





La plage du Tremblet devait lui manquer. Pas très scientifique comme explication mais c'est la seule qu'on ait pour l'instant depuis que l'éléphant de mer a signé son retour dans le Sud sauvage. C'était hier matin, à l'aube. Notre visiteur somnolait tranquillement sur la plage de sable noir née de l'éruption du piton de la Fournaise d'avril 2007 dans le Grand-Brûlé lorsqu'un pêcheur local aperçoit le premier l'animal.
LES SCIENTIFIQUES AUX AGUETS
Aussitôt, il appelle Honoré Dumont, un habitué des lieux qui s'était déjà pris d'affection pour l'éléphant de mer lors de sa première visite, qui remonte à juin 2008. "En longeant le bord de mer, je suis tombé dessus. Il était visiblement en train de dormir et dès que je me suis approché il a reculé vers l'océan pour disparaître dans les vagues", explique celui qui l'avait observé sous tous les angles l'an dernier. Ce retour précoce par rapport à l'an dernier suffit à raviver la curiosité qu'il avait suscitée lors de sa première visite. Pour les scientifiques qui n'ont pas encore eu l'occasion de voir la bête, passé l'excitation, c'est le mystère de la présence d'un tel animal si loin de ses bases qui refait surface avec cette question : s'agit-il du même éléphant de mer que celui observé en août 2008 ou a-t-on affaire à un autre spécimen qui aurait à son tour craqué pour la plage du Tremblet ? "Nous ne sommes pas sûrs qu'il s'agisse du même éléphant de mer car il n'a pas pu être observé assez mais d'après les descriptions que les témoins en ont faites, il y a de sérieuses ressemblances, reconnaît Violaine Dulau, cétologue et membre de Globice. L'éléphant mesurerait dans les deux mètres, pèserait peut-être une tonne et serait dépourvu de trompe ce qui laisse penser qu'il s'agit d'un jeune sans pouvoir déterminer son sexe. L'association a d'ailleurs prévu d'envoyer une équipe sur place en fin de semaine pour observer l'animal si celui-ci daigne refaire une apparition. Le réseau échouage sera lui aussi mis en alerte. La présence du mammifère marin solitaire qui vit habituellement en colonie dans les îles Kerguelen reste toutefois inexpliquée. Car si l'animal est capable de parcourir plusieurs milliers de kilomètres sans toucher terre dans des eaux glacées, sa présence sous des latitudes subtropicales reste un fait exceptionnel. "L'éléphant de mer obéit à plusieurs cycles et habituellement il commence sa migration pendant l'hiver austral vers le mois de septembre", précise Violaine Dulau. Notre visiteur aurait donc un peu d'avance...
Pierre Verrière
Il est ici chez lui
Même s'il ne s'agit pas du même spécimen que celui observé en août 2008, l'éléphant de mer du Tremblet est ici chez lui. En dépit de l'intérêt que cette visite peut susciter, il faut se montrer respectueux à son égard. Comme les baleines, les éléphants de mer sont des animaux sauvages. Très peu habitués au contact des humains, ils doivent être approchés avec la plus grande prudence. Les scientifiques insistent d'ailleurs sur la nécessité de ne pas stresser l'animal. Inutile de préciser qu'un safari sauvage n'aurait pour que conséquence que de faire fuir celui qui nous donne peut-être une deuxième chance d'en savoir un peu plus sur lui. L'an dernier, les scientifiques l'avaient d'ailleurs laissé vivre sa vie. Rien à voir avec la chaîne de solidarité qui s'était tissée autour d'un autre éléphant de mer, baptisé Cyril, qui avait opté pour les plages mauriciennes en 2006. Il avait finalement été ramené aux Kerguelen - peut-être contre son gré d'ailleurs, qui sait ? Rien de tel n'avait été imaginé pour l'éléphant du Tremblet, finalement reparti comme il était venu. Gageons qu'il en fasse de même une nouvelle fois, mais pas trop vite. L'an dernier, il avait été aperçu pour la dernière fois en octobre...
Malcolm de Chazal (1902-1981), est né à Vacoas, à l'île Maurice. Ingénieur sucrier de formation, il se tourne assez vite vers l'écriture et la peinture. Admiré par André Breton, les surréalistes, Jean Paulhan, Leopold Sedar Senghor et Georges Bataille, il a été influencé par Jules Hermann (l'inventeur de la Lémurie) et a influencé JMG Le Clézio. Pétrusmok raconte la recherche des traces laissées par les Lémuriens. Son écriture est d'inspiration panthéiste et son œuvre essaie de combiner traditions ésotériques et symbolistes. Célibataire, sans famille, sans maison, anticonformiste, il passait dit-on des journées entières enfermé dans un hôtel de Port-Louis pour se vouer tout entier à l'art. A la fin de sa vie, il se considérait spirituellement très proche de l'hindouisme. Il repose au cimetière de Phoenix.
