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7 février 2014 5 07 /02 /février /2014 09:20

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Après de très nombreux changements de date et d'heure, Global Business, seule compagnie à assurer la ligne Dakar-Casa, me propose finalement un départ vendredi 17 pour le Maroc. Dans le Ford Transit, nous sommes 10 (8 sénégalais, 1 guinéen, moi toubab) quand nous prenons la route à 23h.
A 4h du matin, nous sommes devant le barrage anti-sel de Diama, à 27 kms au nord de Saint-Louis, donc proche de la mer (graves incidents entre le Sénégal et la Mauritanie de 1989 à 1992 près de ce barrage). A 8h, on passe aux mains des douaniers et on ne pourra les quitter qu'à 14h30. Ils veulent que tous les bagages du toit, puis tous ceux qui sont à l'intérieur (en tout plus de 500 kgs) soient ouverts devant eux. Le montant du backchich est élevé. Palabres.

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Nous savons bien qu'une fois en Mauritanie, le racket va reprendre à chaque poste de police, tous les 50 kms environ. Et c'est ce qui se passe en effet. Je suis le seul à avoir un carnet de vaccinations international valide, alors ça s'ajoute aux raisons de nous faire attendre des heures au soleil, jusqu'à ce que les voyageurs se montrent plus compréhensifs. Devant chaque poste de police, la Mercedès Classe A est pourtant un modèle récent. Parfois : une Lexus Infiniti 4X4 neuve. En plein désert, en plein soleil, nous devons nous acquitter d'amendes pour défaut de ceintures de sécurité aux dix places arrières d'un véhicule de transport en commun, défaut de feux antibrouillard et défaut de trousse à pharmacie !

 

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phacochère

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flamands roses

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on retourne le poisson mis à sécher

 

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phacochères (ultra-rapides)

J'ai eu droit moi aussi à un traitement privilégié, je vous copie-colle un passage de mon journal :
-- d'où tu viens, toi ? (énervé et agressif) tu vas descendre et on va te garder car on n'a pas l'habitude de voir un français dans un bus sur cette route ; comment tu as fait pour venir ici ?
-- j'ai acheté mon billet à Dakar comme les autres
-- non pas comme les autres (comme je ne bouge pas de mon siège, il se met à hurler et son arme de service tressaute à sa ceinture) ; les français ne prennent pas le bus ; tu vas descendre tout de suite et on va te ramener à Dakar
-- dans ce cas je perds mon billet d'avion Marrakech-Nantes du 27 janvier
-- tu es de quelle nationalité ?
-- française
-- les français ne passent jamais par ici ; qu'est-ce que tu es venu faire en Mauritanie ?
-- je vais au Maroc, j'ai mes visas en règle
-- tu vas retourner au Sénégal, tu n'as pas à être ici ; ici c'est un autre pays et il faut suivre ses règles etc
Finalement nous laissons ce personnage échappé d'un film de Sergio Leone vaquer à ses occupations pécuniaires sous sa casquette galonnée d'or que des mouches taquinent et le Ford Transit reprend sa poussiéreuse route sans que j'aie versé une seule ouguiya. J'entends alors mes voisins admiratifs me dire "toi, tu connais bien les policiers mauritaniens" et je sens mes chevilles enfler.
Je me souviens de la devise de la Mauritanie : "Honneur, Fraternité, Justice" et je reste songeur. Est-ce bien ainsi qu'on sécurise un pays contre AQMI ?

 

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Nouakchott le soir, on mange un peu dans une pizzeria qui ne sert pas de pizzas, je paie en dirhams.
200 kms avant Nouâdhibou, la nuit est si glaciale qu'on est tous encapuchonnés dans des burnous matelassés. Quand on arrive dimanche 19 à 7h45 devant le No man's land entre la Mauritanie et le Maroc, quatre ou cinq camions seulement sont devant nous, un brouillard à couper au couteau noie les bâtiments mauritaniens de la Douane et de la Police. Le conducteur nous demande à chacun 60 dirhams (6 euros) au lieu de 10 euros pour que le chef de la police nous laisse sortir de Mauritanie. Il a négocié.
La traversée des 4 ou 5 kilomètres du No Man's land se fait à 2 km/h car il ne s'agit pas de casser des lames de ressort, de fendre le pont arrière ou de crever. Ce territoire abrite plusieurs dizaines de personnes qui ne peuvent ni retourner au Maroc, ni retourner en Mauritanie, faute d'avoir un visa non-périmé, un passeport en cours de validité, un téléphone et un peu d'argent. Ces pauvres hères mendient leur pitance aux voyageurs en règle. Gare à celui qui tombe en panne et qui se trouve contraint de passer la nuit dans le No Man's Land ! A 9h, Paul, Hammadou et moi, avons terminé toutes nos démarches administratives (douanes Mau et Mar, polices Mau et Mar, vaccins, bagages, visas entrée et sortie). Nous ne savons pas encore que pendant 13h, nous allons attendre le conducteur et 5 sénégalais. Parmi ces derniers, 3 n'ont pas les 500 € que l'on doit présenter pour pouvoir entrer au Maroc ou plutôt la commission demandée par le Chef des douaniers à ceux qui ne les ont pas.
Pendant l'attente à côté du poste de douane marocain, je remarque Alexander, un allemand qui fait la route Allemagne/Capetown en vélo couché. Au moment même où je veux prendre une photo de lui à côté de son vélo devant un mur blanc, un policier marocain surgit, m'interdit de prendre la photo et veut me prendre mon appareil ! Je suis bien obligé de battre en retraite. Sans commentaire. En tapant "Alexander Capetown vélo couché" dans Google : rien. Dommage.
Finalement on part à 22h, on arrive à Dakhla à 2h du mat. On a été rançonnés une seule fois avec une amende de 40€ pour défaut de plaques marocaines (@%$£!!!) et défaut d'assurance marocaine.

