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22 décembre 2009 2 22 /12 /décembre /2009 06:03
PC210015 (Large)

Le kayamb, instrument entièrement végétal est sympa dans un orchestre. Ce « hochet en radeau » s’appelle raloba à Mada, m’kayamba aux Comores, maravan à Maurice, chikitse au Mozambique.

C’est un instrument utilisé dans le maloya (issu des rythmes et chants africains). On le fabrique en fixant de part et d’autre deux rampes de fleurs de canne à sucre ficelées par des lanières entre lesquelles circulent circulent des graines sèches de balisier (canna), de safran marron, de kaskavel ou de conflor. On tient son cadre de bois tendre (raphia ou pandanus) des 2 mains, en position oblique et on le balance en maintenant les poignets souples au niveau de l’abdomen. Le maravan mauricien est constitué de 2 barres longues et 2 courtes. Sa caisse de résonance est plus grande, on la remplit à moitié de graines sèches.

 écouter le kayamb

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26 septembre 2009 6 26 /09 /septembre /2009 18:07

Bals la poussière dann’ tan lontan

CLICANOO.COM | 19 septembre 2009

Dann’ tan lontan, quand les animations se faisaient rares, la population aimait se retrouver dans les bals la poussière pour craz’ un séga et virevolter sur un quadrille. Hommes, femmes, marmailles… Pieds nus ou en savates, ils battaient la mesure sur les rythmes de l’orchestre en cuivre. A l’heure où la Réunion célèbre les journées du Patrimoine, nos gramounes se souviennent. Et racontent…



Ils ont entre 72 et 97 ans. Résidents dans une maison de retraite à Saint-Denis, ils observent le monde avec amusement. Parfois aussi avec désapprobation. Mais jamais avec regret. Même lorsqu’ils se rappellent les temps heureux, quand la Réunion chantait et dansait, enivrée par les rythmiques des orchestres en cuivre. “On appelait les bals lontan, les bals la poussière, parce que nos pieds soulevaient la poussière quand on dansait dans la terre battue, explique Noëlla. A Saint-Denis, les premiers bals ont eu lieu sur la place du Gouvernement. Les pauvres dansaient dehors, dans la terre. Les riches ou les gros zozos comme on dit, entraient au “Gouvernement” (ndlr : la préfecture). Les dames arrivaient en voiture et on s’arrêtait de danser pour les regarder passer dans leurs jolies tenues.” Les soirées étaient habituellement organisées par les communes le 14 Juillet, jour de la fête nationale, ou lorsque les marins débarquaient dans l’île, trois à quatre fois par an. Les bals la poussière se transformaient alors en “bal la marine”.

Privés d’électricité, les fêtards dansaient toute l’année à la belle étoile et profitaient des rayons de la lune. La place était également éclairée par des lampions, des chandelles placées dans des petits verres, que les hommes s’empressaient de remplacer une fois consumées. Parfois, des arrosoirs étaient entassés dans un coin. Lorsque le sol était trop sec, on humidifiait la piste pour “bat’ la poussière”, c’est-à-dire pour empêcher qu’elle ne se soulève et qu’elle ne rende l’air irrespirable. Ces précautions prises, les danseurs enchaînaient les ségas, les valses, les tangos, les rocks…

De bal la poussière à bal salle verte

“Les soirées étaient très populaires et attiraient toutes sortes de publics, se souvient Lucine. Il y avait des hommes, des femmes, des enfants, des jeunes filles accompagnées de leurs parents, mais aussi des gens peu recommandables.”