Artiste atypique, génial, incompris de ses compatriotes, il a cherché une communion totale entre l'homme et la nature et l'humanisation de tout ce qui compose l'univers. Sa peinture est explosion de couleurs, exaltation poétique, expressionniste, sensuelle avant d'être référentielle. Le Blue Penny Museum de Port-Louis lui a rendu hommage en septembre/novembre 2002 par l'exposition « Chazal ou l'innocence ». Les reproductions viennent du n°33 de ISLANDER (novembre 2002-janv 2003), la revue de Air Mauritius.
Il commence tout juste à être reconnu. On parle de lui consacrer un musée, mais pour l'instant, il a une rue à Port-Louis : la rue Malcolm de Chazal, où chaque lampadaire porte un aphorisme de l'artiste :
La femme nous rend poète ; l'enfant nous rend philosophe.
Le véritable poète est celui dont le cerveau est une lyre entre les mains du cervelet.
L'œil est la plus belle salle de rendez-vous.
Dormir à deux rend la nuit moins opaque.
Le soleil c'est le communisme intégral, sauf dans les villes où le soleil est propriété privée.
La graine est le sac à main des plantes.
Bibliographie :
Sens plastique (1948)
Sens magique (1957)
Petrusmok (1958)
Poèmes (1968)
Sens unique (1974)
Lecteur, quand tu dépasseras le « pont en fer » à Phoenix, sur la route asphaltée, murée de cannes à sucre, qui mène à Port-Louis, de Curepipe-l'ensevelie-sous les brumes, - regarde à gauche intensément, puis détache ton regard comme pour vouloir mystifier le monde - regarde en visionnaire, et tu verras ceci.
Sous l'œil impressionniste, un majestueux visage se détache en profil sur la pierre coupante, du côté aigu de la grande tranche du Corps-de-Garde qui donne vers l'Ouest. L'autre versant abrupt est muet. Seul un temple hindou fleurit sur ses pentes.
Ce visage est plat et large, malgré l'aigu du profil dominateur. Le front mange le ciel. Le menton accroche comme une épée. Et seul le buste paraît. Tu peux le voir à mi-poitrine.
Ce matin, je regardais ce visage, et voilà tout d'un coup que je ne fus plus. L'illumination m'avait saisi, et je passais au-delà de moi-même. Je suis maintenant dans le sarcophage du Corps-de-Garde, tombeau abritant le dieu Tot.
Et je vécus le sommeil de pierre.
Ce côté ouest de nos montagnes, - la Chaîne des Trois-mamelles, le Piton du Rempart, le Corps-de-Garde - fait le saint des saints de la Chrétienté Occidentale Prophétique.
Si j'ai vu Moïse ici, les « autres » doivent être là, les Très-Saints. Car Moïse préfigure.
Petrusmok, Malcolm de Chazal
Les baleines sont là
CLICANOO.COM | Publié le 26 mai 2009
Elles sont arrivées. Fidèles au rendez-vous, les baleines à bosse font leur retour le long de nos côtes avec quelques jours d'avance sur la saison 2008. Le premier spécimen a été observé hier matin au large de Saint-Gilles.
http://www.clicanoo.com/index.php?id_article=210913&page=article
Amateurs et spécialistes guettaient leur arrivée depuis quelques semaines déjà. Cette fois, c'est fait, les baleines sont là, à l'heure comme chaque année. Le premier spécimen s'est même offert quatre jours d'avance puisque la première observation en 2008 avait été faite le 29 mai. Hier matin, c'est le bateau Dauphin Safari qui a identifié sans difficulté l'animal au large de Saint-Gilles vers 10h30, à 1 500 nautiques, face aux Roches noires. Et ce, pour le plus grand bonheur des touristes à bord. "Le groupe présent sur le bateau a pu voir le dos de la baleine pendant une bonne vingtaine de minutes", rapporte Laurence Delvechio, directrice de la flotte touristique Croisières et découvertes. "Personne ne s'y attendait. La surprise n'en a été que plus extraordinaire". L'an dernier, la société avait dû patienter jusqu'au 6 juillet pour offrir un tel spectacle à ses clients. Une bonne vingtaine de minutes donc en surface et la pionnière a repris quelque peu le large en quête certainement de tranquillité. "Nous avons eu l'information effectivement et puis un pêcheur nous l'a signalée à son tour" confirme Virginie Boucaud pour l'association Globice. L'équipe de l'observatoire est aussitôt partie en mer dans l'espoir de la retrouver. En vain. "On les cherchait depuis le début du mois. Plusieurs fois, nous avons eu des signalements erronés, notamment un cachalot en baie de Saint-Paul mardi dernier, mais là, l'observation est sûre, il s'agit bien d'une baleine à bosse".
