











La route des Tamarins : une infrastructure hors normes CLICANOO.COM | 23 juin 2009
http://www.clicanoo.com/index.php?id_article=213571&page=article
L'heure de la libération a sonné. Après des années d'attente, six ans d'un chantier titanesque, les automobilistes vont enfin pouvoir circuler sur la route des Tamarins. Une voie express de 34 km, à mi-pente, avec vue panoramique sur le littoral Ouest, attendue comme le remède aux maudits embouteillages qui empoisonnent la circulation sur l'axe Nord-Sud. À peine 20 minutes pour relier Saint-Paul à l'Etang-Salé. Moins d'une heure pour faire Saint-Denis/Saint-Pierre.
Rappel en chiffres de tout ce qu'il faut savoir sur cet ouvrage exceptionnel.
1 : comme 1,146 milliard d'euros. Ce qu'a coûté la construction de cette voie express, l'une des plus chères de France. Soit 35 millions d'euros le kilomètre de route ! Même le viaduc de Millau ne rivalise pas. L'estimation initiale du projet était de 700 000 d'euros en 2003. Au fil des marchés et des contraintes techniques, la facture n'a cessé d'enfler (850 millions, puis 930) pour finir à plus d'un milliard. La Région a financé 85% du projet sur ses fonds propres. L'Europe a pris en charge le solde.
2 : deux radars fixes pour traquer les nerveux de la pédale, tentés de prendre la route des Tamarins pour un circuit de F1. L'un dans le sens Saint-Pierre/Saint-Denis, avant le tunnel du Cap La Houssaye. L'autre dans le Nord-Sud, à proximité de la ravine Petit trou, du côté de l'Ermitage. Les deux radars flasheront par l'arrière. Deux autres devraient être installés en 2010.
3 : trois aires de repos à disposition des automobilistes qui veulent souffler ou contempler le panorama extraordinaire d'une route qui culmine à 300 mètres d'altitude. Les haltes seront permises à hauteur de la Saline, Ravine tabac et Stella. L'axe comptera également trois stations-service : du côté de la Saline en amont (Total), en aval de la Saline (Shell), et sur l'aire de Portail (Tamoil). Mais seule la station Total sera opérationnelle dès demain.
6 : le nombre d'années pour construire cette route. Les travaux ont démarré en mai 2003, avec la création de pistes de chantier dans le secteur de la Grande-Ravine. Ils se seront achevés en juin 2009, avec six mois de retard sur le calendrier initial. Pour rappel, le choix politique de construire cette route express a été pris en 1998, par la Région, sous la présidence de Margie Sudre. Le préfet a donné son feu vert, via la déclaration d'utilité publique, en mai 2002.
9 : comme le nombre d'échangeurs qui composent l'itinéraire. Du nord au sud, il sera possible d'accéder ou de quitter la route à hauteur de Saint-Paul, Plateau-Caillou, l'Éperon, l'Ermitage, Barrage, les Colimaçons, Stella, le Portail et enfin l'Etang-Salé. Ces points d'échange sont situés à intervalle de 4 kilomètres.
44 : le nombre de caméras braquées sur les automobilistes, gérées depuis le centre régional de gestion des routes. Dans le détail, on compte 19 caméras fixes, 10 mobiles et une douzaine installée dans les tunnels et tranchées couvertes. Toujours au rayon logistique, à noter la présence 21 panneaux à message variable pour informer les usagers en temps réel, et de 12 panneaux d'accès pour les guider.
70 : le nombre de familles expropriées pour réaliser le chantier, essentiellement dans le secteur de Saint-Leu (Piton, Stella, chemin Thénor). À l'exception de quelques indemnisations, la plupart des riverains concernés ont accepté d'être relogés, au terme de négociations souvent âpres.
110 : en km/h, la vitesse maximale autorisée sur l'ensemble de la section, en dehors du viaduc Saint-Paul, où les automobilistes ne devront pas dépasser les 90. Rappelons que la route des Tamarins a le statut de voie express. Toute circulation à pied ou à vélo y est formellement interdite.
120 : le nombre de ponts qu'il a fallu construire pour franchir autant de ravines. Sur ces 120 ouvrages, quatre sont exceptionnels, au sens où les techniques mobilisées sont inédites à la Réunion. Le viaduc de Saint-Paul, qui serpente sur 11 piles et 750 mètres de long à l'entrée nord, l'ouvrage de Trois-Bassins (450 mètres), le pont de la Grande-Ravine, sans conteste le plus spectaculaire, avec ses 250 mètres de portée sans appuis intermédiaires, et enfin celui de la Ravine Fontaine, à Saint-Leu, qui mesure 150 mètres. La construction de ces ouvrages d'art a nécessité 200 000 m2 de béton armé, 22 000 tonnes d'acier de béton armé et 3 400 tonnes d'acier précontrainte.
3000 : dans les bureaux et sur les chantiers, environ 3000 personnes ont pris part à la réalisation du projet, entre 2003 et 2009. Le chantier a permis la création de 1500 emplois directs (15% de postes d'encadrement, 85 d'ouvriers spécialisés), dont 674 ont été pourvus à des Réunionnais. Rappelons que deux ouvriers y ont perdu la vie.
70 000 : estimation du nombre de voitures qui circuleront sur la route des Tamarins d'ici 2015. Dès demain, le volume devrait osciller entre 40 000 et 50 000 véhicules par jour.
550 000 : le nombre d'arbres plantés le long de la route, dont 100 000 plans d'arbustes et 12 000 tamarins. Cette gigantesque mise en culture, portée par l'IONF, le Cirad et trois pépinières locales, concerne 70 essences différentes, endémiques et exotiques (bois de demoiselle, bois de juda, lataniers rouges, etc)
Vincent Boyer
dimanche dernier, le conseil régional a offert un feu d'artifice aux rényonés pour saluer l'ouverture de la route des Tamarins
les photos qui suivent sont dédiées aux deux ouvriers qui sont morts pendant sa construction depuis 2003 et à leur famille
photos : John
Histoires d'îles (d'ils) : hier soir, à la soirée donnée par René pour sa brillante entrée dans le club des 60, Euphrasie-Framboise me parlait de l'atelier d'écriture qu'elle a animé 10 ans dans
les années 90 à Belle-Isle en mer, atelier auquel j'ai participé et qu'elle recommence à animer en juillet prochain.