“Pour se distinguer des cagnards et montrer qu’on était respectueux, on devait présenter un mouchoir à la jeune fille qu’on invitait à danser, poursuit Toussaint. On gardait le mouchoir dans la main pendant la danse, ainsi nos peaux ne rentraient jamais directement en contact. En général, les pères nous laissaient nous amuser sans trop de problèmes. Mais les mères étaient terribles. Elles nous regardaient avec de gros yeux et au bout de deux ou trois danses, elles venaient elles-mêmes chercher leur fille sur la piste si on ne les avait toujours pas lâchées.” Malgré une surveillance accrue, les danses se terminaient parfois devant le curé. Il n’était pas rare en effet, qu’à la suite d’un séga ou d’un quadrille, un jeune homme tombe sous le charme de sa partenaire et fasse officiellement sa demande en mariage. Les parents des deux jeunes gens se rencontraient alors et décidaient ensemble du sort de leurs enfants. En guise de présent, l’amoureux transi offrait de “l’essence” à sa promise, comprenez une bouteille de parfum. “En ce temps-là, les filles n’avaient pas le droit de donner leur consentement, glisse Merry. Les parents ne prenaient en compte que la situation du courtisan, à savoir s’il avait une case, un travail… Il était rarement question d’un mariage d’amour. Les filles, soumises, acceptaient leur sort sans se plaindre.” “Lontan, les communautés ne se mélangeaient pas, précise le yab Carlo. Le métissage n’était pas aussi répandu. J’ai voulu me marier avec une Chinoise. Elle était d’accord, mais pas ses parents…”

Les mariages, comme les autres festivités familiales, étaient célébrés dans des salles vertes. Les cases familiales étant trop petites pour accueillir les invités, on créait un espace couvert dans la cour à partir de poutres, de pailles et de feuilles de palmiste. Parfois, on installait des planches au sol pour justement éviter la poussière en ce jour de célébration. L’esprit du bal la poussière restait néanmoins présent, avec, en guise d’orchestre, des hommes de la famille ou du voisinage qui s’improvisaient musiciens. A cette époque, nul besoin d’être artiste pour mettre l’ambiance. Les hommes apprenaient à jouer et à reproduire les morceaux des orchestres en cuivre simplement en les écoutant. Un accordéon, un banjo… et le tour était joué Dossier : Gabrielle Boyer et Nathalie Techer

La fin du bal la poussière

Les cuivres et les vents (cor, trombone, cornet à pistons, clarinette, flûte…) apparaissent à la Réunion au XVIIIe siècle, mais il a fallu attendre le début du XXe siècle pour assister à l’émergence des orchestres privés, souvent familiaux tels que Lacaille, Céleste, Nénès, Carpin… Les orchestres en cuivre étaient sollicités pour les bals populaires, les mariages catholiques et les kermesses jusqu’à la fin des années 70. Le bal la poussière, tel que l’ont connu nos gramounes, poussa son dernier soupir vers 1980. Certaines communes ou associations essayent parfois de le remettre au goût du jour lors de manifestations comme la journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage ou le 14 Juillet. Mais l’esprit “bal la poussière” s’est bel et bien éteint avec la modernisation et le changement des mentalités.

Bals bouquets

Comme à Rodrigues, la Réunion célébrait ses bals bouquets, plus particulièrement les bals lilas et les bals vétiver. Les fleurs incarnaient l’échange et la périodicité. La coutume voulait que celui qui s’emparait du bouquet pendant une fête devait à son tour organiser un bal à son domicile toujours sur le thème des fleurs.

Film documentaire

En 2007, des étudiants de l’ILOI (Institut de l’image de l’océan Indien) ont réalisé un film documentaire sur les bals la poussière. Le film, d’une durée de 26 minutes, a été présenté au Festival du film d’Afrique et des îles 2007. Pour le visionner, il faut se rendre sur le site : http://www.iloi.fr/Bal-la-poussiere.html

A l’époque, pas de DJ, ni de vinyles, mais des orchestres qui faisaient le tour des bals populaires. (Photo de la collection Takamba)

“Les mamans choisissaient les cavaliers”

CLICANOO.COM | 19 septembre 2009

Marie-Josie et Jean-Luc ont gardé de vagues souvenirs des bals la poussière. Ils se rappellent seulement y être allés en de rares occasions, comme les mariages. Quand ils ont eu l’âge “d’aller danser”, les salles vertes avaient laissé la place aux salons de bal.

 

Marie-Josie se souvient parfaitement de la disposition des bancs. Elle dessine un carré imaginaire sur la table et explique qu’ils étaient “installés tout au long des murs”, que “l’orchestre était placé dans un coin”, et que des “vendeurs d’z’oeufs et de bière” se postaient à l’entrée de la salle. “Je devais avoir 15 ans quand j’ai commencé à fréquenter les bals”, relate cette mère de famille de 51 ans. “On allait à la salle Colombia, à la Rivière Saint-Louis”, ajoute-t-elle. “Moi j’allais à Pop Dancing”, la coupe son époux, qui a grandi à Sainte-Marie.

