienne, armures de vaincus accrochées au tronc d'un chêne chez les romains, secrets transmis entre druides à l'abri d'un chêne symbole de force et de solidité, justice rendue par Saint-Louis sous un chêne, concours avec le roseau chez La Fontaine, les références aux chênes sont innombrables, sans compter les figurines que nous avons tous réalisées avec des glands et des allumettes
Cette expo avait prévu un jeu de l'oie, des questionnaires pédagogiques, des photos, des branchages (au feuillage raréfié comme il se doit en janvier), mais il manquait l'info parvenue il y a 8 jours grâce à la dendrochronologie pratiquée sur des arbres âgés de 1240 ans, par ex le cèdre du Japon (cryptoméria). Une étude qui affirme que la terre a été bombardée par des rayons gamma à la fin du VIIIè siècle. Les hommes capables d'écouter des êtres vivants sages d'autant d'années existent-ils ?

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les 5 photos ci-dessous : prises devant l'église de Vertou début janvier

 

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platane (Vertou)

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chêne (Mauves)

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bouleau (périph sud nantes)

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http://www.lefigaro.fr/sciences/2013/01/21/01008-20130121ARTFIG00839-la-terre-a-ete-bombardee-par-des-rayons-gamma.php
La Terre a été bombardée par des rayons gamma
La trace de cet événement cosmique, survenu au VIIIe siècle, vient d'être détectée dans les cernes de croissance d'arbres.
Une explosion de rayons gamma, provoquée par la collision de deux trous noirs ou de deux étoiles à neutrons, serait à l'origine de l'intense bombardement cosmique qui a frappé la Terre à la fin du VIIIe siècle.
La trace de ce mystérieux événement a été signalée en juin dernier par des chercheurs de l'université de Nagoya (Japon). L'équipe de Fusa Miyake a découvert, dans les anneaux de croissance de deux cèdres du Japon (Cryptomeria japonica) correspondant aux années 774 et 775, une forte et rapide hausse de leur concentration en carbone 14, d'environ 1,2 %. D'autres relevés réalisés sur des arbres d'Amérique du Nord et d'Europe montrent un pic similaire, preuve que le phénomène a touché une bonne partie de l'hémisphère Nord.
Supernova, tempête solaire particulièrement violente? Lorsqu'ils publient leurs résultats dans la revue britannique Nature , les scientifiques japonais avouent ne pas être en mesure «de préciser les causes de cet événement» hors norme. Une supernova survenue à une époque aussi récente (à l'échelle cosmique) serait encore détectable aujourd'hui. Quant à l'activité solaire, elle serait hors de cause. L'augmentation de 1,2 % enregistrée dans les arbres japonais est, au bas mot, quatre fois supérieure à celles enregistrées lorsque le Soleil est à son maximum d'activité.
À 3 000 années-lumière
Cette semaine, deux scientifiques de l'Institut d'astrophysique de l'université d'Iéna (Allemagne) avancent une autre explication. En calculant le rapport entre les traces de béryllium 10 retrouvées en Antarctique et datant de la même époque, avec les concentrations en carbone 14 des cèdres nippons, Valeri Hambaryan et Ralph Neuhäuser estiment que les valeurs correspondent à un «sursaut gamma» de type court.
«Ces phénomènes, dont l'origine n'est bien comprise que depuis quelques années, sont parmi les plus violents de l'Univers, explique Stéphane Corbel, astrophysicien au CEA. On en distingue des longs, qui durent une dizaine de secondes, et des courts (moins de deux secondes). Ces derniers proviennent de la collision entre deux étoiles à neutrons ou deux trous noirs. En s'effondrant l'un sur l'autre, ces objets célestes extrêmement massifs libèrent une énergie phénoménale et des rayons gamma, la forme la plus intense du rayonnement électromagnétique.»
La brièveté de l'émission et le caractère invisible des rayons gamma expliquent également pourquoi l'événement n'a pas été perçu par les hommes de l'époque, soulignent Valeri Hambaryan et Ralph Neuhäuser, qui viennent de publier leurs travaux dans le dernier numéro de la revue de la Royal Astronomical Society britannique. Selon eux, le sursaut gamma de 774-775 est survenu à au moins 3 000 années-lumière, sans quoi toute forme de vie aurait été rayée de la surface de notre planète.
Aujourd'hui, «même à des milliers d'années-lumière, un événement similaire sèmerait le chaos dans les systèmes électroniques très sensibles dont dépendent les sociétés avancées», indique Ralph Neuhäuser. Fort heureusement, ce genre de tempête ­cosmique est plutôt rare. «Au cours des 3000 dernières années, l'âge maximal des arbres encore vivants aujourd'hui, il semble qu'un seul événement de ce type ait eu lieu», précise le scientifique