REPÉRÉES AUX SEYCHELLES ET À MAYOTTE
D'autres spécimens ont été reperés aux Seychelles et à Mayotte ces derniers jours, selon Globice, ce qui vient confirmer leur retour dans l'Océan indien. "Attention, ça ne veut pas dire qu'il va y en avoir partout tout le temps" : l'observatoire rappelle que leur arrivée sera progressive. Du côté de l'Observatoire marin de la Réunion, cette fois, on estime que les cétacés arrivent de plus en plus tôt chaque année. "En huit ans, elles ont avancé leur arrivée de près trois semaines. En 2001, c'était le 17 juin, en 2007 et 2008 autour du 29 mai". Mickaël Rard ne se hasarde pas pour autant à une explication. "Peut-on y voir le résultat d'un changement climatique ? Il est bien trop tôt pour le dire et nous n'avons pas assez de données pour envisager une réponse". À l'heure ou en avance, la saison démarre quoi qu'il en soit avec cette première observation. Les baleines nageront désormais dans nos eaux jusqu'au mois de septembre. Seule incertitude : leur nombre. Le cru exceptionnel de 2008 reste dans les esprits mais il est encore bien trop tôt pour prédire un tel festival cette année. À vos jumelles
R. Lt. avec V.B.
Si vous apercevez des baleines, vous pouvez contacter Globice au 0692651471 ou l'Omar au 0692249228.
Les règles d'approche remodelées
Des approches musclées et massives des baleines à bosse ont émaillé la saison 2008. Ces cétacés, même s'ils sont placides et curieux, restent sauvages. Leurs réactions sont imprévisibles et leur "carrure" incite à la prudence. Pour éviter une réglementation trop restrictive, le Syndicat professionnel des activités de loisirs (Sypral) a lancé la mise en place d'une charte fixant les règles d'approches pour tous les usagers (plaisanciers, professionnels, baigneurs...). Le whale watching n'étant pas incompatible avec la préservation des mammifères marins. Le Globice a travaillé avec eux. Une nouvelle proposition, reprenant largement la charte lancée il y a quelques années par l'association, est en cours de validation auprès des services de l'État. Cette nouvelle mouture devrait être présentée avant le 15 juin. En voici les grandes lignes, même si des ajustements sont encore possibles. En bateau : ralentir la vitesse (3 à 4 nœuds) ; analyser leur direction, leur nombre, la présence de baleineaux ou pas ; approcher très lentement par l'arrière et rester à bonne distance (100 m). À aucun moment, il ne faut séparer les groupes de baleines, encore moins les mères de leurs baleineaux. Veiller à ce qu'il n'y a pas plus de trois embarcations autour des baleines. Ce chiffre pourrait être porté à cinq avec une limite de temps de 30 minutes. Il faut par ailleurs s'éloigner doucement au moins jusqu'à 300 m. Par les airs : Il faut rester à 300 m d'altitude au minimum. Approcher silencieusement. Dans l'eau : Il ne faut pas approcher à moins de 30 m et surtout éviter tout contact.
LANGUE
C'est pendant la période française, de 1721 à 1810, que le français et le créole mauricien s'imposent à l'Isle-de-France. Les quelques centaines d'esclaves ouest-africains et malgaches qui arrivent pendant tout le XVIIIè siècle doivent, pour communiquer entre eux et avec les francophones, utiliser un pidgin dont on trouve des traces dans Voyage à l'Isle de France de Bernardin de Saint-Pierre (1769). A partir de 1834, arrivent les premiers engagés, en provenance de plusieurs régions de l'Inde. En 1871, il y a à Maurice 100 000 habitants originaires d'Afrique, et 216 000 habitants originaires de l'Inde. Un bhojpuri unifié va se dégager peu à peu pour assurer la communication entre les différents groupes indiens (bengali, penjabi, tamoul, hindi, télégu, urdu, marathi, sanscrit etc.). Enfin, les chinois apportent 3 langues : le mandarin, le cantonais et le hakka parlés par 10 000 chinois environ aujourd'hui.
La langue parlée par toutes les communautés ethniques et sociales, c'est le créole mauricien, langue orale peu écrite et proche du français (mais pas autant que le créole rodriguais). Tout ce qui est administratif s'écrit en anglais : une des langues les moins parlées est la langue officielle. La presse est essentiellement en français (avec parfois des tournures anglaises et des phrases créoles).