Quand sa femme reprend le cours de son récit, on réalise à quel point le bal occupait une place importante dans la vie des jeunes filles de l’époque. Marie-Josie et ses copines s’y rendaient tous les samedis. Depuis le début de la semaine, elles réfléchissaient à leurs tenues, se renseignaient sur les orchestres et surtout, se tenaient à carreau. Un seul faux pas les privait de leur soirée. Car les mamans veillaient au grain ! Surtout dans le salon de bal. Toutes les semaines, elles accompagnaient leurs progénitures. Pas question pour une fille d’aller danser sans chaperon. Arrivées au bal, les mères s’asseyaient sur les bancs et les filles patientaient jusqu’à ce qu’un jeune homme vienne les inviter. À cette époque, plus de mouchoir blanc, “mais c’étaient toujours les mamans qui choisissaient les cavaliers”, précise Marie-Josie. Quand l’un d’eux se présentait, la sienne lui donnait “un ti coup doigt dans le dos” pour accepter et “tirait discrètement sur la robe” pour refuser les sollicitations des “têtes fouké”. Jean-Luc, lui, gardait toujours des gousses d’ail dans ses poches pour taquiner les demoiselles qui déclinaient son invitation. “On leur disait : ou veut pas ? Pluche l’ail en attendant, alors !” Il éclate de rire. L’espace d’un instant, il se retrouve plongé des années en arrière. Et d’enchaîner sur les danses : “On dansait le séga bien sûr, mais aussi le paso-doble, le quadrille, la polka, le chacha et les slows”.

Ah, les slows ! Un moment très attendu car il permettait aux jeunes gens de serrer leur belle d’un peu plus près et pour les plus hardis, de leur voler un baiser. Il leur fallait quand même faire attention aux mamans qui, une lampe-torche à la main, se baladaient entre les danseurs pour s’assurer qu’il ne se tramait rien de louche dans la prénombre.

Toutes les bonnes choses ont une fin. Quand les salons de bal ont fermé, Jean-Luc et sa femme s’amusaient autrement. “On organisait des boums les dimanches après-midi, soit chez nos parents, soit chez les voisins”, explique Marie-Josie. L’ambiance était toujours au rendez-vous, bien que différente. Les mamans restaient présentes, mais dans la mesure où les boums se déroulaient en journée, il n’était plus nécessaire d’épier les couples qui profitaient de la lumière tamisée pour s’enlacer. “En revanche, elles s’installaient dans la cour, surveillaient les allers et venues et jetaient un oeil dans la pièce de temps à autre”, se souvient Marie-Josie.

Et puis, le temps a passé, Jean-Luc et Marie-Josie ont cessé d’aller danser quand ils ont eu des enfants. Ces derniers, d’ailleurs, ne se lassent pas d’écouter leurs histoires sur les bals lontan

Les bals populaires se transformaient parfois en bals piment lorsque les “mal fondés” mettaient leur grain de sel… Sur cette photo d’époque (qui a été prise en 1953), on reconnaît Jules Arlanda à l’accordéon

 

Cagnards pour bals piment

CLICANOO.COM | 19 septembre 2009

 

Les bals la poussière, les bals salle verte ou n’importe quel autre rassemblement sur terre battue, pouvaient rapidement se transformer en bals piment quand les cagnards s’invitaient sur les lieux. Certains “mal-fondés” n’hésitaient pas à saboter intentionnellement une fête en jetant sur la piste de danse des piments écrasés. Parce qu’ils n’avaient pas été conviés à la fête, par jalousie, par vengeance, pour s’opposer à un mariage ou simplement parce qu’ils avaient été éconduits par une jeune fille. Avec les mouvements des pieds sur la terre battue, les émanations piquantes se dispersaient dans l’air et faisaient pleurer et fuir les danseurs. En général, les fauteurs de trouble gardaient l’anonymat pour éviter les représailles. Mais lorsqu’ils se faisaient prendre, il s’ensuivait immanquablement une violente bagarre avec échanges nourris de coups

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