Au 8e siècle, des rayons gamma ont bombardé la Terre
Créé le 21-01-2013 à 10h34 - Mis à jour à 15h14
Sciences et Avenir
Par Sciences et Avenir
Des chercheurs émettent l'hypothèse que deux objets stellaires sont entrés en collision à 3000 années-lumière de la Terre et auraient fusionné, déclenchant un déchaînement d'énergie.
RAYONNEMENTS. Une explosion de rayons gamma, peut-être provoquée par la collision de deux trous noirs, serait à l'origine de mystérieux rayons cosmiques qui ont frappé la Terre à la fin du 8e siècle, estiment des astronomes dans une étude publiée lundi.
En juin dernier, des chercheurs japonais avaient découvert, inscrite dans les anneaux de troncs d'arbres, la trace de rayonnements émis par un événement cosmique inexpliqué. Et ils avaient précisément daté ce phénomène de l'an 774 ou 775 sans pouvoir lui trouver d'explication satisfaisante.
CERNE. Fusa Miyake et ses collègues de l'université de Nagoya (Japon) avaient analysé le carbone 14 (une variété radioactive de carbone qui se forme lorsque les rayons cosmiques traversent les atomes de l'atmosphère terrestre) contenu dans les anneaux de croissance de deux cèdres du Japon.
Dans les cernes des deux arbres correspondant aux années 774 et 775, ils avaient mis en évidence une hausse anormale du taux de carbone 14, d'environ 1,2%. C'est environ vingt fois supérieur aux variations attribuées aux changements de l'activité du Soleil. Le phénomène ne pouvait avoir été uniquement localisé car il correspond à d'autres relevés déjà réalisés sur des arbres d'Amérique du Nord et d'Europe.
CRUCIFIX. L'hypothèse d'une éruption solaire avait été écartée car ces événements ne peuvent pas être assez puissants pour entraîner une telle hausse de carbone 14. Des chercheurs avaient alors souligné que des chroniques médiévales faisaient état d'un "crucifix rouge" apparu dans le ciel après le coucher du soleil, suggérant qu'il pouvait s'agir de l'explosion d'une supernova. Mais l'événement est daté de l'an 776 et aurait laissé d'autres traces physiques.
Davantage d'énergie en quelques secondes que le Soleil en des milliards d'années
Deux scientifiques de l'Institut d'astrophysique de l'université allemande d'Iéna proposent une autre explication à ce mystérieux bombardement de rayons cosmiques : un très bref "sursaut gamma".
Phénomènes les plus lumineux de l'univers, les "flashes" ou sursauts de rayons gamma émettent, en quelques secondes pour les plus courts, davantage d'énergie que le Soleil en des milliards d'années d'existence. Selon Valeri Hambaryan et Ralph Neuhäuser, un tel flash gamma correspondrait parfaitement à la brusque augmentation de carbone 14 et à l'absence de témoignages historiques.
FUSION. Dans une étude publiée le 17 janvier par la Royal Astronomical Society britannique, les astronomes suggèrent que deux objets stellaires très compacts - trous noirs, étoiles à neutrons ou naines blanches - seraient entrés en collision et auraient fusionné, provoquant ce déchaînement d'énergie et de rayonnements électromagnétiques.
Une fusion survenue à au moins 3.000 années-lumière
Une telle fusion entraîne un sursaut gamma aussi intense que bref, qui dure généralement moins de deux secondes, ce qui expliquerait pourquoi il n'a pas été aperçu à l'époque par des observateurs terrestres. Grâce à leurs instruments modernes, les astronomes peuvent aujourd'hui assister à ces événements dans des galaxies lointaines plusieurs fois par an.
CHAOS. Mais si ce phénomène est à l'origine des rayonnements cosmiques enregistrés en 774-775, alors la fusion est survenue à au moins 3.000 années-lumière, sans quoi toute forme de vie aurait été rayée de la surface de notre planète, soulignent les auteurs.
"Si le sursaut gamma avait été plus proche, il aurait causé d'importants dégâts à la biosphère. Mais même à des milliers d'années-lumière, un événement similaire sèmerait aujourd'hui le chaos dans les systèmes électroniques très sensibles dont dépendent les sociétés avancées", indique Ralph Neuhäuser.
Selon lui, le sursaut gamma enregistré au 8e siècle provenait d'un système stellaire distant de 3.000 à 12.000 années-lumière du Soleil. "Reste maintenant à déterminer la rareté de tels pics de carbone 14, c'est-à-dire la fréquence à laquelle des sursauts gamma touchent la Terre. Au cours des 3.000 dernières années, l'âge maximum des arbres encore vivants aujourd'hui, il semble qu'un seul événement de ce type ait eu lieu", précise M. Neuhäuser.
AD avec AFP
Sciences et Avenir
21/01/2013