Un peu de créole mauricien :
zardin = jardin
manzé = manger
sapé = avoir de la chance
gazet = journal
plim = stylo
si ou plé = s'il vous plaît
ki manière ? = comment ça va ?
Missié = monsieur
kot sa ? = où est-ce ?
li ser = c'est cher
li bon = c'est bon
li mari bon = c'est très bon
li mauvais bon = c'est top
péna problèm = pas de problème
ki lère là ? = quelle heure est-il ?
fer so = il fait chaud
kot nou été ? = où sommes-nous ?
mo content toi = je t'aime
salam = au revoir
mo pé alé = je m'en vais
azordi = aujourd'hui
dimin = demain
ene coki = un coquillage
bazar = le marché
doctère = médecin
korek : d'accord
o plésir : à bientôt
disel : sel
dité : thé
diri : riz
disik : sucre
dizef : oeuf
LITTERATURE
J'ai parlé de Paul et Virginie le 17 mai (maurice 2), mais bien évidemment, je reparlerai de Bernardin de Saint-Pierre. Je visiterai les salles qui lui sont dédiées au rez-de-chaussée du Blue Penny Museum à Port-Louis, dès que possible. Je lirai Une île où séduire Virginie de Jean-François Samlong (décembre 2007, L'Harmattan) et Bernardin de Saint-Pierre, Voyages à l'île Maurice et la Réunion, textes rassemblés et présentés par Elisabeth Audoin, Magellan et Cie 2004. Surtout un colloque est consacré à Bernardin de Saint-Pierre à Saint-Denis et à Saint-Pierre fin 2009 :
http://calenda.revues.org/nouvelle10082.html
Voici un commentaire qu'Euphrasie-Framboise, qui connaît bien la littérature mauricienne et qui sera d'ailleurs présente à un colloque consacré à cette littérature le mois prochain, n'a pas pu déposer dans le blog pour des raisons mystérieuses. Le titre de ce colloque est "la culture de l'Ile Maurice, entre mots et images" 25-28 juin, il y a 2 communications sur Chazal, dont une de la Louisiana State university :
« site très utile pour tous ceux qui s'intéressent à la socio-linguistico-géo-politique etc de Maurice, celui de l'université de Laval à Québec : www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/maurice.htm Personne ne vous renseignera mieux, et ça change des sites pour touristes ... La littérature mauricienne francophone est très vivante mais trouve peu d'éditeurs, d'où la nécessité de passer par Paris et d'être finalement mieux lus ailleurs que dans son pays. En tous cas il y a des auteurs et des gens qui s'efforcent de faire vivre des revues et des éditions. Je joins une biblio et la recommandation express pour mieux comprendre ce que tu signales, la fracture sociale et les conflits larvés entre religions de lire : Blue Bay Palace de Natacha Appanah, Gallimard, 2004. En lisant les auteurs comme Ananda Devi, Shenaz Patel, Natacha Appanah, on ressentira la violence des relations humaines qui couvent sous la fameuse douceur paradisiaque, mais comme on le devine dès qu'on fait un pas hors du ghetto-pied-dans l'eau, le paradis n'est pas pour tout le monde !
Ile Maurice
Oeuvres littéraires contemporaines :
APPANAH Natacha Le dernier frère, Editions de l'Olivier, 2007
APPANAH Natacha, Blue Bay Palace, Gallimard, coll. Continents noirs, 2004
APPANAH Natacha, Les rochers de poudre d'or, Gallimard, Folio n°4338, 2003
DE SOUZA Carl, Le sang de l'Anglais, Seuil/ L'olivier, 1993
DE SOUZA Carl, Ceux qu'on jette à la mer, Seuil/ L'olivier, 2001
DEVI Ananda, Eve, de ses décombres, Gallimard, 2006
DEVI Ananda, La vie de Josephin le fou, Gallimard, 2003
DEVI Ananda, Indian tango, Gallimard, 2007
PATEL Shenaz, Portrait Chamarel, Grand Océan, 2001 (réédité récemment à Maurice)
PATEL Shenaz Sensitive éditions de l'Olivier/Seuil, 2003
PATEL Shenaz, Le silence des Chagos, éditions de l'Olivier/Seuil, 2005
PATEL Shenaz, Vinod RUGHOONUNDUM, Ananda DEVI, Sailesh RAMCHURN, Bertrand de ROBILLARD, Nouvelles de l'île Maurice, Miniatures, Magellan & cie, 2007
PYAOOTOO, Barlen, Bénarès, éditions de l'Olivier, 1999
PYAOOTOO, Barlen, Le tour de Babylone, éditions de l'Olivier/Seuil, 2002
Ajoutons JMG Le CLEZIO :
Le CLEZIO JMG La quarantaine
Le CLEZIO JMG Le chercheur d'or
Le CLEZIO JMG Le voyage à Rodrigues
ESSAI : BAGGIONI, Daniel et Didier de ROBILLARD. Île Maurice, une francophonie paradoxale, Paris, L'Harmattan, Espace Francophone, 1990.
http://www.forinterieur.com/ : voir dans « Océan Indien » : analyse des trois romans de Shenaz Patel.