 

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13h d'attente côté marocain

 

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poisson séché sur la terrasse de notre hébergement à Dakhla

Nous sommes hébergés chez une dame qui nous a préparé un bon petit plat et nous invite à dormir. Le lendemain lundi, le départ n'a pas lieu à 10h comme prévu mais à 15h car il faut prendre de nouveaux voyageurs. Il était temps car vers 14h45 j'étais parti me renseigner sur les horaires et tarifs des bus marocains CTM qui font Dakhla-Casa.
On va rouler non-stop jusqu'au lendemain mardi 21, 19h. En 28h, sont avalés 2400 kms : Dakhla, Boujdour, Layoune, Tarfaya, Tan-Tan, Guelmin, Tiznit, Agadir, Marrakech (où je descends), Casa.
Très souvent, sur le côté, un panneau "Réservé / Interdit à la vidange des eaux de camions de poissons" rappelle l'importance de la pêche pour l'économie de la région.
Les policiers qui nous contrôlent sans cesse font perdre aux automobilistes un temps considérable. Un calcul simple permet de savoir qu'ils gagnent 1 dirham au km sur les véhicules étrangers (les marocains ne sont pas contrôlés). Entre Dakhla et Agadir ils se font donc 1800 Dr soit 160 € par véhicule. C'est moins qu'en Mauritanie, mais c'est quand même un déshonneur pour un peuple comme le Maroc d'exhiber au grand jour une telle corruption en 2014. Nombre de véhicules circulent la nuit sans feux arrière et cela indiffère la police. Rançonner les automobilistes étrangers pour les motifs les plus farfelus l'intéresse bien plus.

 

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choupinette a chaussé les sandales de maman

 

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Dakhla

 

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le bus CTM

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de Dakhla à Marrakech, les centaines de kilomètres défilent de jour, puis de nuit, puis de jour, ponctués par les arrêts aux postes de police

 

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26 janvier 2014 7 26 /01 /janvier /2014 17:05

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Mercredi 8, départ à 4h30. A Boujdour, impossible d’avoir un café (que j’ai demandé en espagnol, en anglais, en arabe et en français), pendant 25’ le serveur fait passer une multitude de clients arrivés après moi, donc on se casse.
A l’approche de Dakhla, le soleil se lève sur le reg de notre route 66. D’innombrables pilônes radio-tv-téléphone, d’innombrables postes de police. Un policier marocain veut que je lui trouve une épouse française sur Facebook. Les lignes droites de plusieurs dizaines de kilomètres s’enchaînent pied au plancher malgré bosses et secousses. De temps en temps je remplace Pape au volant. Sur notre droite, régulièrement, on aperçoit les vagues de l’océan qui déferlent, un ourlet blanc festonné à perte de vue, coquetterie de l’immensité atlantique. Le vent balaie le reg et la route, la lumière dorée du matin allonge des ombres surhumaines. Lydia, ces paysages qui ont tant fait rêver Mermoz et Saint-Ex sont pour toi. Bien tapies entre des touffes de doum, quelques huttes de chameliers. De temps à autre, un oiseau passe. Mais c'est seulement en Mauritanie et au Sénégal que je retrouverai les hirondelles de Loire-Atlantique.

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Un virage, la nuit, des gravillons, vitesse élevée, crevaison lente ou endormissement = tonneaux assurés. Ce burkinabé vient de sortir de la route avec son Toyota RAV4 près de Dakhla. Sa galère commence.

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A l'approche de Nouakchott, les paysages contiennent des formations érodées par le vent qui semblent des carcasses de dinosaures échouées là à la manière d'Enki Bilal

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