 

Le buffet

C'est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ;

Tout plein, c'est un fouillis de vieilles vieilleries,
De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d'enfants, de dentelles flétries,
De fichus de grand'mère où sont peints des griffons ;

- C'est là qu'on trouverait les médaillons, les mèches
De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.

- O buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s'ouvrent lentement tes grandes portes noires.
Arthur Rimbaud (oct 70)

 

Une famille d’arbres

 

C’est après avoir traversé une plaine brûlée de soleil que je les rencontre.

Ils ne demeurent pas au bord de la route, à cause du bruit. Ils habitent les champs incultes, sur une source connue des oiseaux seuls.

De loin ils semblent impénétrables. Dès que j’approche, leurs troncs se desserrent. Ils m’accueillent avec prudence. Je peux me reposer, me rafraîchir, mais je devine qu’ils m’observent et se défient.

Ils vivent en famille, les plus âgés au milieu, et les petits, ceux dont les premières feuilles viennent de naître, un peu partout, sans jamais s’écarter.

Ils mettent longtemps à mourir, et ils gardent les morts debout jusqu’à la chute en poussière.

Ils se flattent de leurs longues branches pour s’assurer qu’ils sont tous là, comme les aveugles. Ils gesticulent de colère, si le vent s’essouffle à les déraciner. Mais entre eux aucune dispute. Ils ne murmurent que d’accord.

Je sens qu’ils doivent être ma vraie famille. J’oublierai vite l’autre. Ces arbres m’adopteront peu à peu, et pour le mériter, j’apprends ce qu’il faut savoir :

Je sais déjà regarder les nuages qui passent.

Je sais aussi rester en place.

Et je sais presque me taire.

Jules Renard

 

Le cageot
A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie.
Agencé de façon qu'au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu'il enferme.
A tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l'éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d'être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques - sur le sort duquel il convient toutefois de ne s'appesantir longuement.
F. Ponge, Le Parti pris des choses, 1942

 

9 août 1940 – Le soir :  « Non ! Décidément, il faut que je revienne au plaisir du bois de pins. De quoi est-il fait, ce plaisir ? – Principalement de ceci : le bois de pins est une pièce de la nature, faite d’arbres tous d’une espèce nettement définie ; pièce bien délimitée, généralement assez déserte, où l’on trouve abri contre le soleil, contre le vent, contre la visibilité ; mais abri non absolu, non par isolement. Non ! C’est un abri relatif. Un abri non cachottier, un abri non mesquin, un abri noble. C’est un endroit aussi (ceci est particulier aux bois de pins) où l’on évolue à l’aise, sans taillis, sans branchages à hauteur d’homme, où l’on peut s’étendre à sec, et sans mollesse, mais assez confortablement. Chaque bois de pins est comme un sanatorium naturel, aussi un salon de musique…une chambre, une vaste cathédrale de méditation (une cathédrale sans chaire, par bonheur) ouverte à tous les vents, mais par tant de portes que c’est comme si elles étaient fermées. Car ils y hésitent…. Je crois que je commence à me rendre compte du plaisir propre aux bois de pins. »

12 août 1940 -- « Une infinité de cloisonnements et de chicanes fait du bois de pins l’une des pièces de la nature les mieux combinées pour l’aise et la méditation des hommes. Point de feuilles s’agitant. Mais au vent comme à la lumière tant de fines aiguilles sont opposées qu’il en résulte une températion et comme une défaite presque complète, un évanouissement des qualités offensives de ces éléments et une émanation de parfums puissants. La lumière, le vent lui-même y sont tamisés, filtrés, freinés, rendus bénins et à proprement parler inoffensifs. Alors que les bases des troncs sont parfaitement immobiles, les faîtes sont seulement balancés… »

F. Ponge, le bois de pins

 

Pierre de Ronsard (1524-1585)
"À la forêt de Gastine"

Couché sous tes ombrages verts,
Gastine, je te chante
Autant que les Grecs, par leurs vers
La forêt d'Érymanthe :
Car, malin, celer je ne puis
À la race future
De combien obligé je suis
À ta belle verdure,
Toi qui, sous l'abri de tes bois,
Ravi d'esprit m'amuses ;
Toi qui fais qu'à toutes les fois
Me répondent les Muses ;
Toi par qui de l'importun soin
Tout franc je me délivre,
Lorsqu'en toi je me perds bien loin,
Parlant avec un livre.
Tes bocages soient toujours pleins
D'amoureuses brigades
De Satyres et de Sylvains,
La crainte des Naïades !
En toi habite désormais
Des Muses le collège,
Et ton bois ne sente jamais
La flamme sacrilège !

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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 23:16

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(photos prises le 31 janvier 2012)

 

seuls ou en groupe
défis lancés au vent au gel au givre à la neige
témoins stoïques de l'humaine impatience
beaux arbres sages
mages accordés aux saisons
amis de la noblesse d'âme
votre force nous met à genoux
vos nuits sont frôlements d'étoiles murmures hululements
hier entre Ruffec Niort et Nantes
j'ai caressé votre écorce
je vous rendais vos saluts

 

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     Le Platane

Tu borderas toujours notre avenue française pour ta simple membrure et ce tronc clair, qui se départit sèchement de la pla­ titude des écorces,
Pour la trémulation virile de tes feuilles en haute lutte au ciel à mains plates plus larges d'autant que tu fus tronqué,
Pour ces pompons aussi, ô de très vieille race, que tu pré­ pares à bout de branches pour le rapt du vent,
Tels qu'ils peuvent tomber sur la route poudreuse ou les tuiles d'une maison... Tranquille à ton devoir tu ne t'en émeus point  :
Tu ne peux les guider mais en émets assez pour qu'un seul succédant vaille au fier Languedoc
A perpétuité l'ombrage du platane.

Francis PONGE   Pièces   (1942)

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AU PLATANE

À André Fontainas.
Tu penches, grand Platane, et te proposes nu,
Blanc comme un jeune Scythe, Mais ta candeur est prise, et ton pied retenu
Par la force du site.