Elle part aujourd'hui à Maurice, pour rejoindre le colloque dont j'ai parlé dans le billet du 26 mai (Maurice 6) : "la culture de l'Ile Maurice, entre mots et images" du 25 au 28 juin
Le hasard veut qu'au printemps 1974, j'ai rencontré Jacques Henric à Belle-Isle (il venait de publier Archées et on parlait surtout de Révolution culturelle chinoise avec Guy Scarpetta)
et qu'Euphrasie-Framboise va pouvoir le rencontrer, ainsi que sa compagne, Catherine Millet :
http://bibliobs.nouvelobs.com/20090619/13382/le-prix-du-roman-damour-pour-catherine-millet
C'est du ladi-lafé, mais ce Prix du Roman d'Amour-Prince Maurice permet de rappeler que Maurice est une île littéraire : « les nominés, accompagnés du jury, donnent des conférences dans des
écoles, ainsi qu'au Centre culturel français Charles Baudelaire, situé à Rose-Hill. Cette 7ème édition a aussi inauguré son premier festival du livre, en regroupant écrivains français et
mauriciens. Outre les trois nominés, on comptait la présence de treize auteurs mauriciens parmi lesquelles se trouvaient Natacha Appanah (dans le rôle de l'invitée d'honneur), d'Issa Isgarally
(docteur en linguistique, éditeur de la revue littéraire «Italiques» et animateur du magazine littéraire télévisé «Passerelles»), et bien sûr des membres du jury: les écrivains Carl de Souza,
Alain Gordon-Gentil, l'universitaire Kumari Issur, Paule Constant, Marc Lambron, Alain Mabanckou et Daniel Picouly, le président du jury francophone. Sans oublier Tim Lott, le président du jury
anglophone, qui parce qu'il était là, en vacances, a lui aussi participé à la remise du prix.
Comme tous les ans, l'hôtel récompense également un étudiant mauricien de condition modeste par une bourse d'études : Dorian Boncoeur, 20 ans, partira donc passer une année à l'université de
Bordeaux, pour effectuer une maîtrise de Sciences humaines. Comme l'a remarqué Alain Mabanckou, il est un des fidèles des débats et rencontres des années précédentes... Quant à Catherine Millet,
elle «gagne» quinze jours de résidence d'écriture au Prince Maurice, avec son compagnon. Ce sera donc pour lui aussi un retour en territoire connu, puisque Jacques Henric était là, cette semaine,
avec elle ».
Rappelons les visiteurs célèbres de l'île : Bernardin de Saint-Pierre, La Pérouse, Charles Darwin, Baudelaire, Joseph Conrad, Mark Twain, Mahatma Gandhi. Et ses écrivains francophones les plus
connus : Malcolm de Chazal, Loys Masson, JMG Le Clézio, Jean-Paul Toulet, Alexandre Dumas, Shenaz Patel, Natacha Appanah, Ananda Devi. Sans oublier George Sand qui n'est jamais venue à Maurice,
mais qui n'aurait pas pu écrire Indiana (1832) sans les confidences de son amant mauricien Félicien Mallefille.
l'île de la Passe à 6 kms (vagues énormes)
Je poursuis la relation de mon passage à Maurice du 8 au 15 mai avec quelques photos sur la ville historique et attachante de Mahébourg, le bourg de Mahé de La Bourdonnais fondé en 1804 par Decaen le gouverneur qui lui succéda. Lorsqu'on descend du bus, on aperçoit un chapelet d'îlots sauvages à 6 ou 7 kms. Battus par les vagues, ils ferment le lagon et rappellent la bataille navale glorieuse de Vieux Grand Port en 1810 entre français et anglais : île de la Passe, île aux Fouquets, île Vacoas, île au Phare.
Le Musée d'histoire nationale, nommé château Robillard, est une vaste demeure coloniale construite en 1771 et dont la charpente, les parquets et les murs en bois sont magnifiques. Estampes, lithos (sur la Traite), meubles anciens, photos anciennes, porcelaines, tableaux de batailles et de dodos, portulans, pistolets (celui de Surcouf) et la célèbre cloche du Saint-Géran récupérée récemment. On y trouve une déclaration en créole de l'abolition de l'esclavage. Prendre des photos est interdit mais j'ai obtenu le droit de scanner les cartes postales déposées ici.
le parc à l'entrée du musée
le petit propriétaire et la femme du petit propriétaire A Richard 1850 Musée d'Histoire nationale de Mahébourg
le cardinal (foudia madagascariensis) et l'oiseau jaune de Rodrigues (foudiz flavicans) Musée d'Histoire nationale de Mahébourg
La légendaire mobylette mauricienne : suréquipée, méconnaissable, elle peut transporter trois personnes ou un chargement de plusieurs m3.
Un bon petit restau : Chez Patrick. Les serveurs Yannick, Vick's et Marine Joseph sont adorables. Route royale, tel (230) 631 9298 patrickresto@servihoo.com. Cuisine mauricienne typique et bon marché : fruits de mer, poissons (au gingembre), salade cono cono, et bien sûr un rhum arrangé offert.
Pour la nuit, je vous conseille Le Saladier de madame Gill et de Younoos, rue de La Chaux. Très bon marché, très sympa, tranquille et le 4X4 peut aller vous chercher à l'aéroport ou vous y emmener. Tel (230) 631 9758 mob 754 98 31 lesaladier@hotmail.com
Ce soir ou demain, une promenade photographique dans Port-Louis.
Je n'avais pas tout à fait fini de raconter mon escapade mauricienne du 8 au 15 mai.
On parle beaucoup des actes de piraterie dans l'océan indien aujourd'hui, mais en réalité, il y en a toujours eu, les Jolly Roger sont une vieille tradition. Quelques noms célèbres : Henry Avery, Christopher Condent, Edward England, Ned Low et le célèbre Olivier Le Vasseur dit La Buse avec son trésor resté introuvable (sa tombe est à St-Paul).
page 4 de couverture Pirates et corsaires à l'île Maurice, Denis Piat
Pirates et corsaires à l'île Maurice, DenisPiat,p29
Autant les rényonés ont toujours dédaigné l'océan, autant les mauriciens l'aiment : plages immenses, eaux poissonneuses, traditions de chantiers navals, lagons avec passes, la géographie physique s'y prêtait mieux il est vrai.
astrolabe datant de 1568 (musée national de Mahébourg)
Le fleuron de l'artisanat mauricien : les maquettes de bateaux. Des centaines d'ateliers et d'artistes mauriciens, utilisent les bois les plus rares (palissandre, teck, ébène) pour fabriquer des modèles réduits de bricks, frégates, galions, goélettes célèbres comme le Saint-Géran, l'Astrolabe, le Superbe, la Belle Poule, le Bounty, le Coureur, le Marie-Jeanne et même le Belem. L'île Maurice est le premier pays constructeur de modèles réduits du monde.