Enfin, n'oublions pas les écrivains qui sont passés par Maurice et que Maurice n'oublie pas : Baudelaire, Alexandre Dumas (un timbre à son effigie est actuellement en vente), Joseph Conrad (Fortune, Entre terre et mer), Paul-Jean Toulet. Sans oublier JMG Le Clézio et Malcolm de Chazal, mais eux ont droit, comme Bernardin, à des articles spécifiques.
Douce plage où naquit mon âme
Et toi, savane en fleurs
Que l'océan trempe de pleurs
Et le soleil de flammes ;
Douce aux ramiers, douce aux amants
Toi de qui la ramure
Nous charmait d'ombre et de murmure,
Et de roucoulements ;
Où j'écoute frémir encore
Un aveu tendre et fier
Tandis qu'au loin riait la mer
Sur le corail sonore
Contrerimes, 1921, Paul Jean Toulet
Le Jardin de Pamplemousses se trouve à 11 kms au nord-est de Port-Louis. Dans Paul et Virginie, c'est le « Quartier de Pamplemousses ». A l'origine, c'était une demeure nommée « Mon Plaisir » et un potager créé par Mahé de la Bourdonnais, qui étaient devenus la résidence officielle des Gouverneurs. Poivre lui donna encore plus d'ampleur. Ce Jardin s'étend sur 26ha et c'est un vrai conservatoire des plantes tropicales, même des plus rares. On y trouve 80 variétés de palmiers par exemple : le palmier-bambou ou palmier-multipliant, le palmier-bouteille (qui tire son nom de la forme de son tronc), le palmier patte d'éléphant (idem), le palmier-crocodile (appelé palmier-lacoste à Maurice), le palmier-oursin, le palmier-latanier (toujours un mâle et une femelle face à face!), le palmier-splendide, le palmier-salade de millionnaire, l'arbre du voyageur, les talipots, les palmiers royaux.
ficus
Baudelaire l'a visité en 1841, Conrad en 1888, JMG Le Clezio et un grand nombre de chefs d'Etat, de reines ou de Premiers ministres : la Duchesse de Cornouailles (1901), Queen Elizabeth (1927), Princess Margaret, Indira Gandhi, Mitterrand (1990), Nelson Mandela (1998), Ravalomanana (2005) etc. Chacun d'eux est associé à un arbre.
ce fruit, le citrus grandis, ressemble beaucoup au pamplemousse que nous connaissons, mais il est amer et sa peau est épaisse ; introduit de Java par les Hollandais, il a donné son nom au Jardin
ancien moulin à sucre
les cylindres étaient actionnés par deux boeufs
Sur le côté oriental de la montagne qui s'élève derrière le Port-Louis de l'île de France, on voit, dans un terrain jadis cultivé, les ruines de deux petites cabanes. Elles sont situées presque au milieu d'un bassin formé par de grands rochers, qui n'a qu'une seule ouverture tournée au Nord. On aperçoit à gauche la montagne appelée le morne de la Découverte, d'où l'on signale les vaisseaux qui abordent dans l'île, et au bas de cette montagne la ville nommée le Port-Louis ; à droite, le chemin qui mène du Port-Louis au quartier des Pamplemousses ; ensuite l'église de ce nom, qui s'élève avec ses avenues de bambous au milieu d'une grande plaine ; et plus loin une forêt qui s'étend jusqu'aux extrémités de l'île. On distingue devant soi, sur les bords de la mer, la baie du Tombeau ; un peu sur la droite, le cap Malheureux ; et au-delà, la pleine mer, où paraissent à fleur d'eau quelques îlots inhabités, entre autres le coin de Mire, qui ressemble à un bastion au milieu des flots.