Ombre retentissante en qui le même azur
Qui t'emporte, s'apaise,
La noire mère astreint ce pied natal et pur
À qui la fange pèse.
De ton front voyageur les vents ne veulent pas; La terre tendre et sombre,
Platane, jamais ne laissera d'un pas S'émerveiller ton ombre!
Ce front n'aura d'accès qu'aux degrés lumineux
Où la sève l'exalte;
Tu peux grandir, candeur, mais non rompre les nœuds
De l'éternelle halte!
Pressens autour de toi d'autres vivants liés
Par l'hydre vénérable;
Tes pareils sont nombreux, des pins aux peupliers,
De l'yeuse à l'érable,
Qui, par les morts saisis, les pieds échevelés
Dans la confuse cendre,
Sentent les fuir les fleurs, et leurs spermes ailés
L e cours léger descendre.
Le tremble pur, le charme, et ce hêtre formé
De quatre jeunes femmes,
Ne cessent point de battre un ciel toujours fermé,
Vêtus en vain de rames.
Ils vivent séparés, ils pleurent confondus
Dans une seule absence,
Et leurs membres d'argent sont vainement fendus
À leur douce naissance.
Quand l'âme lentement qu'ils expirent le soir
Vers l'Aphrodite monte,
La vierge doit dans l'ombre, en silence, s'asseoir,
Toute chaude de honte.
Elle se sent surprendre, et pâle, appartenir
À ce tendre présage
Qu'une présente chair tourne vers l'avenir
Par un jeune visage...

Mais toi, de bras plus purs que les bras animaux
Toi qui dans l'or les plonges, Toi qui formes au jour le fantôme des maux
Que le sommeil fait songes,
Haute profusion de feuilles, trouble fier Quand l'âpre tramontane
Sonne, au comble de l'or, l'azur du jeune hiver Sur tes harpes, Platane,
Ose gémir!... Il faut, ô souple chair du bois,
Te tordre, te détordre,
Te plaindre sans te rompre, et rendre aux vents la voix
Qu'ils cherchent en désordre!
Flagelle-toi!... Parais l'impatient martyr
Qui soi-même s'écorche,
Et dispute à la flamme impuissante à partir
Ses retours vers la torche!
Afin que l'hymne monte aux oiseaux qui naîtront,
Et que le pur de l'âme
Fasse frémir d'espoir les feuillages d'un tronc
Qui rêve de la flamme,
Je t'ai choisi, puissant personnage d'un parc,
Ivre de ton tangage,
Puisque le ciel t'exerce, et te presse, ô grand arc,
De lui rendre un langage!
8 qu'amoureusement des Dryades rival,
Le seul poète puisse
Flatter ton corps poli comme il fait du Cheval
L'ambitieuse cuisse!...
- Non, dit l'arbre. Il dit : Non! Par l'étincellement De sa tête superbe,
Que la tempête traite universellement
Comme elle fait une herbe!

Paul VALÉRY, Charmes (1922)

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L’Arbre

Il y avait autrefois de l'affection, de tendres sentiments,
C'est devenu du bois.
Il y avait une grande politesse de paroles,
C'est du bois maintenant, des ramilles, du feuillage.
Il y avait de jolis habits autour d'un cœur d'amoureuse
Ou d'amoureux, oui, quel était le sexe ?
C'est devenu du bois sans intentions apparentes
Et si l'on coupe une branche et qu'on regarde la fibre
Elle reste muette
Du moins pour les oreilles humaines,
Pas un seul mot n'en sort mais un silence sans nuances
Vient des fibrilles de toute sorte où passe une petite fourmi.

Comme il se contorsionne l'arbre, comme il va dans tous les sens,
Tout en restant immobile  !
Et par là-dessus le vent essaie de le mettre en route,
Il voudrait en faire une espèce d'oiseau bien plus grand que nature
Parmi les autres oiseaux
Mais lui ne fait pas attention,
Il faut savoir être un arbre durant les quatre saisons,
Et regarder, pour mieux se taire,
Écouter les paroles des hommes et ne jamais répondre,
     Il faut savoir être tout entier dans une feuille
Et la voir qui s'envole.
Jules SUPERVIELLE             Les Amis inconnus    (1934)

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Je ne suis pas
Une addition d’arbres.

Le chat-huant le sait,
Le repète,

Lui qui est ma voix,
Le meilleur de mes voix

*

Je ne suis pas l’ombre.

Il y a partout
De ces choses qui sont
Ou qui font de l’ombre.

*
Moi je serpente,
Je navigue

A travers du fluide,
Sur du solide
Ou du presque solide.

Je vais

*

En moi,
Ce n’est pas si fluide

En moi, l’air lui-même
Est un peu opaque.

*

Je suis du silence.
Je suis une amphore de silence.

Je suis du silence
Qui impose du silence.

*

Les fougères diront
Que je suis de l’humidité.

Je suis une humidité
Qui se plaît à creuser.

*

Je suis comme j’étais
Il y a des millénaires.

Les amoureux le savent
Sans le savoir.

En moi ils aiment
Comme nulle part ailleurs.

Ils s’aiment
Depuis l’origine.

*

J’ai toujours l’air de dormir
Et je ne dors jamais.

Je veille sur les planètes
Mes contemporaines.

*

Je frémis
A la pensée de ce que je suis.

Je crois que ce sont les hommes
Qui m’ont appris à frémir,

Eux qui me traversent
Non sans malaise,

Qui me saccagent.

*

Je me vois forêt
Couvrant la terre entière,

Etouffant les cris.

*

En attendant,
Je suis ce que suis,

Un empire
Entre des républiques remuantes.

*

J’ai mes bêtes.
Elles me comprennent,

Du lièvre à la coccinelle,
Du chevreuil à la fourmi.

Elles se voient perdues
Quand elles me quittent,
Quand on m’abat.

