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24 décembre 2009 4 24 /12 /décembre /2009 11:32
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L’irrésistible promotion du créole

Depuis les premières BD Tintin et Astérix en créole rényoné (septembre 2008), le mouvement continue et même s’accentue. Après Tintin péi Tibé, Le Kofré Bijou la Kastafiore, un Spirou, Z konm Zorkler et La Vil Dalton (Epsilon), voilà Vol 714 pou Sidney et Le Krab la pinss an or. La signature du traducteur Robert Gauvin n’est sans doute pas pour rien dans ce succès éditorial et commercial. De son côté, CaraïBéditions récidive avec un autre Astérix : Lo Deviner. Il paraît que l’incendie récent de 8 entrepôts au Port a rendu ce dernier album introuvable. Gageons que cette indisponibilité ne va durer que quelques semaines.

 

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Un autre indice de la montée du créole : la publicité, celle des affiches murales, celle des journaux, celle des boîtes aux lettres, qui est de plus en plus souvent bilingue. Même la signalisation routière lumineuse s’écrit de plus en plus souvent en créole : « si ou conduis attache out ceinture », « passe out kamarade le volant ».

 

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De même le créole dans la culture ne se limite plus à la chanson, comme nous le prouve le fameux conte musical de Sergueï Prokofiev (1936), interprété début octobre 2009 au Grand Marché de Saint-Denis par Nicolas Givran et l’Orchestre Régional : Ti Pierre ek le lou.

 

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J’ajoute le cadeau que Noro m’a offert pour mes 6 dizaines : Sirandanes I et II miniaturisés (Surya éditions). Ces devinettes créoles ont été collectées auprès des détenus de la Maison d’Arrêt Juliette Dodu à Saint-Denis.

Exemples : Shakefoi li tir in rob li gingn ti. Réponse : baba fig

(A chaque fois qu’elle enlève sa robe elle fait des petits. Réponse = l’inflorescence du bananier)

Tou lé moi, moin lé plènn, zamé mi mèt ba. Réponse : la line

(Tous les mois, je suis pleine, mais jamais je n’accouche. Réponse = la lune)

 

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Si on se rappelle du succès des lectures de Chansons madécasses en créole par des élèves de seconde, de première et Robert Gauvin les 27 novembre et 11 décembre au lycée Parny, on peut parler d’un regain de popularité de la langue maternelle de la majorité des rényonés. Tant mieux.

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29 août 2009 6 29 /08 /août /2009 05:19
Je viens de découvrir un recueil de fables de La Fontaine traduit en créole par Claire Bosse en 1975 : "Voila-la Claire Fontaine"
Bien sûr en 1975, c'est la graphie étymologique, mais elle a son charme. Je vous copie-colle 4 fables des plus célèbres.

Le loup et l'agneau

 

Un tout p'tit mouton lété en train d'boire

Dan fond d'une ravine ; lété un soir.

Un vilain loup que lavé l'vente vide,

Y arrive coté d'lui. Méchant et perfide.

Comment p'tit frisé, vi connaît pas vive !

Ça, c'est ma rivière et vi promèn su la rive ?

En plusse, vi met à boire mon l'eau ?

Vous lé bien osé... l'agneau !

Quitte à moi boire... moi lé en bas de vous ;

De l'eau qui passe ici, y repasse pas par vous ;

Toute droite, elle y file par en bas...

Mi peu pas salir à elle... ça là, mi gagne pas !

Assez ronfler et arrête dire du mal de moi.

L'année dernière vous la mal parlé su moi.

Ah non, vi trompe... moi lété pas même né.

Si lé pas vou, c'est vot parenté...

Moi lé tout seul... moi lé un zenfan trouvé...

Alors, c'est vot patron que la dit, la fé !

Vot zamis chiens y fé à moi la guerre ;

Pou zot toute vous va paye cher.

Sur ce le loup y trangue la p'tite bête

Lu croque à elle, y fé la fête.

Moralité :

Le plus fort na raison su la terre

Si vous lé faibe, supporte vot' misère.

 

 

La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le boeuf

 

Grenouille lé surement en train.

De louque le boeuf depuis ce matin.

Elle y voudrait peut'ète fé l'amour

Ensemble ce bonhomme gros et lourd !

Ça y peut pas ète vrai ça ?

Mi demande à elle : coça vi fé là ?