C'est à la fin des années 1960 que l'ambassadeur de France, Raphaël Touze, proposa à un ébéniste de Curepipe, José Ramar, de réaliser pour l'ambassade la maquette d'un bateau dont il possédait les plans. Encouragé par le résultat, José continua et fut imité. Le travail minutieux et méticuleux est remarquable : batteries, sabords, ponts, gaillards, dunette, château arrière, mats, canons, haubans, poulies, voiles teintées dans du thé, tout est à l'échelle et fidèle dans le moindre détail. C'est très beau, mais attention aux droits de douane et aux précautions pendant le voyage en avion !
caravelle Mayflower 1492
Marche
Alon alé entre les hauts et les bas, au travers des ravines, en allant bat'carré .
Marcher sur la Terre, sur un caillou nommé Réunion, l'île-volcan.
Richard Long, Michel Serres Jean-Jacques Rousseau et d'autres, innombrables, philosophes, poètes, écrivains me disent la marche et la pensée :
être dans et par le déplacement, le mouvement. Toi, compagne qui marches ou cours à ton rythme et imagines tes prochains écrits.
Traces d'une rupture déjà bien amorcée : on marche moins, on se déplace en voiture sur un long cordon de bitume engorgé, souvent mortel.
Un instant méditatif, sur les remparts au-dessus de la Plaine des Sables, les images se superposent. Les sangles déchirées, tordues font signe, trace, elles relient nos migrations imposées ou voulues, jusque sur la Lune et Mars bientôt : traces de pas sublimes.
Vie
Les sangles déchirées comme un code mystérieux : chromosomes.
Insularité absolue, de la cellule aux galaxies ; île de la Réunion, île-continent, île-planète : Gaïa.
La vie dans une membrane qui la protège, pourtant poreuse : échanges.
La vie s'écrit, se lit, s'invente sans cesse !
Sable
Sable, désagrégation des roches, usées par le vent et l'eau avant le retour dans le magma.
Sable de mon enfance que je caresse de tout mon corps, qui me caresse, blanc, sur les plages et les dunes de la côte d'Opale, dans le Pas-de-Calais.
Sable de mes châteaux d'enfant, maintenant avec mes petits-enfants.
Sable pulvérulent sous les pieds d'Armstrong, un soir d'été. Des gens se rassemblent devant un téléviseur de magasin. Images floues, en noir et blanc.
Et un film, 2001, Odyssée de l'espace réalisé par Stanley Kubrick.
Sable rouge de Mars, empreintes de roues ; une image de la sonde Viking que j'exploite pour une exposition présentée en Champagne-Ardennes
Sable de grands bas-reliefs d'un travail ancien recevant les mythes venus du passé.
Sables des déserts de Le Clézio ou de Théodore Monod.
Sable et oeufs des tortues marines de Mayotte pleurant la vie et traçant le retour.
Sable noir aux couleurs du ciel bleu et orange d'Étang-Salé, aux linéaments ténus de grains de corail blanc.
Sable au fond des eaux de la Pointe au Sel ou de Boucan Canot, sous les surplombs des massifs de corail ; je le soulève, le mets en mouvement comme au sein de ces boules de verre qui font rêver les enfants.
Sable blanc, sable noir, sable doré, Réunion.
Tas de sable d'une maison que je restaure en Champagne ; une truelle m'échappe dans un angle droit et vient se planter dans mon pied chaussé d'une tongue. Tu devrais mettre des chaussures de chantier me dit le médecin...
Je gâchais aussi beaucoup de plâtre en ce temps là. J'aimais ça le plâtre, depuis les Beaux Arts.
Plâtre
Coulées, moulages, corps convulsés sur le site archéologique de Pompei, corps de lave redressés dans l'enclos du Volcan.
Réunion, volcan, coulées fluides qui se figent en recouvrant la végétation, la lave noire, le sable olivine, jusqu'à l'océan.
Moulages en plâtre de mes modelages, leur placement in situ à Charleville-Mézières et l'exposition des photographies déjà accompagnées de graffitis.
Le plâtre s'écoule et se fige sur le sable, en moulant les traces laissées par les enfants d'une école de Bourgogne.
Ici, noir du sable, blancheur du plâtre.
Eau
Eau qui use nos galets, brise les coraux et les nefs.
Fracas des vagues, murs d'eau dans lesquels je ne peux plus plonger, jusqu'à l'ivresse.
Écume, signe-écriture sur l'étale des vagues d'Étang-salé.
Eau qui baigne la vie au sein des cellules puis la dilue avec force ou douceur.
Eau qui roule un ballon d'enfant, perdu.
Eau qui emporte et rapporte les savates deux doigts.
Échouages et remises à l'eau.
Eau dans le plâtre doux qui durcit dans la chaleur puis s'évapore.
Eau, étendue immense qui porte nos départs, nos exils voulus ou imposés : Réunion.
Écriture
Écrire pendant un an, chaque jour, en accompagnant une photo autobiographique de l'année précédente.
Écrire sur le sable, avec les pieds et lire avec mes enfants, du haut des falaises, des prénoms, des mots choisis : regarder les vagues ou la marée tout effacer.
Souvenir d'une affiche en noir et blanc, étudiée avec des stagiaires : « H2 Omo » écrit sur le sable et à moitié effacé par une vague polluée de mazout.
Écriture-mémoire, gravée dans la pierre, un temps, ici ou ailleurs.
« Centre d'écriture de l'Entre-Deux » gravé sur un bloc de basalte parallélépipédique.
Monuments gravés à la mémoire des marrons, des déportés, des soldats, des victimes de nos guerres civilisées.
Archéologie, rechercher des signes passés, des écritures anciennes, des traces de passages, en rechercher le sens.
Écriture de la vie, chromosomes, ADN.
Écriture indéchiffrable des sangles brisées des S2D.
Transposition-réalisation
Savates deux doigts : je ne peux, je ne veux les présenter, les utiliser dans une quelconque organisation plastique. J'en ressens trop le formalisme. Du reste, Dietmann a fait cela avec force au Palais aux Sept Portes de la Réunion : savates en voûte céleste au dessus des chapeaux feutres créoles.
Après de nombreuses manipulations numériques, solarisations négative et positive, saturation, découpages, montages, des liens se tissent peu à peu et l'écriture s'impose.