À l'entrée de ce bassin, d'où l'on découvre tant d'objets, les échos de la montagne répètent sans cesse le bruit des vents qui agitent les forêts voisines, et le fracas des vagues qui bisent au loin sur les récifs; mais au pied même des cabanes on n'entend plus aucun bruit, et on ne voit autour de soi que de grands rochers escarpés comme des murailles. Des bouquets d'arbres croissent à leurs bases, dans leurs fentes, et jusque sur leurs cimes, où s'arrêtent les nuages. Les pluies que leurs pitons attirent peignent souvent les couleurs de l'arc-en-ciel sur leurs flancs verts et bruns, et entretiennent à leurs pieds les sources dont se forme la petite rivière des Lataniers. Un grand silence règne dans leur enceinte, où tout est paisible, l'air, les eaux et la lumière. À peine l'écho y répète le murmure des palmistes qui croissent sur leurs plateaux élevés, et dont on voit les longues flèches toujours balancées par les vents. Un jour doux éclaire le fond de ce bassin, où le soleil ne luit qu'à midi ; mais dès l'aurore ses rayons en frappent le couronnement, dont les pics s'élevant au-dessus des ombres de la montagne paraissent d'or et de pourpre sur l'azur des cieux.
J'aimais à me rendre dans ce lieu où l'on jouit à la fois d'une vue immense et d'une solitude profonde. Un jour que j'étais assis au pied de ces cabanes, et que j'en considérais les ruines, un homme déjà sur l'âge vint à passer aux environs. Il était, suivant la coutume des anciens habitants, en petite veste et en long caleçon. Il marchait nu-pieds, et s'appuyait sur un bâton de bois d'ébène. Ses cheveux étaient tout blancs, et sa physionomie noble et simple. Je le saluai avec respect. Il me rendit mon salut, et m'ayant considéré un moment, il s'approcha de moi, et vint se reposer sur le tertre où j'étais assis. Excité par cette marque de confiance, je lui adressai la parole : " Mon père, lui dis-je, pourriez-vous m'apprendre à qui ont appartenu ces deux cabanes ?" Il me répondit: " Mon fils, ces masures et ce terrain inculte étaient habités, il y a environ vingt ans, par deux familles qui y avaient trouvé le bonheur.
Leur histoire est touchante : mais dans cette île, située sur la route des Indes, quel Européen peut s'intéresser au sort de quelques particuliers obscurs? Qui voudrait même y vivre heureux, mais pauvre et ignoré? Les hommes ne veulent connaître que l'histoire des grands et des rois, qui ne sert à personne. "Environnement
Les baleines aux portes de La Réunion
CLICANOO.COM | Publié le 16 mai 2009
Sur les pontons, l'excitation gagne peu à peu. Les premières baleines de la saison 2009 ne devraient plus tarder si leur horloge biologique n'a pas pris un coup. Les véritables stars de l'hiver austral sont attendues comme d'habitude d'ici la fin du mois, voire début juin. Et tout le monde espère une saison aussi exceptionnelle que la précédente.
http://www.clicanoo.com/index.php?id_article=210171&page=article
Pas d'inquiétude ! Les baleines à bosse ne devraient pas faillir au rendez-vous annuel avec les eaux réunionnaises. D'ailleurs, quelques signalements encore lointains ont été faits par des pêcheurs dans le canal du Mozambique. Non, nos cétacés préférés, véritables stars de l'hiver austral sont déjà en route. Le parcours de 6 000 km qui sépare l'Antarctique et les eaux tièdes des Mascareignes est déjà bien entamé. En tout cas pour les premières. Rappelons que ce sont généralement les baleines fécondées qui arrivent en tête. Et pour cause, après onze à douze mois de gestation, elles arrivent au terme de leur grossesse. La baleine, animal à sang chaud, ne peut donner naissance dans les eaux glaciales (- 4 degrés) de l'Antarctique. Le baleineau, par ailleurs assez pataud les premiers temps, ne mesure qu'entre 4 et 5 m pour un poids avoisinant une tonne. Les mères les portent pour remonter. C'est une des raisons de cette migration vers nos côtes. L'autre est l'accouplement. D'ailleurs, les groupes "actifs" - plusieurs mâles tentant de gagner les faveurs d'une femelle - ont largement été observés l'année dernière à La Réunion. Une année 2008 qui restera dans les annales. Impossible de passer à côté du spectacle offert par ces cétacés. À moins d'être planqué dans le cratère Dolomieu ou au fin fond de Mafate, les observations étaient plus que quotidiennes. Elles se sont même invitées au Sakifo ! Le Groupe local d'observation des cétacés (Globice), créé en 2001, a explosé les précédents records enregistrés. L'association a noté, au cours de 118 sorties, 160 observations (de 1 à 10 baleines). C'est l'équivalent de 377 individus... Entre deux et trois fois plus qu'en 2007. Or, 2007 était déjà considérée comme une très bonne année.
Pourvu que 2009 ressemble à 2008...