Gros comme lui, mi veut tête !

Laisse à moi rire ; le dent lé bête

Vous lép'tit com puce, vi veut gale sa grosseur ?

Vous lé envieuse... vous la pas peur ?

Non, mi commence gonfler... attention !

Voilà qu'elle y ramasse sa respiration ;

Son vente y grossit... son estomac y ronfle...

Elle y grossit toujours... sa bouche y gonfle...

Mon Dieu ; moi lé zémue pou elle,

Va rive un malheur... mi prie pou elle.

Arrête grenouille, vous va faire pouf !

Non, dis à moi si mi lé encore loin

De sa grosseur ? ... réponde zamie ! Ouf !...

Mi regarde pu... vous lé encore bien loin !

Alors ma souffe toujours... ma arrête ta l'heure

Mi dis à vous : va rive à vous malheur ...

Coça c'tapage là ? C'est son vente que la pété...

C'est bien la mort que lé arrivée.

Moralité :

Pou vive heureux, guète pas saque nana gros quat' sous

Saque nana gros l'auto ; marche droite devant vous.

Si vous na point ni devant ni derrière

Casse pas la tête, coça va faire ?

 

La cigale et la fourmi

 

La cigale la gagne chanter

Tout le temps de l'été

Maint'nant la pôve diabe lé foutue !

N'aura point du tout d'manger pou lu

Pas même un kaniki de coco de pain

Pou le méchant temps qui peut v'nir demain.

Pou l'hiver y faut fé des provisions.

Dans son p'tit l'imagination

Elle y sava vitement

Secouye ses ailes d'argent

Chez la fourmi grand galop !

Zamie, lé vide mon jabot !

Et na point d'grain dans mon godon !

Foi de cigale, bien pardon

Prête à moi un peu d'manger.

Mi court vraiment un grand danger.

Quant cardinal, va rougir,

Quand l'ote lété va revenir,

Ma rende à vous toute, zamie

Prends pitié de moi ma mie

La fourmi y aime pas prêter ;

Son main, son coeur lé bien fermés

Coça vous la fé depuis l'ôte jour ?

Ah ! moi lété qui chantait

Le jour la nuite mi valsait

Le vente vide ? dit la cruelle

Alors chante encore dans la ruelle !...

Et la fourmi su cette leçon

La quitte la cigale sans façon.

Moralité :

Tit'fille y fé mal la faim.

D'accord pou rire, chanter, danser,

Mais pou gagne la vie, faut manger,

Alors, met de côté d'abord vot riz, vot pain

Goni vide y tient pas deboute

Et puis zaprès, fais la fête et fais le fou.

 

 

La laitière et le pot au lait

 

Une p'tite femme, Perrette lété qui descendait

En bas là bas, St-Denis. Su sa tête,

Elle l'avait un ferblanc plein d'lait.

Dan' sentier Brulé, un peu follette,

Elle y allait vite, en rêvant...

Avec son caraco rouge, sa jupe à plis,

Son soulier plate, elle y volait vraiment.

Le récipient bien callé su le sombli,

Elle y maginait toute saque elle y achétrait

Ensembe l'argent de ce bon lait frais

D'abord un, ma chère un bon peu d'zoeufs

Ma mette couver, coté parc boeufs

Quand va éclore, ma veille chat marron

Faut pas lu gagne souque la bande poussins

Ma vende à zot grand marché ; moi lé malin

Avec l'argent ma achète un p'tit cochon

Ma engraisse à lui ensembe maïs pays

Gras à point, ma vende à lu un bon prix

Après ça, ma achète un' vache et son veau

Que mi voit d'ici, sauter dan' troupeau

Légère comme un zoiseau, elle aussi y saute;

Elle y oublie saque elle nana su la tête...

Comme le p'tit boeuf, elle y fé la fête !

Patapouf ! Perrette y fé un vol plané !..

Elle y roule su le coté... le lait y fane.

Le ferblanc lé net vidé et toute cabossé

Adieu tous les rêves partis dan' fossé

Adieu p'tites poules, cochon, vache, veau

Une épine choka y rente dans sa peau

Deboute su son deux pieds, elle y pleure fort

Coça va dire son mari ? Elle va mort

Quant ma raconte à lui ça, lu va batte à moi

Ma sauve marron, Moi lé en zémois !

Moralité :

Faut pas fé trop grands rêves nous là !