Mais il y a, dans l'immobilité du travail devant l'écran, quelque chose d'insatisfaisant, comme un ensablement tautologique. J'ai besoin d'action concrète, de transformations, de métamorphoses.
Le sable, l'eau, le volcan, le plâtre, l'écriture vont s'articuler à la mémoire dans la création et l'expérimentation d'une nouvelle technique : la « sérigraphie de plâtre sur sable »
Blancheur du plâtre, noir du sable.
L'installation sera comme un monument, une pseudo-archéologie qui dit la mémoire d'un et la réalité d'un présent qui révèle bien des tensions, où des mondes s'opposent, Nord/Sud, nantis/déshérités, blanc/noir, géométrie/chaos, vie/mort...
Un hymne recueilli à la vie confrontée aux forces destructrices.
Un questionnement sur la beauté dans une esthétique retenue de la catastrophe. Le parallélépipède monolithique retenu, rectangle d'or, dressé, vertical, de l'architecture triomphante n'est en fait qu'une construction de sable (tour de Babel). Tout en faisant allusion à S. Kubrik et C. Clark, il rappelle maintenant le drame du 11 septembre 2001.
Les plaques de sable/plâtre, posées au sol sur un lit de sable circulaire, se disjoignent peu à peu à partir du monolithe jusqu'à l'écran de projection. Elles convoquent bien des images aussi : le dessous des cartes, les glissements et les chocs des plaques tectoniques qui disent la redonne, le mouvement, la redistribution, le jeu, l'impermanence, les cartes à jouer, les tablettes d'écriture, la blancheur des os au verso, la chaleur et le grain de la peau au recto, et bien d'autres choses qui m'échappent sans doute. La projection numérique de l'image des sphères et de la vague qui éclaire en partie la sculpture renvoie au de décembre 2004 qui s'est produit alors que je travaillais cette création.
La présentation des savates deux doigts dans des sphères est une allusion directe à la vie, à sa force, sa résistance, ses migrations, à sa capacité d'être à la fois en relation avec son environnement et de s'en protéger par une membrane. Une allusion aussi aux planètes lointaines, encore inconnues, peut-être vivantes comme Gaïa, la terre. Elles sont graines venues d'ailleurs, déplacées. Elles contiennent dans cet instantané tout un passé et tout un avenir.
S2D renvoie dès le début, par un jeu de mots - est-ce deux dimensions ? - à la confrontation de l'image et de la présentation, de la représentation et de la présence. L'image, faiblement pixellisée, perd une partie de sa force dans sa proximité au sable et aux plaques, et par l'ombre des spectateurs qui passent entre l'écran et le projecteur durant leur déambulation circulaire. Ce que j'anticipais se réalise : un besoin irrépressible du spectateur de « toucher » le sable, au risque d'abîmer le fin graphisme. La problématique plastique s'inscrit dans cette confrontation de l'image numérique pixellisée au bas-relief étendu au sol. Elle multiplie l'imbrication des niveaux paradigmatiques, des grains de sable aux mosaïques de la définition vidéo, aux signes sculptés, aux plaques-pages, et ainsi de suite, dans un va-et-vient constant entre l'espace réel et la fiction spatiale de l'écriture iconographique informatisée. Elle donne à percevoir le concept d'émergence dans la rupture de la continuité entre les différents niveaux de réalité, qu'ils soient d'ordres physique, biologique, cosmologique et surtout d'ordre symbolique.
Voilà donc ce texte que je relis (relie) avec émotion. Sa fonction était moins d'expliquer l'oeuvre que de donner à comprendre comment naît une création à la fois simple et complexe.
Je me souviens des enfants qui sont venus voir cette installation, accompagnés par leur professeur-stagiaire. Ils tenaient fièrement à la main une feuille et plus impatients de questionner l'artiste que de regarder son . J'ai dû me transformer malgré moi en animateur afin que, plutôt que d'interroger l'artiste, ils interrogent les formes, à la suite d'un véritable regard.
Je me souviens aussi de ces enseignants du premier degré en stage avec moi. J'avais cru pertinent, dans le cadre du cahier des charges de l'inspection de circonscription (art et langage), de les inviter à observer cette rencontre dans l'après-midi, à la suite d'une réflexion dans la matinée sur la préparation et la conduite d'une visite d'élèves à une exposition d'art. Mal m'en a pris.
Les stagiaires m'ont vite fait comprendre qu'ils ne connaissaient rien en art et qu'ils désiraient seulement qu'on leur apprenne des techniques. Après mon courtois et moult tentatives d'expliquer la non-pertinence d'un tel point de vue, la matinée fut un fiasco. En début d'après-midi, quelques stagiaires arrivèrent en retard sans avoir vu l'installation avant les enfants. Ce moment fut ponctué par les grincements de la porte de sortie : les stagiaires partaient et il n'en resta que trois ou quatre pour faire un bilan. Je connaissais pour la première fois un échec cuisant. Etait-ce dû à l'articulation explicite entre mon travail de plasticien et mon travail d'enseignant ?