Et, si au niveau mondial la population de baleines à bosse a augmenté de 10 % selon l'Union internationale pour la conservation de la nature, ce n'est pas le seul facteur expliquant autant de spécimens dans nos eaux. Mais "Pour l'heure, explique Violaine Dulau, cétologue du Globice, la migration des baleines dans une île plutôt qu'une autre de l'océan Indien reste un mystère". Et tout le monde espère une saison aussi exceptionnelle que celle de 2008. Les opérateurs des loisirs nautiques au premier chef. En 2008, tout le monde voulait s'approcher des cétacés et profiter d'une rencontre privilégiée. Les loueurs de bateaux mais aussi les clubs de plongée et même ceux d'ULM ont fait un carton plein. Il faut dire qu'outre de nombreuses baleines, la mer a été d'un calme olympien offrant de belles fenêtres météo pour aller à leur rencontre. Seules ombres au tableau de l'hiver 2008, un échouage d'un baleineau mort et surtout une pression importante sur ces cétacés au détriment des plus élémentaires règles de prudence. Les professionnels des loisirs nautiques et aériens, réunis au sein du Syndicat professionnel des activités de loisirs (Sypral), planchent sur une charte pour mettre bon ordre et préserver les cétacés ainsi que leurs activités de whale watching. D'autres sites de l'océan Indien, notamment à Sainte-Marie, surnommée l'île aux baleines, ont bâti une véritable industrie touristique sur les cétacés. La Réunion, différemment sans doute, pourrait également tirer partie de leur présence tout en les protégeant. Et si l'IRT reste frileux à l'heure de surfer sur la vague de l'éco-tourisme, qui grignote des parts de marché chaque année, sur la toile certains se sont déjà lancé. C'est le cas d'Escursia qui propose dès maintenant des voyages pour l'hiver austral dans notre île
Bruno Graignic
Environnement
Petit manuel de biologie
CLICANOO.COM | Publié le 16 mai 2009
La "boss" des baleines à La Réunion La baleine à bosse (megaptera novaengliae) est la plus commune dans nos eaux. Son surnom lui vient de ses petites bosses sur la tête ou de sa façon de cambrer le dos lorsqu'elle inspire en surface. Elle a le dos bleu foncé, un petit aileron dorsal. Son ventre est blanc.
Ce n'est pourtant pas la seule baleine du "coin". À La Réunion, on a déjà observé une baleine franche australe (Eubalaeana australis). Des rorquals ont également été signalés au large ainsi que des cachalots nains (Kogia simus) et des grands cachalots (Physeter macrocephalus). Et ce n'est pas la liste complète.
Attention taille XXL
Le baleineau d'un mégaptère peut atteindre les 4 m et pesait une toute "petite" tonne. Les premiers jours, il doit compter sur l'aide de sa mère pour remonter à la surface respirer. Pendant un an, il sera choyé par la mère, aidée de "tantes" ou "d'escortes". Ces dernières sont d'autres femelles qui n'ont pas de fonction de reproduction à ce moment et qui aident à leur défense. À l'âge adulte, cette espèce peut atteindre de 14 à 19 m de long et peser 40 tonnes...
Au régime sec
Lorsque les baleines croisent dans nos eaux, elles sont au régime. Et pour cause, leur nourriture, qui se compose essentiellement de krill se trouve dans les eaux antarctiques. Les baleines absorbent ces organismes en filtrant l'eau de mer avec leurs fanons. Ce régime forcé ne concerne évidemment pas les baleineaux. Ces derniers peuvent ingurgiter environ 300 litres de lait par jour...
Le chant des baleines
De nombreux groupes actifs (entre 8 et 10 mâles autour d'une femelle) ont été observés à La Réunion. Les "messieurs" tapent et réalisent des acrobaties pour faire tomber dans leurs filets une conquête. Ils utilisent également le chant, que l'on peut entendre régulièrement en plongée. Il est constitué de séquences structurées et harmonieuses. Selon certaines hypothèses scientifiques, les versions diffèrent entre régions, entre troupeaux et même d'une année sur l'autre au sein d'un même groupe.
Jamais observée au monde
Jamais à travers le monde, il n'a été possible d'assister à une naissance. À La Réunion, les observations de très jeunes baleineaux confirment l'un des objectifs de cette migration. En revanche, des membres du Globice ont déjà assisté à un allaitement.
Des prédateurs aux aguets
Les baleines se réfugient près des côtes pour éviter les attaques de prédateurs. Les orques et les requins (surtout ces derniers dans nos eaux) n'hésitent pas à croquer les baleineaux. En 2008, un groupe de requins avait eu raison d'un petit qui s'était échoué à La Possession.
Bizarre, bizarre...
Malgré les certitudes, des baleines tardives ont été observées au large de La Réunion en décembre. Mieux, en février dernier aussi. Tout part en quenouille, même dans la biologie des cétacés... la faute au dérèglement climatique ?
B.G.