Laisse nos deux pieds su la terre Bon Dieu

Faut pas faire comme ce p'tit fille là..

Faut bien mette not l'esprit sérieux

Toute not courage pou travaille vraiment

Et puis zaprès pas faire trop d'bonniment

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25 août 2009 2 25 /08 /août /2009 08:16
suite du dossier sur le créole dans le Journal de l'île de la Réunion du 23 août












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24 août 2009 1 24 /08 /août /2009 21:15



















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22 août 2009 6 22 /08 /août /2009 15:28
Depuis mon billet du 16 septembre où je parlais de Le Kofré bijou la Kastafiore et de Tintin péi Tibé, est sorti Bato Likorn so sékré traduit en créole mauricien par mon écrivain mauricienne préférée : Shenaz Patel.
Les injures du capitaine sont amusantes : '"bebet sizo, verminn, kankréla, korsèr, koson maron, mous ver, mersenèr, margoz, kataplas etc"
Que boit-il ? du rom (à la place du koniak troi zétoil) "dan lanuit, bann pirat inn al dékouver bann barik rom ki ti éna dan lakal bato Likorn. Zot inn boir ziska zonn soulé net, samem sa, net" "lor enn boutey rom ki ti pé tréné lor pon. Li débous li, paré pou boir enn lagoul" etc.
Dupond et Dupont s'appellent Zimo et Zimaz.













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22 août 2009 6 22 /08 /août /2009 14:49

La vil Dalton adapte Dalton city paru en 1969. Entendre des cow-boys parler créole en plein far-west pourrait tomber dans le ridicule. C'est tout le contraire. Comme la série Lucky Luke est déjà la parodie d'un mythe, ce dernier et le genre florissant de la BD contribuent à enoblir la langue créole, incitent à la parler et à l'écrire toujours plus.
Il y a un certain humour à placer dans un saloon une pancarte "Aviz pa lo pianist siouplé", à faire dire à un shérif "pèrsone la pa shapé sé-tan-si, bann Dalton lé ankor la, solmansa pou lo moinn zafer" ou à faire s'exclamer Lucky Luke : "Rataplat ! lo shyin lo plis kouyon é lo plis kados dann tou louest!". Désopilant de voir les Dalton à table : "Byin gadianm out rougay boukané, Averell !" ce à quoi l'intéressé répond "la pa in rougay boukané, sa in pintad konbava"
Le dialogue entre Lucky Luke et la patronne des girls Lulu vaut aussi son pesant de cacahuètes : "Joe Dalton i vé fé in gran kabar pou ou lo zour l'i batiz son restoran. L'i vé konèt si zot lé dakor  --  in kabar ? pou moin ? moin té i koné sa lété in restoran bon kalité ! di ali lé bon é k'la konpani Lulu Karabine va done digaz pou fé lonèr son gran kabar !"
Lulu Karabine donne du "zoli yab" à Joe à tout moment et le croissant de lune est sur le dos (p19) façon australe.




Suite de notre petit lexique

 

nana = il y (en) a

natte = arbre qui donne un bois rouge à veines noires

nom gâté = surnom affectueux

l'oppression poitrine = angine de poitrine

ousasa = que tu crois !

panier zoizo = cage en bambou

pannel = vase de terre ; assiette

pantalon cornet poiv', pantalon saute la rivière = pantalon au bas serré et un peu court

papa = gros, énorme ; ex : un papa poisson

papa momon = parents (père et mère)

pariage = pari

parquet = sol de la maison (quel que soit le matériau)

parasol = parapluie

parle-pas = muet

pastille = bonbon

pathéphone = phonographe

paw = petit pain de mie chinois rond et farci de viande salée-sucrée

pèch ek in ti poisson an vi = pêche au vif

pèch golett = pêche à la ligne

pèch goni = pêche utilisant un sac calé entre des cailloux ou un passage resserré d'une rivière

pèch lagrap = pêche au grappin

pèch lamok = on plonge une boite de conserve vide dans la rivière et on la lève de temps en temps pour y prendre les crevettes

pèch lapagn = pêche de chevaquines avec un linge

peinture = tromperie, mensonge

percer = presser (un citron, une orange) ; essorer (un vêtement)

pèsement = pesage

pète en fleur = éclore, s'ouvrir ; voler en éclats, exploser ; s'ouvrir, se fracasser ; ex : le volcan la pété