*

On ne m’empêchera pas
De croire que je domine.

Que je ne sache pas quoi
Importe peu.

C’est quelque chose
Qui a rapport avec le temps.

Avec la profondeur aussi.

*

Vous n’êtes pas
Obligés de me croire,

Je ne cherche pas à convaincre.

Les millénaires m’ont appris à vivre
Dans mes dimensions, mes propriétés,

A rester ouverte à tout
En me vivant moi-même.

*

Les hommes peuvent
Abattre de mes arbres,

Ils peuvent
Nettoyer mes sous-bois,

Je reste
Ou redeviens pareille […]

*

Je suis comme j’étais
Il y a des millénaires.

Les amoureux le savent
Sans le savoir.

En moi ils aiment
Comme nulle part ailleurs.

Ils s’aiment
Depuis l’origine.

*

J’ai toujours l’air de dormir
Et je ne dors jamais.

Je veille sur les planètes
Mes contemporaines.

*

Je frémis
A la pensée de ce que je suis.

Je crois que ce sont les hommes
Qui m’ont appris à frémir,

Eux qui me traversent
Non sans malaise,

Qui me saccagent.

*

Je me vois forêt
Couvrant la terre entière,

Etouffant les cris.

*

En attendant,
Je suis ce que suis,

Un empire
Entre des républiques remuantes.

Eugène Guillevic
Extrait de Les Motifs (1987)

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LES SAPINS

Les sapins en bonnets pointus
De longues robes revêtus
    Comme des astrologues
Saluent leurs frères abattus
Les bateaux qui sur le Rhin voguent

Dans les sept arts endoctrinés
Par les vieux sapins leurs aînés
    Qui sont de grands poètes
Ils se savent prédestinés
A briller plus que des planètes

A briller doucement changés
En étoiles et enneigés
    Aux Noëls bienheureuses
Fêtes des sapins ensongés
Aux longues branches langoureuses

    Les sapins beaux musiciens
    Chantent des noëls anciens
        Au vent des soirs d'automne
    Ou bien graves magiciens
    Incantent le ciel quand il tonne

Des rangées de blancs chérubins
Remplacent l'hiver les sapins
    Et balancent leurs ailes
L'été ce sont de grands rabbins
Ou bien de vieilles demoiselles

Sapins médecins divagants
Ils vont offrant leurs bons onguents
    Quand la montagne accouche
De temps en temps sous l'ouragan
Un vieux sapin geint et se couche


Guillaume APOLLINAIRE, Alcools (1913)

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ÉLÉGIE XXIV.Contre les bûcherons de la forêt de Gâtine
[…]
    Écoute, Bûcheron, arrête un peu le bras,
20 Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas,
Ne vois‑ tu pas le sang lequel dégoutte à force
Des Nymphes qui vivaient dessous la dure écorce  ?
Sacrilège meurtrier, si on pend un voleur
Pour piller un butin de bien peu de valeur,
25 Combien de feux, de fers, de morts et de détresses
Mérites‑ tu, méchant, pour tuer des Déesses?
    Forêt, haute maison des oiseaux bocagers,
Plus le cerf solitaire et les chevreuils légers
Ne paîtront sous ton ombre, et ta verte crinière
3o Plus du soleil d'été ne rompra la lumière.
    Plus l'amoureux pasteur sur un tronc adossé,
Enflant son flageolet à quatre trous percé,
Son mâtin à ses pieds, à son flanc la houlette,
Ne dira plus l'ardeur de sa belle Jeannette  :
35 Tout deviendra muet, Écho sera sans voix;
Tu deviendras campagne, et en lieu de tes bois,
Dont l'ombrage incertain lentement se remue,
Tu sentiras le soc, le coutre et la charrue  :
Tu perdras ton silence, et haletant d'effroi
40 Ni satyres ni pans ne viendront plus chez toi.
    Adieu vieille forêt, le jouet de Zéphyre,
Où premier j'accordai les langues de ma lyre,
Où premier j'entendis les flèches résonner
D'Apollon, qui me vint tout le cœur étonner ;
45 Où premier admirant la belle Calliope,
Je devins amoureux de sa neuvaine trope,
Quand sa main sur le front cent roses me jeta,
Et de son propre lait Euterpe m'allaita.
    Adieu vieille forêt, adieu têtes sacrées,
50 De tableaux et de fleurs autrefois honorées,
Maintenant le dédain des passants altérés,
Qui brûlés en été des rayons éthérés,
Sans plus trouver le frais de tes douces verdures,
Accusent vos meurtriers, et leur disent injures.
55    Adieu Chênes, couronne aux vaillants citoyens,
Arbres de Jupiter, germes Dodonéens,
Qui premiers aux humains donnâtes à repaître,
Peuples vraiment ingrats, qui n'ont su reconnaître
Les biens reçus de vous, peuples vraiment grossiers,
60 De massacrer ainsi nos pères nourriciers.
    Que l'homme est malheureux qui au monde se fie!
O Dieux, que véritable est la philosophie,
Qui dit que toute chose à la fin périra,
Et qu'en changeant de forme une autre vêtira  :
65 De Tempé la vallée un jour sera montagne,
Et la cime d'Athos une large campagne,
Neptune quelquefois de blé sera couvert.
La matière demeure, et la forme se perd.