Environnement
Le Globice sur le pont
CLICANOO.COM | Publié le 16 mai 2009
La "chasse" à la baleine, sans harpon ni frigo congélateur, va commencer dans quelques jours pour le Globice. Armés d'hydrophones, appareils photos et beaucoup de patience, les bénévoles attaquent les mois les plus chargés de leur agenda maritime.
L'association, agréée d'utilité publique et créée en 2001, bénéficie de plusieurs bateaux privés disséminés un peu partout dans l'île. Et désormais, d'un navire pouvant partir de Sainte-Marie. C'est la Diren qui finance une partie des sorties en mer et, une fois par semaine pendant la saison, c'est avec la Brigade nature océan Indien (BNOI) qu'une patrouille est prévue. En 2008, Globice a réalisé 118 sorties, soit une tous les deux jours. Ce n'est pas "uniquement" pour le plaisir. L'objectif est de figer la caudale des spécimens observés. Véritables empreintes digitales des baleines, celles-ci permettent de ficher tous les individus dans un fichier. Les comparaisons sont ensuite réalisées d'une année sur l'autre pour percer un pan du mystère des cétacés. En effet, pour l'heure, aucune baleine n'a été identifiée deux fois de suite. "À Mayotte et Madagascar, le taux de recaptures est extrêmement faible", signale Violaine Dulau, cétologue de l'association. Ce qui ne permet pas de déterminer si les baleines ont pour habitude de revenir dans la même île des Mascareignes. Idem entre pays de la zone. Pour l'heure, les identifications n'ont pas été croisées. Cela devrait être rapidement fait. En effet, sous l'égide de la Commission océan Indien (France, Maurice, Seychelles, Comores et Madagascar), un catalogue photographique permettant de centraliser les données de ces différents pays, mis en ligne, sécurisé et alimenté par des référents doit voir le jour sous peu.
Un catalogue pour baleines
Il réunira les environ 2 000 photo-identifications, dont les 130 du Globice, existant déjà dans les cinq pays de la COI. Et si les baleines à bosse sont les pionnières, ce projet de base de données prévoit de cataloguer à terme tous les autres mammifères marins. Outre cet outil, cette année le Globice prévoit d'enregistrer les chants des baleines de la zone. Là aussi, "Une comparaison au niveau régional permettra de déterminer si les baleines réunionnaises font partie de la même population que celles de Madagascar ou Mayotte", souligne la scientifique. Autant de champs du cycle de vie de ces cétacés encore sans réponse aujourd'hui
B.G.
Les règles d'approche sur le gril
La réflexion et la proposition du Sypral sur les règles d'approches ont été validées par le Globice. L'association avait, elle-même, édité il y a déjà plusieurs années une plaquette rappelant les mesures de prudence. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'animaux sauvages imprévisibles et doté d'un gabarit géant. La Diren, qui doit financer l'impression de nouvelles plaquettes dans les semaines à venir, travaille également sur la question. Des règles concernant l'ensemble des cétacés pourraient intégrer notamment le balisage de la réserve marine. Le Sypral de son côté souhaite élargir la concertation à tous les usagers de la mer, notamment les plaisanciers, mais aussi aux services de l'État. S'il risque d'y avoir de légères modifications, l'essentiel des règles de prudence est le suivant. En bateau : ralentir la vitesse (3 à 4 nœuds) ; analyser leur direction, leur nombre, la présence de baleineaux ou pas ; approcher très lentement par l'arrière et rester à bonne distance (100 m). À aucun moment, il ne faut séparer les groupes de baleines, encore moins les mères de leurs baleineaux. Veiller à ce qu'il n'y a pas plus de trois embarcations autour des baleines. Ce chiffre vient d'être porté à cinq. Il faut par ailleurs s'éloigner doucement au moins jusqu'à 300 m. Par les airs : Il faut rester à 300 m d'altitude au minimum. Approcher silencieusement. Dans l'eau : Il ne faut pas approcher à moins de 30 m et surtout éviter tout contact.
Le syndicat des professionnels des activités de loisirs et le Globice proposeront bientôt une charte d'approche des cétacés, afin d'éviter les comportements dangereux, bateaux et nageurs se trouvant souvent très proches d'eux. (Photo Raphaël Ortscheidt)
16/05/09 - Valérie GOULAN
La saison des baleines se profile. Pour la préparer dans les meilleures conditions, le Sypral et Globice travaillent à l'élaboration d'une charte d'approche des cétacés.
De part leur taille et le volume d'eau qu'elles déplacent, les baleines, bien que souvent paisibles restent des animaux sauvages, imprévisibles et dangereux.
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photos 6, 7 et 8 : JIR/Clicanoo