pétrole = rhum ou tout autre alcool

pétrolier = alcoolique

pièce linge = vêtement

pièce rapportée = femme nouvelle venue dans la famille du fait d'un mariage

piédboi = arbre

piédri = femme (souvent fonctionnaire) qui subvient aux besoins de son conjoint

piédkèr = estomac

pierre artificielle = parpaing

pilon = mortier

pintade = poisson plat, gris, tacheté de blanc

pioche = houe

pique = pioche

piqueur = instrument de musique utilisé pour le maloya ; C'est un tambour fait soit d'un morceau de gros bambou, soit d'une boîte de fer-blanc et sur lequel on frappe avec des baguettes.

pirate = avare, pingre, rapiat

pistache = comme je l'ai lu ce matin au marché : caca Houette

plaisab' = poli et agréable

plaisancier = pêcheur clandestin

plat = fade

pliant = transat

plumer = donner une raclée

pocore = pas encore

pointer = clouer

poc = ampoule, boursouflure

pomme genou = rotule

pomme gosier = pomme d'Adam

pomper = klaxonner

Pongol = jour de l'an malbar

tire portrait = prendre en photo

poutou = marque noire ou point rouge sur le front qui, selon la tradition malbare, désigne les femmes mariées

poudre = farine

poupette = poupée

poukosa = pourquoi ?

pourquoi = salaire (gagner son pourquoi)

prêté-rendu = justes représailles

prévenance = présage, prémonition

quat'pattes = accroupi

quat'sous = somme très limitée, aumône

queue la morue = dernier (d'une liste, d'une file)

quine = loto

quiner = mourir

quo sa un choz = qu'est-ce que c'est

rabane = raphia, natte

rache kèr = pitié, situation ou spectacle désolant

rafraîchissant = tisane diurétique et dépurative

râlé-poussé = dispute, mésentente

rapportant = lucratif

ravane = tambour malbar fabriqué avec un cercle de métal sur lequel est tendue une peau de chèvre que l'on chauffe avant de l'utiliser pour lui donner plus de sonorité.

raz de marée = mer démontée

refaire = aller mieux, reprendre ses esprits

regardage, regardeur = devineur, sorcier

reinter = rosser, corriger

relâchement = diarrhée

requin chagrin = espèce redoutée des pêcheurs qui s'acharne sur les lignes, s'emparant du poisson

Réunion (La) : Bourbon a changé de nom le 23 mars 1793. C'est lors de l'arrivée de La Minerve, le 10 avril, que l'on sut exactement ce qui venait de se passer en France : la « réunion » qui s'était opérée le 10 août 1792 entre les fédérés de Marseille et la garde des Tuileries.

ronm dépo = rhum fabriqué et vendu légalement

ronm lalambic, ronm marron, ronm fangourin = rhume de fabrication clandestine

rôder = chercher

rondage = barrière de corail

rose de Chine = hibiscus

rose dindon = gardénia

roue caroutchou = pneu

roulette = jouet d'enfant en forme d'hélice

sac l'école = cartable

 

la pwin remede pou mal oki

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22 août 2009 6 22 /08 /août /2009 13:11

Il y a un an jour pour jour, ce blog démarrait. Du bricolage puisque j'occupais le logement d'Euphrasie-Framboise en attendant de me trouver un logement et que le but poursuivi c'était de m'éviter la corvée de cartes postales. La rentrée avait eu lieu 4 jours plus tôt. Les encouragements, les algorythmes des moteurs qui pointent volontiers vers un mot comme Bourbon, les commentaires toujours sympas en bas des articles, l'insularité et le tournoiement de la voûte australe ont sans doute contribué à ce joyeux anniversaire. 
Pour marquer le coup, je poste 3 articles sur le créole pour arriver au chiffre rond de 300. D'abord un article de journal (JIR ou Quotidien) du 19 octobre 2008 qui rappelle le désir insistant d'une traduction de la Bible en créole. Comme le Nouveau Testament et le Cantique des Cantiques sont déjà traduits, on voit mal pourquoi le mouvement s'arrêterait. D'ailleurs les frères Gauvin, traducteurs du Cantique des Cantiques, ont aussi publié les Chansons madécasses d'Evariste de Parny en version bilingue créole/français (Douz shanté Madégaskar ed UDIR 2005).