Il m'a fallu un peu de temps pour me libérer d'une forme de découragement, signe sans doute d'une blessure narcissique qu'il n'est pas bon d'ignorer dans ce métier. Il m'a permis de comprendre l'écart qui existe entre les artistes et le public et de l'accepter avec patience. Il est compréhensible si on admet qu'il y a deux moments dans l'art. Celui de l'émergence et de la rupture et celui du consensus. Dans un premier temps, l'art est vivant justement parce qu'il n'est pas reconnu par le plus grand nombre. Il ne l'est, il ne peut l'être que par quelques personnes qui le comprennent dans l'intuition de l'évidence de sa pertinence. Elles le défendent, l'aident contre tout et contre tous. Cet art est toujours de nature subversive en s'attaquant aux formes du langage devenues obsolètes. Avec le temps, la forme nouvelle s'inscrit dans la culture et devient une référence artistique pour le plus grand nombre. Mais cet art n'est plus vivant dans le sens où il s'inscrit désormais dans le passé et doit être contextualisé pour être pleinement compris. Son risque est de se voir sacralisé dans une idée de beau en soi. Cet art est mort s'il ne participe plus à la transformation du présent, à la transformation permanente des langages. Constatons et admettons qu'un grand nombre de futurs enseignants, voire d'enseignants confirmés ont un point de vue doxique, le point de vue du plus grand nombre. On les entend souvent dire : « ça, c'est de l'art ! ? », ou encore « j'en ferait autant !» Il reste dans une représentation marquée par le savoirfaire, l'excellence dans la technique dont l'origine s'est construite peu à peu dans nos sociétés occidentales, sans doute depuis Platon. Ils n'ont pas compris les transformations sociales dans les représentations et l'importance essentielle donnée aujourd'hui à des expériences qui s'ancrent dans une dyde vie qui avait toujours été occultée jusqu'ici. Le paradoxe est que, dans le référentiel des compétences à acquérir pour enseigner, ils auront, ils ont pour mission de développer, dans un cadre transdisciplinaire, les capacités créatives de l'enfant, son imaginaire, sa sensibilité et lui donner une première culture artistique. Vaste programme ! Il va de soi qu'un tel programme 'articule d'abord sur la capacité à transformer son point de vue. Cette transformation du point de vue, cette métamorphose, devrait-on dire, est difficile car elle est une émancipation des « prêts-à-penser ». Les difficultés sont autant pour le « formé » que pour le formateur car elles peuvent être d'ordres relationnel, psychologique, religieux et philosophique. Car l'art, l'artistique devrais-je dire, parle toujours de la vie, de la mort, de l'amour, de l'existence. Enseigner une des formes d'expression les plus troublantes de l'homme peut susciter des conflits, créer des doubles contraintes insurmontables : « Émancipe-toi », dit l'enseignant. On reconnaît cette aporie qui est peut-être l'objectif ultime et informulable de tout enseignement artistique : « Désobéis moi ! » On connaît la suite : si tu me désobéis, tu m'obéis donc tu ne m'as pas désobéi !
Dans sa forme, il y a toujours une grande proximité voire une connivence entre l'art et la religion, de l'ordre du sacré, qu'elle soit de la ou de l'épistémè . Aujourd'hui, à l'heure où se développent de plus en plus de conflits idéologiques, de replis identitaires, de communautarismes, d'exclusions au sein d'un monde hyper-technologique et destructeur, l'art, au sens le plus large, participe à la représentation du monde et de l'homme. Il est, au même que la science, la philosophie, la religion, une lumière, une raison éclairant dans une vibration incessante, notre réalité paradoxale dans le monde du vivant et, osons le dire, si monstrueuse parfois. Un grand nombre d'artistes
contemporains, soutenus par des hommes de science, des économistes, des religieux, des philosophes, des enseignants, participent dans leur(s) langage(s) à cette nécessité sur un mode esthétique, c'est-à-dire un mode où l'émotion, le trouble sont convoqués. Cet éclairage, cette réflexion ne peuvent pas faire l'économie non seulement d'une culture artistique mais surtout d'une culture scientifique, dans une véritable « pulsion épistémique ». Cette pulsion a essentiellement pour origine l'étonnement, la curiosité, l'émerveillement, voire l'effroi. Nous verrons plus loin comment des artistes contemporains occupent dans leur pratique différents champs disciplinaires. Que retenir de la rencontre de ces deux expériences, artistique et pédagogique ? Au risque de se répéter, c'est la nécessité de sensibiliser nos futurs collègues et nos collègues à l'importance d'une éducation à l'art dans un projet qui prend en compte le temps. C'est du temps qui est nécessaire pour regarder avec précision et sensibilité à la lumière de l'imagination et de la mémoire. Est-ce encore possible dans une civilisation de la vitesse et de la étition, des flux tendus, de la rentabilité et du bruit ? Une civilisation qui, malgré ses discours éthiques, objective et instrumentalise de plus en plus les êtres humains. Il est impossible de comprendre le sens d'un texte écrit si on saute deux mots sur trois. Il en va de même pour les arts visuels. Les enfants qui ne voient pas, entre autres, que le sable que j'ai posé au sol est animé d'un graphisme en forme d'onde, non seulement ne peuvent approcher une partie du sens que j'ai voulu, mais ne peuvent en créer d'autres plus personnels. L'apprentissage de la lecture des arts visuels est une nécessité tout comme l'apprentissage de la lecture de l'écriture. La création d'écrits comme la création plastique s'élaborent dans un va-et-vient continuel entre ces deux pôles.
Quant aux médias, ils formatent nos enfants à l'idolâtrie en détournant cyniquement le besoin naturel d'un enfant ou d'un adolescent de s'affirmer et de construire son identité. Academy et bien d'autres avatars télévisuels en sont des exemples. Comment ne pas s'étonner que, lors de la visite d'une exposition en présence du plasticien, ils focalisent leur intérêt sur lui jusqu'à lui demander des autographes, au détriment d'une lecture personnelle et d'une émotion authentique ? Le professeur qui les accompagnait est, bien sûr, responsable de l'absence de pertinence du questionnaire. Au moins a-t-il déplacé ses élèves. Mais, plus sûrement, le système de formation qui ne lui a pas permis de construire des compétences professionnelles à partir d'une intégration sensible du fait artistique est plus responsable encore. Les professeurs stagiaires font souvent le constat qu'il y a bien peu d'enseignements en arts visuels dans les classes qu'ils visitent. Feront-ils mieux ? En l'absence d'une volonté forte de se donner le temps et les moyens d'initier véritablement les jeunes à la réalité et aux problématiques de l'art, il est probable que ce constat risque de perdurer. Les conseils techniques, uniquement d'ordre didactique dans un temps trop court, ne favorisent pas la conviction que l'art est une dimension essentielle à la construction de son humanité. La posture artistique ne s'improvise pas. Elle nécessite une véritable imprégnation qui est la seule garante d'un engagement pertinent auprès des enfants.
Quant à l'attitude des professeurs d'école durant l'observation des élèves à l'exposition, est-il possible de la comprendre comme la conscience diffuse d'un manque profond qui s'exprime par un refus et un rejet de l'Autre et de sa singularité ? Le manque de culture artistique peut être vécu, dans la confrontation avec elle dans un cadre institutionnel, comme une véritable épreuve qui peut fragiliser certains collègues. La prudence s'impose et il est
nécessaire de respecter l'autre, surtout dans ses manques. Je garde la convic tion que l'art n'est pas réservé à une élite imbue d'elle-même. À l'inverse, le risque est de glisser insensiblement sur le versant de la médiocrité et de la démagogie au travers d'activités dirigées vides de sens. La confrontation d'un adulte qui a des responsabilités éducatives avec la prise de conscience de lacunes doit être accompagnée avec compréhension et franchise. En rien, la personne n'est en soi diminuée. Au contraire, une existence riche et généreuse est ponctuée de doutes, de remises en question, de nouveaux apprentissages. « Apprendre à apprendre », disait Beteson, est certainement l'enjeu
essentiel pour « une vie poétique et artistique ». Cette double posture, du pédagogue et de l'artiste n'est pas facile à tenir. Disons qu'il faut assumer cette fonction souvent décrite de passeur qui implique la difficulté d'être jamais totalement à l'aise ni dans l'une ni dans l'autre et de s'en tenir à un attitude humble et discrète. En parler même n'est-ce pas déjà revendiquer un statut d'originalité reconnue qui enferme à nouveau dans une nouvelle double contrainte.