Elégies (1584) Pierre de Ronsard

 

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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 20:02
IMGP2410 (Large)photo : Françoise-Claire B
j'ai visité la maison Folio à Hell-bourg (Salazie) il y a une dizaine de jours
vraiment un bon moment
les guides sont les membres de la famille Folio !

IMGP2387 (Large)entrée de la maison Folio (photo : Françoise-Claire B)
20 rue amiral Lacaze  97433 hell-bourg  tel/fax 0262478098

Hell-Bourg est un lieu-dit de la commune de Salazie situé dans les Hauts de l'île de la La Réunion au pied du Piton d'Anchaing. Baptisé en l'hommage de celui qui fut gouverneur de Bourbon au milieu du XIXe siècle, Anne Chrétien Louis de Hell, le village possède de nombreuses maisons de la seconde moitié du XIXe siècle, construites par de riches planteurs et des commerçants de la côte à proximité des Thermes disparues au début du XXe siècle. Le label Plus beau village de France lui a été attribué, ses rues et son cimetière très fleuri entouré de bambous étant particulièrement pittoresques.

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_Folio

 

IMGP2389 (Large)photo : françoise-claire B
baptisée à tort Datura, cette plante est néanmoins toxique ; connue sous l'expression "trompettes de la mort", elle est appelée bruguemancia par les scientifiques

P2160726 (Large)le guetali est mignon
étym. : elle guette à li = elle guette le beau jeune homme pour qu'il la remarque, même système que le moucharabieh en ces temps où la jeune fille de bonne famille ne pouvait pas courir les rues librement

P2160729 (Large)la maison Folio, c'est un plaisir végétal, un ensemble de rencontres heureuses et pas tapageuses : olfactives, chromatiques, esthétiques, gustatives, thérapeutiques, endémiques ou non, aériennes aquatiques ou terrestres

P2160734 (Large)le pignon d'Inde : laxatif

P2160738 (Large)de droite à gauche : bois de fer (après l'avoir tripoté, je confirme : il pèse TRES lourd; sideroxylon majus), tamarin (ah ! les meubles en tamarin massif!), letchi, camphrier (les deux moitiés blanches : frottez, vous serez étonné par la puissance de l'arôme et ça chasse les bêbêtes, cinnamomum camphora), bois maigre (nuxia verticillata), bois de rose (un prix fou), grand natte

P2160739 (Large)à gauche, une huche
à droite, une demi-noix de coco pour frotter le parquet

P2160740 (Large)le lit du maître

P2160741 (Large)un tapis mendiant sur le lit du maître

IMGP2391 (Large)photo : françoise-claire B
fougères arborescentes

IMGP2394 (Large)photo : françoise-claire B
IMGP2398 (Large)photo : françoise-claire B
IMGP2400 (Large)photo : françoise-claire B
fruits de la passion

IMGP2401 (Large)photo : françoise-claire B
la case Folio a 140 ans

IMGP2407 (Large)photo : françoise-claire B

IMGP2373 (Large)photo : françoise-claire B
après la visite de la maison Folio, un petit tour des cases de Hell-bourg

P2160714 (Large)
P2160716 (Large)
P2160717 (Large)
P2160723 (Large)
P2160766 (Large)et puis on repart, sûr de revenir un jour visiter la maison Folio
on se demande si le voile de la mariée est laïc ou répréhensible comme une burka repérée par le ministre de l'intérieur

P2160769 (Large)et on tombe sur un éboulement : la routine pour un rényoné

P2160770 (Large)photo : Rapha B

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27 septembre 2009 7 27 /09 /septembre /2009 11:55
photo prise au Mascarin par Bénédicte

Après distillation, la racine de vétiver fournit une essence résineuse très épaisse utilisée en parfumerie. L'essence de vétiver appartient à la famille olfactive des boisés. C'est une essence à la saveur fine et complexe : boisée, aromatique, verte, quelquefois légèrement fumée. Le vétiver est principalement utilisé dans les parfums masculins, plus rarement dans les parfums féminins. Un parfum de Guerlain s'appelle Vétiver (1959).

En parfumerie, on utilise trois variétés différentes de racines de vétiver : le vétiver Bourbon (un des plus appréciés), le vétiver Haïti et le vétiver de Java (à l'odeur légèrement plus fumée). (source : wikipedia)

 

vétiver, géranium, eucalyptus au Conservatoire du Mascarin (3 sept 09)

photo : Bénédicte

 

 

Photo prise à Stella Matutina le 23 janvier comme les 2 ci-dessous

 

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27 septembre 2009 7 27 /09 /septembre /2009 06:20
Si on ne quitte pas l'Europe, on a tendance à croire que le géranium est une plante de balcon que mémé arrose chaque jour en faisant attention de ne pas mouiller Moumoute. En fait, le géranium (pelargonium) est une plante venue d'Afrique australe, qui a connu un grand succès à l'île Bourbon. Elle est célébrée parmi les plantes lontan au Conservatoire du Mascarin : la photo ci-dessus et les 3 ci-dessous ont été prises début septembre. Je me rappelle en avoir vu dans le Dimitile, aussi vers l'îlet Alcide et on vend sur les marchés du parfum et de l'huile essentielle de géranium (antimoustiques dit-on)




Le géranium est également mis à l'honneur au musée Stella Matutina de Piton Saint-Leu. J'ai pris la photo ci-dessus et les 5 ci-dessous le 23 janvier dernier.