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18 août 2009 2 18 /08 /août /2009 18:55

Rentrée scolaire aujourd'hui à La Réunion. Extrait du discours du Recteur : “Le créole est une langue vivante régionale. En 2007, les enseignants habilités étaient au nombre de 27 ; en 2009, ils sont 114. Chaque école, en fonction des demandes des parents, peut présenter un projet de classe bilingue. Il y a actuellement neuf classes bilingues français-créole, ce chiffre devrait monter à quinze dans l’année”.

 

Trouvé dans ma boite aux lettres hier, un petit guide du tri sélectif (lo liv pou protèz nout' lenvironneman)... bilingue

Confirmation de cette présence plus grande du créole écrit dans l'information publique que je notais dans le billet « Créole 5 » du 12 août.

 

Exemples :

in prinsip' lontan nou té itiliz toultan

la salté i zèt pou vréman

ousa i sa va ? (où vont nos ordures ménagères ?)

dé trwa légzanp (quelques exemples)

lé désé i ansèrv pou fé nouvo produi avèk

kosa i fo fé ? (que faut-il faire ?)

lé désé i ansèrv pou fé fimié pou la tèr

la kaz osi nou pé fé fimié

kosa lé bon pou fé fimié ? (que mettre dans le composteur ?)

tout'bann boutèy ek bokal an ver

lo bann grogro désé

biyin okip nout'zanimo

kosa i fé ansanm lépav loto (que fait-on des épaves de véhicules ?)

arèt gaspy do lo

réflési inpé pou bat'karé (pour vos déplacements, pensez à utiliser les bus, le vélo, le covoiturage ou la marche à pied)

a la ousa i fo mèt lo bann désé

 

J'ai retrouvé et scanné un article intéressant Sylvie Wharton sur la situation sociolinguistique rényonaise : « Enseigner le français à La Réunion : toujours des chantiers en perspective ! » in Le Français aujourd'hui n°132 janvier 2001 « Le Français vu d'ailleurs ». Les tendances repérées se sont accentuées, mais les moyens budgétaires fondent ces dernières années ce qui empêche de concrétiser les propositions faites par Sylvie Wharton (MdC Sciences du langage à l'IUFM).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 19:39

Le créole est plus vivant que jamais. De plus en plus, la signalisation routière lumineuse s’en sert, la publicité s’en sert, le français et le créole s’épaulent au lieu de se concurrencer.

Un petit indice parmi d’autres : si vous faites le n° de Corsairfly (08 20 04 20 42), vous entendez : « Corsairfly bonjour et bienvenue, merci d’attendre un instant, un conseiller va répondre à zot’ » Je trouve ça très sympathique.

 

à la question coman i lé ? il faut répondre : lé gaillard ! le mot recouvre plusieurs sens : bien, agréable, sympathique, beau, joli, à l’aise, en bonne santé, courageux

bonbon moustache = sexe de la femme

cendriner = fariner (en parlant de la bruine)

codindé = couvert de taches de rousseur

coplas = ruban adhésif

dakatine = pâte de cacahuètes et de pistaches qui peut remplacer le rougail ou le massalé dans certains plats

documentaliss = documentaliste

doktèr la têt = psychiatre

en missouk = en douce, en cachette

être en misère de = manquer ; nous l’est misère chouchous

faire kadadak = faire sauter un marmail sur ses genoux

fin-fin = microscopique

fion = amoureux, petit ami

flèche = lance-pierres

fleur de 6 mois = hortensia

fonkèr = poème

fraidir = (se) refroidir

fraise : clitoris

franciscéa : jasmin d’Afrique qui dégage un parfum entêtant le soir

fromage tête de mort = édam

gagne galop = s’enfuir

galapente : fougère

gameur, gameuse = joueur/se, séducteur/trice, enjôleur/euse

gaouée = prostituée

gardien cabri = chevrier

gauf’ = rayon de miel

gogotte = sexe de l’homme

goni = sac de jute

goulapia = gourmand, goulu

gousse = quartier d’orange ou de pamplemousse

goût = plaisir ; N’a d’goût écoute à ou causer = c’est un plaisir de t’entendre parler

goûter = petit déjeuner

graffiner = égratigner, griffer

graines = testicules

grains = grains secs sortis de leur enveloppe (lentilles, pois, haricots secs, fèves etc.)