Poursuivre en parlant de la dernière exposition que j'ai vue à Paris, à la fondation Cartier en janvier 2007. Gary Hill projette sur un écran géant un aigle numérique virtuel majestueux, prisonnier d'un pylône haute tension sur un fond d'un noir intense. Ses ailes battent au gré des fluctuations des indices de la bourse et heurtent violemment les câbles hautes tension dans un bruit de assourdissant. L'image se reflète en symétrie dans un immense bassin empli d'huile noire. Quand les ailes semblent toucher l'huile, celle-ci est mise en mouvement et des ondes lentes viennent vers nous en passant autour d'un petit îlot central qui est en fait un lingot d'or sur lequel est gravé cette phrase énigmatique : « wonder, wondering ». L'oeuvre est fantastique. Des classes viennent, accompagnées de leur professeur. Beaucoup d'élèves nécessitent une surveillance. Ils sont chahuteurs et les enseignants se sentent obligés d'expliquer l'oeuvre. Évidemment, ça ennuie la plupart d'entre eux qui n'écoute pas. Les réflexions qui me viennent sont d'abord qu'ils ont la
chance de voir des réalisations d'une telle qualité. Puis le doute s'empare de moi. Je me revois dans mon exposition. Même si des classes étaient venues aussi nombreuses, étaient-elles prêtes à l'accueillir ? Non, sans doute, pas plus à Paris qu'ici. Les professeurs font ce qu'ils peuvent mais c'est toute une société qui est en crise. La pression des médias, la rapidité des clips, le bruit incessant, le sport et l'argent, la mode et l'exclusion, la violence du monde sur les écrans, le rapport enfants-parents, le chômage... Que faire ?
L'art c'est d'abord le temps, du temps et aussi du silence. Une exposition comme celle de Gary Hill ou la mienne ne peut être vue rapidement, ni dans le brouillage de paroles stéréotypées incessantes, et je crains qu'aujourd'hui, pour faire écho à une opinion de Jacques Attali et de bien d'autres, le temps et le silence soient le luxe de demain. Le trouverons-nous ? Y parviendrons-nous ? Je ne peux qu'espérer et souhaiter que des forces vives emportent cette bataille. Nous devrons y participer en prenant le temps, en changeant le rythme de notre relation aux enfants et aux stagiaires. Combien de temps et d'errance nous a-t-il fallu pour savoir le peu que nous savons aujourd'hui ? À mon sens, c'est une des révolutions majeures qui s'annonce pour contrer le bruit qui parasite notre pensée et notre sensibilité.
La vie d'un professeur-formateur est heureusement faite aussi de satisfactions. À l'occasion d'un stage de formation continue en direction des candidats aux CAFIPEMF (certificat d'aptitude au fonction d'instituteur ou de professeur des écoles maître formateur), la dernière séance était consacrée à l'étude d'une reproduction d'une oeuvre contemporaine au choix en vue d'une exploitation à l'école. Les stagiaires choisirent la reproduction d'une oeuvre difficile à leurs yeux : « Le déjeuner en fourrure », de Meret Oppenheim, 1936. Il s'agit d'une tasse sur sa coupelle et d'une petite cuillère, le tout recouvert soigneusement de fourrure. Ils l'ont choisie courageusement parce qu'elle les fait sourire et parce qu'ils ne comprennent ni le sens ni l'intérêt de la proposer dans une valise-musée pour des enfants. La date de création les étonne. Une analyse leur permet peu à peu d'en comprendre les différents sens et même d'en trouver des transpositions didactiques extrêmement pertinentes. Sans rentrer dans les détails de ce travail, je dirais ici que, confrontés à la banalité du quotidien, au caractère parfois dérisoire des objets qui nous entourent face au grand mystère de notre existence, de nos désirs et nos pulsions, nous pouvons, par l'art, créer un théâtre de l'absurde contre l'absurde qui nous assaille souvent aux risques du découragement, de l'« à quoi bon », voire d'un sentiment de déréliction. En cela, l'oeuvre de Marcel Duchamp, le théâtre de Beckett et, plus près de nous, de Valère Novarina ou de Jacques Rebotier sont emblématiques de l'art d'aujourd'hui. Pour vivre dans l'ordre des choses, il y a une nécessité d'en faire le procès par des juxtapositions conceptuelles d'ordre linguistique et plastique qui mettent en jeu l'humour, la dérision, l'absurde. Littéralement, ici, mettre nos désirs et nos pulsions à fleur de peau d'un réel banal et trouver un accord entre soi et le monde dans le plaisir et la jubilation de la découverte et de la création. Une création qui nous crée fine . Créer des ruptures au-delà du bon sens, c'est revitaliser nos désirs et notre curiosité, c'est jouer avec la culture, celle de la société dans laquelle nous vivons, celle de notre culture personnelle ; « combiner », pour paraphraser le titre d'une période créative de Rauschenberg, artiste américain des années 1950 et présentée fin 2006 au Centre G. Pompidou à Paris ( ). Combiner pour casser les rythmes qui nous enferment, rythmes de l'autre, rythme de la famille, rythmes du clan, rythmes d'une société. C'est aussi s'approprier des concepts et les faire fusionner dans 'effusion pour ne pas s'endormir dans l'ennui des stéréotypes. C'est ici aussi la possibilité de créer des concepts qui n'ont pas pour objectif la simple description au risque de l'inanité tautologique. C'est prendre en compte une des formes de l'intelligence humaine : l'intelligence existentielle. Il est temps que je me taise pour retrouver un peu de temps pour ma nouvelle création : D et plus si infinité. Je laisserai la parole à une personne qui a chaleureusement écrit dans le livre d'or de l'exposition en la remerciant, elle et tous les autres, de tout coeur. Elles sont aussi une aide précieuse pour poursuivre : « Les pas que l'on croyait perdus s'inscrivent parfois dans l'univers comme autant de signes vagues qu'il appartient à chacun de découvrir et de comprendre... »
Au moment de terminer cette analyse, j'ajoute que rédiger celle-ci m'a conduit à présenter de nouveau D à l'IUFM dans le cadre de la « Semaine des arts » en mars 2007. L'accueil des stagiaires, leurs commentaires, leurs questionnements, leur intérêt authentique montrent bien que l'initiation au champ artistique des professeurs-stagiaires ne peut se passer d'une véritable implication plastique du professeur-formateur, au-delà du langage écrit ou parlé, trop souvent redondant et abstrait dans la formation, même si j'en conçois bien la nécessité et la pertinence.