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23 septembre 2009 3 23 /09 /septembre /2009 18:06
Les cactées, c'est en bas à droite, sur cette photo que j'ai prise en parapente ce mois-ci.
Je vous raconterai un jour l'histoire du domaine de Mascarin, à 2 pas de chez moi, cette propriété du riche marquis de Chateauvieux (XIXè) situé dans les colimaçons, mais c'est trop long pour ce soir. On se contentera d'une seule petite fraction de ce Conservatoire botanique national de Mascarin, lieu hautement écologique depuis plus de 20 ans, chargé de cultiver, préserver, étudier des centaines de plantes uniques au monde, de suivre l'évolution des pestes végétales et des espèces endémiques, d'observer les interactions flore/insectes, de valoriser les plantes médicinales, d'éduquer le public etc. Agréé en 1999 par le ministère de l'Environnement il est le seul Conservatoire botanique national des TOM-DOM. On se contentera donc pour cette fois d'un petit voyage au pays des cactées. C'était le 3 septembre dernier.








































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11 février 2009 3 11 /02 /février /2009 15:24


Le Jardin de l'Etat (nommé d'abord Jardin du Roy) à Saint-Denis est planté d'arbres et d'épices ramenés de l'extérieur de l'île par Pierre Poivre (1719-1786), administrateur colonial et agronome français. Intendant des Mascareignes, il a créé sur l'île de France (île Maurice) un des plus beaux jardins botaniques : le jardin de Pamplemousses.

Il s'est particulièrement passionné pour acclimater des muscadiers et des girofliers à l'île de France et à Bourbon. Il est à l'origine du développement et du peuplement des Seychelles. Dans les Mascareignes et jusqu'en Guyane française, il a acclimaté des épices : girofle, muscade, poivre, cannelle, quatre-épices, et des dizaines d'espèces végétales. Il y a favorisé la culture d'arbres fruitiers qu'il a introduits ou réintroduits : fruit à pain, letchi, manguier, badamier, mangoustan, cacaoyer, longanier. Il a aussi dénoncé l'esclavage.

Le lycée de Saint-Joseph porte son nom. Les élèves ont écrit une page consacrée au grand botaniste dans le site de leur lycée.




les noms des essences, des cactées et des plantes de ce jardin ont une grande puissance d'évocation, jugez plutôt : pin colonnaise, jacquier, carambolier, bambou, palmiste, queue de poisson, cocotier, teck d'indochine, tamarinier, arjunier, badamier, grain de bouchon, yucca pied d'éléphant, santal, cognassier de Chine, ficus-banyan, arbre caca, palmier royal, arbre papillon, sang dragon, vacoa, manguier, latanier de Chine, arbre à saucisses, acajou du Sénégal, arbre à miel, toto Margot, eucalyptus citronnelle, oreille cafre, bois rouge, palmier à huile, palmiste blanc, arbre à calebasses, boulet de canon etc








Malgré la fermeture du Museum et d'une partie du parc pour cause de travaux, le Jardin de l'Etat est un havre de paix et de fraîcheur dans la capitale administrative de l'île où il fait très chaud en été. On y trouve des bassins que Monet aurait adoré peindre.











Près du Jardin de l'Etat, les rues Evariste de Parny et Bertin se croisent pour mieux associer les deux amis dans les mémoires.





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24 octobre 2008 5 24 /10 /octobre /2008 18:20




J’ai longtemps observé aujourd’hui, dans les Hauts de Mafate, un tec-tec construisant son nid. Il faisait alterner des écheveaux de barbes de Saint-Antoine avec des brindilles rigides qu’il arrachait vigoureusement aux branches avec son bec et des bouts d’herbes sèches. Chaque fois qu’il voulait rejoindre son nid, il se dérobait à ma vue pour ne pas que je voie le berceau de ses futurs oisillons et pour cela, rejoignait une branche qui le dissimulait, toujours la même, à proximité du nid.

C’était un acacia mimosa qui servait de perchoir et de paravent. Comme toute cette forêt, entre 1600 et 2000 mètres, bruit d’insectes et sert de lieu de concert ininterrompu à des oiseaux de toutes sortes, on mesure le service rendu. Le tronc de la fougère arborescente a longtemps servi à fabriquer des pots nourriciers pour les plantes d’appartement. Enumérons : l’ombre, le filtrage de la lumière (des UV), la rétention d’humidité, le bois de chauffage, le bois de menuiserie, les marches de bois et petits ponts des sentiers forestiers, les charpentes, l’écorce, la résine, la sève, les chatons, les fruits, le pollen, les feuilles, la chlorophylle, la production d’oxygène….

Alors, le poème de Ronsard nous revient :

 « Écoute bûcheron, arrête un peu le bras ;
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas ;
Ne vois-tu pas le sang lequel dégoutte à force
Des nymphes qui vivaient dessous la dure écorce ?
Sacrilège meurtrier, si on pend un voleur
Pour piller un butin de bien peu de valeur,
Combien de feux, de fers, de morts et de détresses
Mérites-tu, méchant, pour tuer nos déesses ?
Forêt, haute maison des oiseaux bocagers !
Plus le cerf solitaire et les chevreuils légers
Ne paîtront sous ton ombre, et ta verte crinière
Plus du soleil d'été ne rompra la lumière.
Plus l'amoureux pasteur sur un tronc adossé,
Enflant son flageolet à quatre trous percé,
Son mâtin à ses pieds, à son flanc la houlette,
Ne dira plus l'ardeur de sa belle Janette. »

Alors, on comprend mieux pourquoi essences, arbres, arbustes, souches, se concertent à tout moment sur les vilénies humaines.