gramoun lao = Dieu

gran matin = de bonne heure

grandes gens : mi vive à l’heure grandes gens = je vis sur un grand pied

grand-mère Kalle = vieille femme rényonaise légendaire qui annonce la nuit, par plaintes lugubres, la mort prochaine de quelqu’un

grègue = cafetière traditionnelle créole, souvent en tôle soudée mais certaines sont magnifiques (voir les billets sur le café)

gris = se dit de la couleur du pti blanc des hauts

gros doigts = malhabile, maladroit

gros monmon = grand-mère

gros papa = grand-père

guêpe la frais = femme désagréable

guérit-vite = plante à cataplasmes, cicatrisante

guétali : de guette à li = regarde-le ; terrasse aménagée dans le haut du mur pour observer le spectacle de la rue (dans les vieilles demeures créoles) ; le mot guétali date de 1933, c’est une création du poète Toudoir, de La Plaine des Palmistes

guildive = 1/ jus brut de canne à sucre 2/ rhum agricole

installé = mort ; exposé sur son lit de mort

jabot = ventre

jacquot = danseur de rue presque nu, peint de couleurs vives accompagnant autrefois les cortèges malabars en grimaçant et en se contorsionnant, effrayant les enfants

joliesse = beauté, charme

joue de fesse = fesse

jour sécurité = jour de paiement de l’argent braguette (allocations familiales)

jument = fille facile, garce

jurage = serment

kabar = service religieux rendu aux ancêtres selon les croyances animistes malgaches

kabar fonkèr = assemblée de poètes, de conteurs et de diseurs de mots qui se réunissent pour écouter de la poésie de manière festive

kajou fesses roses = guenon

kalianon = mariage tamoul

kalmandron = funérailles malbares

kalou = vin de cocotier

kapok = ouate des gousses du kapokier (pour garnir un oreiller ou une poupée)

kax = casque

kayout = sexe de la femme

kriké kraké : formule initiale rituelle prononcée avant de raconter un conte créole

l’article 12 = une embrassade

l’ombril = le nombril

la tit mer = le lagon ; la grand mer = la haute mer, le large

lève-tête = premier verre de rhum de la journée

lézard = margouillat ou gecko

ligne gouvernement = limite du domaine

linceul = draps

linge dentelle = vêtement élégant

lit’ = bouteille (quelle que soit sa capacité)

loi = police, gendarmerie

loriot = bonbon

macaouèle = prostituée

makave = chinois

makouba = tabac plus ou moins licite, cultivé chez soi

maladie arrangée = maladie qu’on croit provoquée par un mauvais sort

maladie bon dieu = maladie naturelle

maladie volaille = maladie diplomatique, permettant de ne pas aller travailler

malle de France = nom des premiers voiliers porteurs de colons, de marchandises et de courrier ; il y avait la malle des Indes ; il y avait la malle des Messageries maritimes

maloya = chant et danse exécutés au son du rouleur, du kayamb et du bobre, par les esclaves, le soir, dans leur campement. Lancinant, répétitif, sensuel, le maloya, à ses débuts, chantait les misères du peuple noir sous les fers, la nostalgie du pays perdu ou l’amour.

manchy = chaise à porteurs d’origine indienne (manjil, manjeel) portée par des esclaves puis par des engagés indiens, elle a longtemps servi à conduire les belles dames créoles à la messe du dimanche ; le manchy a été immortalisé par Leconte de Lisle en 1858 (ci-dessous)

melon = pastèque

même : se place après le mot qu’il renforce : ça lé vrai même = c’est bien vrai ; ça même même = exactement ça ; là même même = juste là

mon gouvernement = ma femme

moral = esprit

mouches à miel = abeilles

moufia = raphia produit par un palmier qui a donné son nom au quartier de l’Université à Saint-Denis

moune = monde

museau = visage

musique la gueule = harmonica

narvu = on se revoit, à plus

socialiss = socialiste

tit guiguine = un tout pti peu, presque rien

tortue i trouv pa son queue = à l’impossible nul n’est tenu

un nous-deux = un roman photo

voul voul = petits moutons, petits morceaux de coton qui restent accrochés sur un vêtement sombre

zieux boutonnière = yeux bridés (asiatiques)

 

Je me suis beaucoup inspiré de Le Grand lexique créole de Armand Gunet, Azalée éditions, 2001, qui est malheureusement épuisé

à suivre

 

Le 3 juin, j’avais donné une réécriture d’élève « à la manière de Raymond Queneau » en langue créole. En voici une autre, réalisée dans la même classe. L’élève est parti du récit suivant :

Un homme se promène dans la rue. Il bouscule une dame pour lui prendre son sac. La dame était en fait ceinture noire de karaté. Elle le frappe avec son sac et le pousse sur la route, au moment où arrive un van transportant un cheval. Sous le choc, le cheval sort. L'homme reste inanimé sur la chaussée. La dame saute sur le dos de l'animal et s'enfuit au galop.