Dans 2 ou 3 jours, je vous parlerai d'une plasticienne géopoétique et océanique (das ozeanische Gefühl) : Ka.Ty Deslandes. Magique de beauté. C'est grâce à elle que j'ai vu avant-hier un film mexicain qui m'a ému aux larmes, un film d'une sobriété à couper le souffle, qu'on pourrait sous-titrer la beauté des silences et que je retournerais bien voir : Lake Tahoe de Fernando Eimbcke (sortie en salle 2008). Mais Aujourd'hui, c'est d'un autre artiste que je veux vous entretenir : John.
Je l'avais choisi pour animer l'atelier photo-poésie de mon lycée en 2009-10, mais l'éduc nat', jamais avare en règlements incompréhensibles, a trouvé qu'un intervenant ne pouvait pas être titulaire du ministère de l'éduc nat', en retraite ou non. John est en effet prof d'arts plastiques à l'IUFM de Saint-Denis.
Il a fêté dignement ses 60 balais et son prochain départ à la retraite les 13 et 14 juin en visionnant des vidéos d'artistes, dont deux portaient sur son propre travail. L'une est une collection de photos intitulée « Eloge de l'autre » dont j'extrais quelques photos ci-dessous. Dans l'autre, qui fait l'objet de l'article suivant, en bon carme déchaux des arts plastiques, il retrace l'expo sandale deux doigts (S2D) qui eut lieu en 2006 à Stella Matutina.
le marchand de corbeilles
antsirabé
Commençons par une petite annonce : Bebel, un moumoute très fort en informatique, qui habite Amiens depuis plusieurs années. Sa maîtresse part à New York City. Bebel est stressé. L'avion de sa maîtresse passe par Dublin. Pas moyen d'être un moumoute étranger en Irlande même en transit. Il faut un vol direct. D'où l'appel angoissé de Bebel que je relaie ici : qui irait à NYC en vol direct en août ? il s'agirait d'un tuteur ou d'une tutrice le temps du vol, soit quelques heures seulement with rewards of course. Thanks !
Lulu ! ce moumoute est une peluche. Affectueux, gai, doux, Lulu est le fils de Lili que je ne suis pas arrivé à photographier pour l'instant car elle ne veut pas faire partie des people. Ce sera pour moumoutes et bonchiens 15. Habite les Avirons.
passons à un autre intellectuel : le bonchien Eole. Cave canem lupum ! Agé de 2 mois et demi (né le 28 mars 2009 d'après le vétérinaire) m ais maîtrisant déjà toutes les déclinaisons latines, Eole est à l'aise dans la salle des profs de mon lycée. Normal : le pedigree de ce bonchien est prestigieux : c'est un Royal Bourbon (mâtiné de Berger) et son nom est presque l'anagramme de son maître (10 ans) : Léon.
Une bonnchienn de 5 mois nouvelle venue au Tampon : Ellipse. En fait, son nom vient d'être abrégé en Lili, ce qui risque de créer des erreurs à la division des examens du Rectorat de Saint-Denis où pullulent déjà les Payet et les Hoarau. C'est aussi une Royal Bourbon mais elle possède une ascendance beauceronne (ergot caractéristique à la patte).
Chacha est un moumoute sympa qui vit à Piton Saint-Leu. Comme il a été sevré beaucoup trop tôt par sa maman, il est affectueux mais maladivement, au point d'être « collant » et d'être affublé du sobriquet de « scotch ».
Ce moumoute vit aux Avirons et passe, aux yeux des habitants de sa case, pour un brain-damaged cat et pour cette raison n'a, comme Ulysse, aucun nom : il n'est personne. C'est bien injuste. Il passe ses journées à se frotter contre les tortues, lesquelles apprécient fort ces marques d'affection. Et ça a suffi pour cataloguer ce tortoise's lover.
Enfin, la reine incontestée des moumoutes reste Moumie. Capable de pleurer à chaudes larmes et de se mettre en grève de la faim aussi longtemps que nécessaire pour qu'on remplace les grains de SuperU par des émincés Whiskas. A La Fontaine, même les cœurs les plus endurcis ont craqué et ont cédé devant le chagrin de Moumie : où je veux, quand je veux, avec qui je veux.
HIJO DE LA LUNA Mecano
Tonto el que no entienda
cuenta una leyenda
que una hembra gitana
conjuró a la luna hasta el
amanecer
llorando pedía
al llegar el día
desposar un calé
tendrás a tu hombre piel morena
desde el cielo habló la luna llena
pero a cambio quiero
el hijo primero
que le engendres a él
que quien su hijo inmola
para no estar sola
poco le iba a querer
estribillo
Luna quieres ser madre
y no encuentras querer
que te haga mujer
dime luna de plata
qué pretendes hacer
con un niño de piel
Hijo de la Luna
De padre canela nació un niño
blanco como el lomo de un
armiño
con los ojos grises
en vez de aceituna
niño albino de luna
maldita su estampa
este hijo es de un payo
y yo no me lo cayo
estribillo
Gitano al creerse deshonrado
se fue a su mujer cuchillo en
mano
¿de quién es el hijo?
me has engañao fijo
y de muerte la hirió
luego se hizo al monte
con el niño en brazos
y allí le abandonó
estribillo
Y en las noches que haya luna
llena
será porque el niño esté de
buenas
y si el niño llora
menguará la luna
para hacerle una cuna
y si el niño llora
menguará la luna
para hacerle una cuna
Mers et océans
Pourquoi le requin dérange
CLICANOO.COM | Publié le 7 juin 2009
En dépit des attaques qui émeuvent l'opinion à intervalles réguliers, les requins côtiers ne suscitent pas l'intérêt des pouvoirs publics réunionnais. La prise de conscience est pourtant grandissante à travers le monde. Mais ici, les intérêts du tourisme priment sur la recherche, la prévention et la sécurité. Le requin reste totalement tabou.