Alors, on comprend mieux pourquoi de branche en branche, on aide les oiseaux à nicher, les fleurs à fleurir, les amoureux à s’aimer, les esclaves marrons à se cacher.

Alors, on comprend mieux pourquoi des troncs et des branches fondent des associations d’entraide, des compagnies d’étais, des ligues de défense contre la bûchonnerie, pourquoi ils créent de nouvelles danses, de nouvelles figures, de nouvelles implorations, pourquoi leurs bras noueux, leurs phalanges nouées et leurs squelettes secs prient jour et nuit pour le salut d’êtres humains qui n’ont plus grand-chose d’humain.



























































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15 octobre 2008 3 15 /10 /octobre /2008 18:05
Aujourd'hui, j'ai rendu visite aux bayans de Saint-Pierre. Un par un. Quelle convivialité ! C'est impossible d'en prendre un en photo sans humain près de lui : gramoune, enfants en train de jouer, voyageurs attendant le bus, pêcheur avec sa place attitrée, le banyan a toujours un ou plusieurs compagnons . Chaque banyan s'est mis au service de certains d'entre nous. Ils se sont partagés le travail : ombre, terrain de jeu, spectacle mythologique ou cosmique, autel, réincarnation, être fabuleux.






Le banyan tire.
Ce géant ici, comme son frère de l'Inde, ne va pas ressaisir la terre avec ses mains, mais, se dressant d'un tour d'épaule, il emporte au ciel ses racines comme des paquets de chaînes. A peine le tronc s'est-il élevé de quelques pieds au-dessus du sol qu'il écarte laborieusement ses membres, comme un bras qui tire avant le faisceau de cordes qu'il a empoigné. D'un lent allongement le monstre qui hale se tend et travaille dans toutes les attitudes de l'effort, si dur que la rude écorce éclate et que les muscles lui sortent de la peau. Ce sont des poussées droites, des flexions et des arcs-boutements, des torsions de reins et d'épaules, des détentes de jarret, des jeux de cric et de levier, des bras qui, en se dressant et en s'abaissant, semblent enlever le corps de ses jointures élastiques. C'est un noeud de pythons, c'est une hydre qui de la terre tenace s'arrache avec acharnement. On dirait que le banyan lève un poids de la profondeur et le maintient de la machine de ses membres tendus. Honoré de l'humble tribu, il est, à la porte des villages, le patriarche revêtu d'un feuillage ténébreux. On a, à son pied, installé un fourneau à offrandes, et dans son coeur même et l'écartement de ses branches, un autel, une poupée de pierre. Lui, témoin de tout le lieu, possesseur du sol qu'il enserre du peuple de ses racines, demeure, et, où que son ombre se tourne, soit qu'il reste seul avec les enfants, soit qu'à l'heure où tout le village se réunit sous l'avancement tortueux de ses bois les rayons roses de la lune passant au travers des ouvertures de sa voûte illuminent d'un dos d'or le conciliabule, le colosse, selon la seconde à ses siècles ajoutée, persévère dans l'effort imperceptible. Quelque part la mythologie honora les héros qui ont distribué l'eau à la région, et, arrachant un grand roc, délivré la bouche obstruée de la fontaine. Je vois debout dans le Banyan un Hercule végétal, immobile dans le monument de son labeur avec majesté. Ne serait-ce pas lui, le monstre enchaîné, qui vainc l'avare résistance de la terre, par qui la source sourd et déborde, et l'herbe pousse au loin, et l'eau est maintenue à son niveau dans la rizière ? Il tire. Connaissance de l'Est (1895-1900) Paul Claudel






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24 septembre 2008 3 24 /09 /septembre /2008 14:05
C'est juste un petit tour au milieu des plantes et des fleurs les plus répandues à saint-leu et les environs. Je ne connais pas le nom de toutes mais leur charme n'attend pas.

Personne ne pouvait me dire depuis un mois le nom de cet arbre omniprésent entre Saint-Leu et La Fontaine avec ses belles gousses couleur crème. C'est en descendant ce matin un gramoune qui faisait du stop jusqu'à Saint-Leu que j'ai su : « c'est un bois noir » m'a-t-il dit.

Le secret de la plante jaune de mon jardin est percé aussi (grâce au bouquin de J-N Eric Rivière Arbres et arbustes exotiques de la Réunion édition Orphie) : c'est un arbuste qui s'appelle Tecoma. Il peut atteindre 2 ou 3 mètres

Hier à Saint-Denis, j'ai acheté des pépinos : goût de melon, excellent.

Une photo des bougainvillées. Dans presque tous les virages, roses, rouges, mauves, oranges, jaunes, blanches, elles vous jettent leurs couleurs vives au visage, le ravissement des peintres.

Autre plante omniprésente, même dans mon jardin, l'agave choca baïonnette qui donne du chanvre sisal

partout aussi, le datura, appelé trompettes du jugement dernier

ses fleurs sont dans une attitude d'humiliation consentie très frappante, mais les êtres humains n'y voient aucun exemple à suivre 

petit grévillaire

le bambou

et une balade dans les rues de saint-leu

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