Un boug té promèn a li su la route. Li bouscule un vié madam pou cap son sac. Femme la té enfaiti ceinture noire di karaté. Li langet a li cou sac et pouss’ a li su la chaussé. Li tampone un loto que té transporte un cheval. Loto tampone le boug, le verrou box cheval y casse, cheval y tay. Vié madame saute si son dos et tay’ la route.

 

Le Manchy

 

Sous un nuage frais de claire mousseline,
Tous les dimanches au matin,
Tu venais à la ville en manchy de rotin,
Par les rampes de la colline.

La cloche de l'église alertement tintait
Le vent de mer berçait les cannes
Comme une grêle d'or, aux pointes des savanes,
Le feu du soleil crépitait...

Et tandis que ton pied, sorti de la babouche,
Pendait, rose, au bord du manchy,
A l'ombre des Bois-Noirs touffus et du Letchi
Aux fruits moins pourprés que ta bouche ;

Tandis qu'un papillon, les deux ailes en fleur,
Teinté d'azur et d'écarlate,
Se posait par instants sur ta peau délicate
En y laissant de sa couleur ;

On voyait, au travers du rideau de batiste,
Tes boucles dorer l'oreiller,
Et, sous leurs cils mi-clos, feignant de sommeiller,
Tes beaux yeux de sombre améthyste.

Tu t'en venais ainsi, par les matins si doux,
De la montagne à la grand'messe,
Dans ta grâce naïve et ta rose jeunesse,
Au pas rythmé de tes Hindous.

Maintenant, dans le sable aride de nos grèves,
Sous les chiendents, au bruit des mers,
Tu reposes parmi les morts qui me sont chers,
Ô charme de mes premiers rêves !

Leconte de Lisle

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3 juin 2009 3 03 /06 /juin /2009 16:34

Colloque organisé par la Région Lofis La Lang La Rénion

Le créole réunionnais et la question orthographique

href="http://www.temoignages.re/les-reunionnais-fiers-du-travail,37016.html"mardi 2 juin 2009

 

Éclairages pluridisciplinaires pour une orthographe fonctionnelle et consensuelle du créole réunionnais.

La 3ème et dernière journée du Colloque organisé par la Région Lofis La Lang La Rénion s'est déroulée dans les locaux de l'Université de La Réunion. Les interventions ont permis de mieux cerner la question. A l'issue de cette intervention s'est organisée une table ronde animée par Axel Gauvin, Lambert Félix-Prudent ayant eu la lourde tâche d'assurer la synthèse du colloque.

Vigile Hoareau est doctorant en psychologie cognitive à l'Université de Paris 8. Il est lauréat de la Bourse Edouard Glissant 2007 et 2ème Prix du DEFT07 de l'Association Française d'Intelligence Artificielle. Il travaille sur la modélisation de la mémoire épisodique et sémantique, et notamment sur la modélisation de l'effet de la culture. Son intervention : "Evaluation des processus cognitifs impliqués dans la lecture de quatre graphies du créole réunionnais". La compréhension de texte implique la mise en œuvre d'un ensemble de processus cognitifs qui, pour certains, procèdent de la décision consciente et sont volontaires, alors que d'autres sont tout à fait en dehors de la conscience. Dans une première expérience, un protocole expérimental visant à contrarier les processus stratégiques est mis en œuvre afin de comparer les graphies appelées étymologisante, Oktob 77, Lékritir 83, Tangol (...). Une seconde s'intéresse aux mouvements oculaires (...). L'analyse des comportements oculaires permet de qualifier les graphies au regard des processus cognitifs qui leur sont sous-jacents.