Espèce endémique de la Réunion : le requin tabou. Alors que chaque attaque remet sur le tapis les énormes lacunes en terme de connaissance et de prévention, aucune politique publique n'est mise en oeuvre. La période de calme que connaît l'île depuis 2007 n'y est certainement pas étrangère. Et si à l'échelle internationale, la prise de conscience émerge, la Réunion persiste, elle, à regarder ailleurs. Une visite sur le site internet de l'IRT s'avère à ce titre instructive. L'instante dirigeante du tourisme local y présente une liste exhaustive des espèces animales présentes à la Réunion. Exhaustive ou presque puisque le requin n'y est nulle part mentionné. "La vie foisonne sous la surface de l'océan et même à proximité des rivages (...) Au-delà du récif commence le royaume des grands poissons migrateurs : marlin bleu, daurade coryphène, espadon-voilier, thon, barracuda..." Un oubli volontaire. Faute de valorisation touristique comme en Afrique du sud ou à Maurice (voir par ailleurs), la présence des squales sur nos côtes est soigneusement passée sous silence. "Dès qu'on parle de requin, cela véhicule une image négative", confirme le directeur Axel Hoareau. "Je sais que des produits touristiques existent ailleurs. Alors si quelqu'un met au point un produit comme cela se fait avec les baleines, pourquoi pas mais en attendant non, nous ne communiquons pas.)" Jocelyne Lauret, l'ancienne présidente du CTR, va même un peu plus loin : "A l'époque, de toute façon, nous avions consigne de ne communiquer sur rien, que ce soit les requins, les moustiques etc... Beaucoup de gens disaient : il faut tout cacher". Beaucoup de gens ? "Des professionnels, des politiques... Mais nous n'étions pas d'accord. C'est quand le requin n'est pas pris en compte qu'il est dangereux". Alors quelles actions avaient été mises en place à l'époque ? "Honnêtement, je ne m'en souviens plus". Dans les communes même démarche. A Saint-Paul, par exemple, où la signalétique du littoral doit être complètement renouvelée d'ici les vacances d'hiver, aucun panneau ne mentionnera le risque requin aux côtés des avertissements sur les courants ou les coraux. Le responsable de la sécurité de la ville, Jean-François Lhemery s'étonne même que la question puisse être posée. Faute de prise en charge publique, il faut donc se tourner vers le milieu associatif pour trouver le début d'une mobilisation. Ce sont d'abord les deux spécialistes locaux, Fanch Landron et Gerry Van Grevelinghe, qui tentent d'amorcer le mouvement à travers leur structure Squal'idées. Ces deux médecins, qui ont longuement analysé les attaques de requins, se sentent isolés dans leur démarche d'étude et d'information du grand public. "Nous fonctionnons sans aucune subvention, avec nos moyens personnels", précise Fanch Landron. "Il n'y a pas assez d'attaques pour que le problème soit vraiment pris en charge", expliquait encore il y a peu Gery Van Grevelinghe. Pourtant, la Réunion se situe dans le haut des classements mondiaux en la matière. "La problématique réunionnaise, c'est qu'il y a beaucoup d'attaques, mais peu d'observations". Conséquence, entre deux drames, et passés quelques jours d'émotion collective, le sujet est éludé. Les deux bénévoles, passionnés, enchaînent donc conférences pédagogiques, exposés ou projections de films dans l'indifférence des pouvoirs publics. "Ils ne nous ont jamais contactés pour avoir la moindre information". Pourtant l'intérêt du public est croissant. "Il y a un changement de mentalité qui s'opère. Les gens ne veulent plus se boucher les yeux, ils veulent savoir". Déficit d'information donc mais également déficit de connaissance. Car c'est aussi faute d'étude précise que les meilleures volontés ne parviennent pas à sensibilier les décideurs. Parmi les organes publics de la recherche, seul l'Ifremer aurait à ce jour réalisé une étude il y a quelques années dans ce domaine, et plus précisément sur la baie de Saint-Paul. Le document que seule la mairie est habilitée à communiquer s'est apparement perdu... L'IRD, de son côté, s'intéresse bien au requin, mais ne travaille que sur les espèces pélagiques. Enfin, le laboratoire Ecomar de l'université ne l'a pas intégré à ses thématiques. Focalisée sur les coraux à sa création, la recherche s'est étendue aux ressources halieutiques et aux oiseaux marins. Alors faute d'étude "officielle", on bricole, chacun dans son coin, avec les moyens du bord. L'Observatoire marin de la Réunion, par exemple, travaille actuellement sur un programme de marquage. "L'idée, c'est de faire un état des lieux le plus vite possible pour avoir un suivi sur plusieurs années", détaille Mickael Rard. Seulement deux bouledogues ont été marqués jusque-là. La petite association tente également d'établir un classement des spots de surf en fonction de leur exposition au risque requin. "Toutes nos demandes de subventions ont été refusées par la Région. Sans explications. Au Département, ils ne travaillent qu'avec le Parc Marin dont ce n'est absolument pas la préoccupation". Sans soutien à la recherche ni volonté d'information, les autorités réunionnaises nagent à contre-courant d'un mouvement international. Car c'est la protection de ces espèces menacées qui est également en jeu. Mieux connaître pour mieux protéger. Requins comme populations.
Dossier : Romain Latournerie
REPèRES
Un atout touristique L'île Maurice, le Mozambique, l'Afrique du sud, l'Australie, la Polynésie, les Bahamas... De très nombreux pays ont choisi de transformer le risque requin en un véritable atout touristique. Les plongées en cage ou en eau libre attirent de très nombreux visiteurs en mal de sensations fortes. Certains commencent en revanche à faire machine arrière. Le "shark feeding" notamment est largement décrié. Le fait de nourrir à la main ou d'appâter les squales pourrait avoir des conséquences extrêmement néfastes. La Floride l'a ainsi interdit depuis 2004.
Le traumastisme Thalassa En juin 2005, France 3 diffuse un reportage intitulé "Escale à la Réunion". Et glisse au milieu de l'émission un sujet consacré aux requins. Conséquence : pour beaucoup, l'île est présentée comme une île dangereuse. Les professionnels du tourisme sont révoltés, et bon nombre de réunionnais avec eux. Quatre ans après, cet écueil est resté dans les mémoires, au risque de ne plus vouloir aborder du tout le sujet.
Sur internet Pour prolonger le débat et améliorer votre connaissance sur les requins dans l'océan Indien, plusieurs sites internet proposent des informations fiables et intéressantes. Citons notamment le site www.squalidees.com de Fanch Landron et Gery Van Grevelynghe ou celui de Mayshark, www.mayshark.org.