Michel Fayol a été professeur des Universités à l'Université de Bourgogne puis à l'Université Blaise Pascal (Clermont). Il a fondé et dirigé LEAD CNRS, a dirigé le LAPSCO CNRS, a été chargé de mission à l'Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (AERES), il est chargé de Programmes à l'Agence Nationale de la Recherche (ANR) depuis janvier 2008. Son intervention : "Choisir un système orthographique ?" Aperçu critique des caractéristiques des systèmes orthographiques. Dans la quasi-totalité des cas, les systèmes orthographiques se sont établis et (relativement) stabilisés au cours du temps sous le jeu d'influences diverses, sans que quiconque ait essayé de les créer de novo. Leurs caractéristiques reflètent les poids de ces influences. Ces caractéristiques contraignent fortement la manière dont ils sont traités, en lecture comme en production. (...)

Jean-Pierre Jaffré a été enseignant en collège et en école normale de 1970 à 1987, chercheur à l'Institut national de la recherche pédagogique puis au Centre national de la recherche scientifique jusqu'en 2008 ; spécialiste des systèmes orthographiques et de leur acquisition, auteur de plusieurs dizaines d'articles et d'ouvrages. Son intervention : "L'orthographe du français... et quelques autres". Si les orthographes du monde obéissent sensiblement aux mêmes principes de base - une phonographie au service d'une sémiographie, elles sont aussi tributaires de facteurs - politiques, géolinguistiques, sociologiques, etc... qui motivent bien des différences. (...) Je m'appuierai sur l'exemple, en l'occurrence typique, de l'orthographe française en montrant comment elle s'est constituée et comment, à travers des options qui lui furent particulières, elle est finalement devenue l'une des plus difficiles à apprendre et à maîtriser.


Entre phonétisme et orthographe

Axel Gauvin est ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud et agrégé de l'université. Il est romancier, essayiste et, entre autres, l'auteur de "Du créole opprimé au créole libéré" "Petit traité de traduction créole réunionnais-français", "Les indispensables compromis", "Oui au créole, oui au français" Son intervention : "Sémiographie et antisémiographie dans les écritures phonético-phonologiques du créole réunionnais". La notation des sons (phonographie) est, assez généralement, la préoccupation essentielle de ceux qui écrivent dans une des écritures phonético-phonologiques du réunionnais. Dans de nombreux cas, cette phonographie amène au sens. Alors la phonographie devient synonyme de sémiographie. Cet apport sémiographique par la phonographie, associé au découpage lexématique actuel, est-il suffisant, dans le cas du réunionnais pour permettre une lecture à la fois rapide et confortable ? Cela serait le cas s'il n'y avait pas tant d'homophones, conduisant à autant d'homographes dans notre créole. De plus ces homographes peuvent occuper plusieurs (voire de nombreuses) fonctions stratégiques. Ils se retrouvent quelques fois à la suite les uns des autres, dans le même segment de phrase. Dans d'autres cas, plus grave encore dans notre contexte, la seule notation des sons conduit à une confusion graphique avec des mots français de sens différents. Tout cela associé ne peut que ralentir la compréhension et peut même conduire dans un certain nombre de cas au faux-sens, voire au contresens. Il faut donc, si nous voulons que ces écritures phonético-phonologiques deviennent fonctionnelles, se résoudre à un apport sémiographique supplémentaire. Quels sont les moyens qui s'offrent alors à nous ? Sont-ils culturellement acceptables ?

 

Mes élèves participaient hier à un récital poétique dans leur lycée. Leur contribution : dire chacun une réécriture à la manière des Exercices de style de Queneau.

 

Certains élèves avaient choisi d'inventer et de réécrire le texte suivant :

Un matin, le facteur a laissé tomber son sac plein de lettres dans la rivière. Une partie du courrier a été retrouvée par un SDF qui vivait tout près. L'une des enveloppes contient un chèque de 5000€. Le SDF joue au casino et devient millionnaire.

 

Leurs choix furent les suivants : photographique, nightmare, hellénisme, arc-en-ciel, hésitation, souvenirs, conte de fées, vers libres, chiffres, désastreux, disparition (sans e) etc. et ... kréol.

 

Kréol

Gran matin, un faktèr la lès tombé son bértel plin lenvelope dan la ravin'. Un moune la poin le kaz la trouv un morso courié. Navé 5000 zeuros dan un lenvelope. Le moune la poin le kaz la joué casino et la dvni milionèr.


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